L’Auto Union Typ C Stromlinie de 1937 est une véritable œuvre d’art. Sa forme aérodynamique a suscité une véritable sensation à l’époque. Après la guerre, les courbes de cette voiture ont même inspiré la conception de voitures de production. Il faut dire que cette Auto Union avait été spécialement conçue pour atteindre des vitesses fulgurantes sur le circuit d’Avus, près de Berlin. À l’époque, c’était la piste la plus rapide du monde.
Le Circuit d’Avus : Un Défi de Vitesse
En 1937, le circuit d’Avus devait faire face à la concurrence du Norisring à Nuremberg. Afin de susciter davantage d’attention, le tracé d’Avus a été modifié pour inclure une courbe inclinée à 43°, fabriquée en brique. Cette courbe débouchait directement sur la ligne droite principale, permettant aux voitures d’atteindre une vitesse de près de 400 km/h.
Les Voitures Record de Mercedes-Benz et d’Auto Union
Lors de l’événement principal, les organisateurs ont invité des voitures de record d’Auto Union et de Mercedes-Benz. Les deux constructeurs ont minutieusement développé leurs voitures et ont réalisé de nombreux tests sur le circuit d’Avus avant la course. À l’époque, Avus était le circuit ultime et aussi le plus dangereux. Comme il n’y avait pas de clôture en haut de la courbe, elle a été surnommée le « Mur de la Mort ». Cela n’a pas empêché 18 pilotes courageux de participer à la course, et entre 300 000 et 400 000 personnes ont assisté à la course la plus rapide d’avant-guerre.
Une Course Captivante
La course était divisée en trois manches de sept tours, avec des grilles de départ ne comptant que six ou huit voitures. Quatre voitures streamliners ont participé, deux d’entre elles étant des Mercedes-Benz et les deux autres des Auto Union. Elles ont concouru aux côtés des voitures de Grand Prix de la saison régulière. Naturellement, les streamliners avaient un avantage certain sur les deux longues lignes droites d’Avus, mais les voitures de Grand Prix étaient plus performantes dans les virages. Au départ, Caracciola au volant de la Mercedes et Rosemeyer à bord de l’Auto Union se sont livré une bataille acharnée. Cette bataille a duré jusqu’au dernier tour, où ils étaient côte à côte. Finalement, Caracciola a remporté la victoire avec seulement 0,7 seconde d’avance sur Rosemeyer.
La deuxième manche a été beaucoup plus rapide, avec Brauchitsch et Fagioli aux commandes des streamliners. Fagioli a abandonné en raison de problèmes de transmission, laissant à Brauchitsch et à Mercedes une victoire facile. L’autre streamliner de Mercedes-Benz, piloté par Herman Lang, a connu une défaillance de pneu à grande vitesse, mais Lang a eu la chance de garder la voiture suffisamment droite pour survivre.
La troisième et dernière manche a déterminé le vainqueur final, avec un groupe combiné des deux premières courses. Quatre streamliners étaient en lice, Brauchitsch, Caracciola et Lang du côté de Mercedes, contre Rosemeyer chez Auto Union. Rosemeyer n’avait aucune chance car son V16 ne tournait que sur 13 cylindres, et il était largement en infériorité numérique. Finalement, Lang a remporté l’événement dans son intégralité. Ce serait la seule fois qu’une victoire serait remportée en utilisant toute la piste, car elle a été jugée trop dangereuse pour être répétée en 1938.
L’Héritage de l’Auto Union Stromlinie
En 1937, Auto Union construisait déjà des voitures record aérodynamiques depuis trois ans. Leur première tentative a été réalisée avec un modèle Typ A à queue longue, puis un coupé Rekordwagen Typ Lucca très audacieux a été fabriqué. Auto Union avait peut-être envisagé d’utiliser ces designs pour une course de Grand Prix classique, mais cela ne s’est jamais concrétisé. Un streamliner Typ D a bien été présent lors du Grand Prix de France de 1938 à Reims, mais il a été lourdement endommagé lors des essais. Cette voiture pourrait avoir une queue moins longue que la voiture record illustrée ci-dessus.
Malheureusement, ces voitures ne survivent que dans les photos. Une réplique de la voiture Avus de 1937 a été fabriquée selon les spécifications exactes pour Audi Tradition.
Sources & Lectures Complémentaires:
- Snellman, Leif. « The Golden Era ». www.kolumbus.fi/leif.snellman/.
- Monkhouse, George. « Mercedes-Benz Grand Prix Racing 1934-1955 ». White Mouse Editions.
