La flambée des prix alimentaires, un constat alarmant
En février 2011, les prix des denrées alimentaires ont atteint des niveaux records. Malgré une légère baisse depuis ce pic, l’indice des prix des Nations Unies reste encore 37 % plus élevé qu’en mai 2010. Derrière ces chiffres, se cachent des millions de familles qui luttent quotidiennement pour se nourrir.
Malheureusement, les milliards de dollars promis en 2009 pour lutter contre la faim n’ont pas été débloqués. Lors de la réunion du G20 Agricole la semaine dernière, aucune mesure concrète n’a été mise en place, en particulier pour les populations les plus vulnérables : les petits agriculteurs, les femmes et les enfants.
Le coût des produits de base a atteint de nouveaux records, augmentant de 16 % par rapport à la hausse des prix alimentaires de 2007/2008. Le prix du blé a augmenté de 85 % depuis mai 2010, et celui du maïs de 90 %, atteignant un nouveau record en avril 2011. De plus, les prix alimentaires locaux étaient en moyenne 55 % plus élevés que ceux de mai 2007 dans 58 pays [i].
Les conséquences dramatiques pour les plus vulnérables
Dans des pays comme la Somalie, l’Éthiopie, l’Ouganda et le Kenya, les familles les plus démunies sont contraintes de prendre des mesures drastiques pour survivre. Elles réduisent leur quantité de nourriture, achètent des denrées de moindre qualité ou font des économies sur leurs dépenses de santé essentielles, au détriment de leur bien-être. Dans certains cas, elles doivent même vendre leurs terres ou leur bétail.
Dans des pays particulièrement touchés comme la Somalie, l’Éthiopie, le Kenya ou le Vietnam, certains enfants sont retirés de l’école pour économiser les frais de scolarité et contribuer aux revenus de la famille.
La situation est alarmante. En 2008, la hausse des prix alimentaires a plongé 105 millions de personnes supplémentaires dans la pauvreté [ii]. En Asie, une augmentation de 10 % des prix alimentaires domestiques pourrait faire basculer 64 millions de personnes supplémentaires dans la pauvreté cette année [iii].
5 propositions pour lutter contre la faim dans le monde
Face à cette crise, l’Alliance contre la Faim propose cinq recommandations au groupe de travail du G20 sur le Développement :
- Débloquer et allouer les sommes promises en concentrant les investissements sur les pays les plus vulnérables.
- Mettre en place rapidement des mesures pour aider les enfants et les familles menacés de malnutrition, notamment en fournissant des transferts d’argent, des compléments alimentaires et en promouvant l’allaitement maternel.
- Apporter un soutien à long terme aux petits producteurs et aux personnes marginalisées, afin de les aider à faire face aux chocs et d’améliorer leur productivité et leur accès aux marchés.
- Investir dans des programmes agricoles visant à lutter contre la malnutrition.
- Travailler en collaboration avec le système des Nations Unies pour une meilleure ciblage de l’aide.
Malheureusement, sur les 22 milliards de dollars promis en 2009 par le G8 et d’autres partenaires dans le cadre de l’initiative de la sécurité alimentaire de l’Aquila, seuls 22 % ont été dépensés ou engagés jusqu’à présent. Le Programme mondial pour l’Agriculture et la Sécurité Alimentaire du G20 (GAFSP) n’a reçu que 405 millions de dollars sur les 925 millions annoncés par les donateurs [iv].
Pourquoi lutter contre la faim dans le monde ?
Aujourd’hui, 690 millions de personnes souffrent de la faim dans le monde, et selon les projections des Nations Unies, ce chiffre pourrait augmenter de 2 milliards d’ici 2050. Mais lutter contre la faim, c’est aussi lutter pour la paix.
Dans les pays en conflit, les populations sont encore plus vulnérables face à la malnutrition. L’accès à une alimentation suffisante, aux soins et aux services de base devient encore plus complexe. De plus, la faim est parfois utilisée comme une arme de guerre, affamant délibérément les populations pour les affaiblir.
Il est donc essentiel que le G20 agisse rapidement pour éviter que davantage d’enfants ne connaissent la faim et la malnutrition. Si rien n’est fait, ce fléau continuera de tuer 5 millions d’enfants chaque année [v]. Il est temps de prendre des mesures concrètes pour mettre fin à cette injustice.
[i] Source: Rapport Hunger Alliance[ii] Source: Natalie Duck, Directrice politique et Plaidoyer de Concern Worlwilde
[iii] Source: François Danel, directeur général d’ACF France
[iv] Source: Programme mondial pour l’Agriculture et la Sécurité Alimentaire du G20 (GAFSP)
[v] Source: Banque Asiatique de développement