4 conseils pour bien gérer l’appel d’un chasseur de tête

4 conseils pour bien gérer l’appel d’un chasseur de tête

« Je suis chassé au minimum une fois par semaine », s’exclame Sami, 28 ans, acheteur dans une grosse entreprise d’ingénierie et de technologies. « Et mon frère, développeur full stack, deux à trois fois par jour ! ». Blasé ? « Non. Plutôt flatté ! ».

Car être démarché par un spécialiste du recrutement, alors qu’on n’a rien fait pour et qu’on est déjà en poste, c’est plutôt valorisant et ça vous met en position de force. « C’est comme si le père Noël venait à vous », illustre Nicolas Thébault, recruteur aguerri et auteur du livre « Un an dans la tête… d’un chasseur de têtes » (éditions Vérone, 2022). Encore faut-il savoir comment l’accueillir.

1. Soyez prêt

Sami a appris à gérer ce genre de sollicitation. « En majorité, on me contacte via Linkedin, et quand on m’appelle, je demande à ce qu’on m’envoie un message… sur Linkedin ! ». Une façon d’échanger plus sereinement, même si le jeune acheteur remarque que ces démarcheurs insistent beaucoup pour discuter de vive voix. « Sans doute pour créer un lien plus fort », déduit-il.

Camille, elle, est « tombée dans le panneau », le jour où elle a décroché son téléphone. « Je pensais que c’était un client et je me retrouve avec un type qui me demande si je suis à l’écoute du marché », se souvient cette account executive de 26 ans. Prise de court, la jeune femme quitte l’open-space pour se réfugier dans… les toilettes ! « Je n’ai pas trouvé plus près, ni mieux pour être seule », avoue-t-elle amusée. « Au final, on a fixé un call à un moment plus cool pour moi ».

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Après, il a fallu gérer la surprise des collègues. « Certains se sont inquiétés de mon départ précipité. Depuis, je ne décroche plus mon téléphone si le numéro qui s’affiche m’est inconnu », déclare Camille, persuadée que si c’est important, le chasseur de tête lui laissera un message.

2. Ne vous emballez pas trop vite

Si la balle est dans votre camp, sachez que vous n’êtes pas le seul en lice. « Un bon recruteur prend contact en moyenne avec une centaine de profils pour en rencontrer dix et en présenter trois au client », indique Nicolas Thébault. Autrement dit, même si vous êtes chassé, le processus de recrutement ne fait que commencer…

Alors, à quoi devez-vous vous attendre lors de ce premier appel ? Elodie Fauconnier, consultante en recrutement chez le Mercato de l’Emploi, présente d’emblée au candidat potentiel « les points positifs et attrayants du poste ». Puis, elle cherche à savoir s’il est « en recherche de nouvelles opportunités, à l’écoute du marché ou juste curieux ».

Parfois, l’approche peut être plus originale. Morgane, 27 ans, chargée de développement commercial dans une start-up de services à la personne, se souvient de cette chasseuse de tête qui lui a décrit l’offre de façon très personnalisée. « Elle m’a dit : je viens vers vous parce que cette compétence que j’ai identifiée dans votre profil correspond à cette partie du poste, telle autre à celle-ci, etc. ». La jeune femme a compris qu’on avait pris le temps d’étudier son profil, que « ce n’était pas un démarchage de masse », comme elle en a souvent l’habitude.

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3. Restez poli et pro

« Prenez l’appel positivement, réservez au recruteur un bon accueil et faites preuve de curiosité et d’ouverture, même si vous n’êtes pas en recherche active », conseille Pierre Lacazedieu, co-fondateur du cabinet de conseil WISE RH.

Soyez aussi respectueux et utilisez un ton professionnel. « Il m’est déjà arrivé qu’on me tutoie ou qu’on m’adresse un salut », indique la consultante Elodie Fauconnier. Une familiarité peu appréciée.

Enfin, posez les bonnes questions en adéquation avec vos propres objectifs professionnels. « Demandez le nom de l’entreprise qui recrute, son secteur d’activité, son ADN, ses valeurs », énumère Pierre Lacazedieu. « Et évitez de parler tout de suite de rémunération », insiste-t-il.

Une erreur assez répandue. Nicolas Thébault confirme que la question du salaire est posée dans la moitié des cas. « Si vous raisonnez comme cela, ne prêtez attention qu’aux petites annonces, dont on connaît le rendement », tacle ce chasseur de tête.

Sami dit ne pas vouloir changer de job « sans un gap salarial » et reconnaît que les recruteurs ne souhaitent pas communiquer d’emblée sur la rémunération. En insistant, certains ont accepté de lui donner une fourchette ou lui assurent que « le package est plus intéressant que celui de l’employeur actuel ».

4. Ménagez-vous une porte de sortie

Vous n’êtes pas intéressé ? « Déclinez poliment la proposition », recommande Pierre Lacazedieu de WISE RH. Sami dégaine toujours la même formule. « Je leur dis que je ne suis pas à l’écoute du marché actuellement, mais que je garde leur contact pour une recherche future ».

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Une bonne stratégie, car les chasseurs de tête peuvent vous aider à manager votre carrière. « C’est un allié potentiel pour la vie, appuie le consultant Nicolas Thébault. Et si en plus vous avez l’ouverture d’esprit de partager vos contacts réseau avec lui, alors vous êtes un champion du monde ».

Morgane, elle, s’en sert surtout comme d’un argument de négociation lors de son entretien annuel d’évaluation. La jeune chargée de développement commercial avoue à son responsable hiérarchique se faire régulièrement chasser. Et lorsque ce dernier lui rétorque que « l’herbe n’est pas souvent plus verte ailleurs », elle saute sur l’occasion pour lui garantir qu’elle ne veut pas quitter l’entreprise, « à condition d’obtenir quelques billets en plus. Et ça marche ! », assure-t-elle avec malice.