L’infarctus du myocarde n’est plus réservé aux hommes en surpoids, fumeurs et sédentaires. Il est en forte augmentation chez les femmes, ce qui est très préoccupant. Certains facteurs de risque, tels que le sexe (les hommes ont deux fois plus de risques d’avoir un infarctus du myocarde que les femmes), l’âge (le risque est multiplié par deux après 60 ans) et l’hérédité (risque multiplié par 1,5), échappent malheureusement à notre contrôle. Cependant, il est possible d’agir sur les autres facteurs de risque. Le Dr Fabien Guez, cardiologue, nous donne quelques conseils.
1. Arrêter de fumer
Les conséquences de la cigarette sont multiples : inflammation des vaisseaux sanguins, formation de caillots, encrassement des artères, augmentation de la pression artérielle… Le risque de crise cardiaque est alors multiplié par 5.
Selon le Dr Fabien Guez, cardiologue, les lésions artérielles et cardiaques surviennent 20 à 30 ans avant les lésions pulmonaires. Il est donc primordial de se focaliser sur les dommages cardiovasculaires causés par le tabac. Notons qu’il est important de souligner que 40% des victimes d’infarctus sont des fumeuses âgées de moins de 45 ans. Les fumeurs passifs ne sont pas épargnés non plus. En effet, depuis l’interdiction de fumer dans les lieux publics, on observe une baisse de 45% de la mortalité cardiovasculaire chez les barmans.
2. Éviter le surpoids
En France, 13% des adultes sont obèses, sans compter les personnes en surpoids. Nous connaissons tous les règles hygiéno-diététiques à suivre : manger modérément, éviter les aliments gras et sucrés, manger 5 fruits et légumes par jour… Le Dr Fabien Guez confirme que la clé est de modifier son alimentation de manière régulière et progressive, en mangeant de tout modérément. Il est déconseillé de suivre des régimes trop stricts, de jeûner ou de consommer des aliments transformés et des viennoiseries. Manger moins et mieux est la solution. Une alimentation équilibrée associée à une activité physique est le duo gagnant, peu importe le poids. Selon le Dr Guez, il vaut mieux avoir un surpoids modéré et bouger que d’être maigre et sédentaire. Il ne faut pas seulement se concentrer sur le poids, mais aussi sur l’activité physique. À poids égal, une personne qui fait de l’exercice physique aura moins de problèmes cardiaques qu’une personne sédentaire.
3. Limiter l’alcool
La consommation excessive d’alcool est un facteur de risque cardiovasculaire. Elle augmente la tension artérielle et provoque des troubles du rythme cardiaque, tels que l’arythmie ou la tachycardie. Cependant, tous les alcools ne sont pas égaux. Selon le Dr Guez, le vin rouge est bon pour la santé à dose modérée, avec un maximum d’un à deux verres par jour pour les femmes et de deux à trois verres pour les hommes. Le rosé entraîne des troubles du rythme cardiaque et la bière, en grande quantité, est diurétique et peut provoquer une déshydratation. De plus, la manière dont on consomme de l’alcool peut également avoir un impact sur la santé cardiaque. Il vaut mieux boire modérément quotidiennement plutôt que de se saouler le week-end. Le binge drinking, qui consiste à boire beaucoup et rapidement, est extrêmement dangereux. En outre, l’alcool ouvre l’appétit, ce qui peut entraîner une tendance au grignotage pendant les apéritifs.
4. Gérer son stress
Les sources de stress sont nombreuses et fréquentes : problèmes familiaux, conflits au travail, soucis financiers, problèmes de santé d’un proche… Le stress a un impact sur le cœur, les artères et la pression artérielle, bien qu’à un niveau inférieur à celui du tabac, du surpoids, du cholestérol ou de l’hypertension artérielle, explique le Dr Guez. Le stress est considéré comme un facteur de risque, mais peut aussi être un facteur déclenchant. En effet, un stress aigu, comme une agression, une dispute, de la colère, un accident ou un traumatisme, peut provoquer une crise cardiaque. Quant au stress chronique, lié aux problèmes financiers, aux conflits familiaux et professionnels, il agit progressivement mais sûrement. Chacun doit trouver sa propre manière de vaincre le stress, que ce soit par l’exercice physique, l’accompagnement psychologique ou des loisirs permettant de se détendre. La clé est de trouver la cause du stress et de la traiter, mais ce n’est pas toujours évident.
5. Faire du sport, mais pas n’importe comment
Faire du sport est bon pour la santé, mais on oublie souvent de préciser comment le pratiquer, rappelle le Dr Guez. C’est un problème, car si le sport est bénéfique pour la santé, il peut aussi être catastrophique s’il est mal pratiqué. Sur 10 personnes qui pratiquent un sport, 5 ne le pratiquent pas correctement et sur les 5 autres, 4 le pratiquent mal en oubliant les fondamentaux. Les fondamentaux sont la régularité : il est recommandé de pratiquer au moins deux fois par semaine en y allant progressivement, surtout si on a arrêté le sport depuis un certain temps. Si on va trop vite, on risque des problèmes cardiaques, articulaires et musculaires. Il est également crucial de choisir un sport approprié et adapté à son profil psychologique et physique, ainsi qu’à d’éventuelles pathologies. De plus, il est recommandé de consulter un cardiologue avant de reprendre une activité physique, surtout en présence de facteurs de risque tels que le surpoids, le cholestérol ou l’hypertension. Il est important de souligner que la pratique d’un sport par une personne atteinte d’une pathologie non traitée peut aggraver cette dernière.
6. Avoir une activité sexuelle
Une relation amoureuse contribue à l’équilibre et à l’épanouissement. L’activité sexuelle a des bienfaits sur la santé en général, notamment sur le cœur, grâce à ses effets antidépresseurs et relaxants liés à la production de sérotonine, de dopamine et d’endorphines. Elle favorise également la circulation sanguine et contribue à l’élimination des toxines. Selon une étude canadienne, les femmes qui s’abstiennent ont plus de risques cardiovasculaires. Enfin, il est important de savoir que l’idée d’avoir une crise cardiaque pendant des relations intimes est un cliché. Si cela se produit, cela se produit exceptionnellement quelques heures après l’acte. Voilà qui est dit, à bon entendeur…
7. Les femmes et les risques cardiovasculaires
Les maladies cardiovasculaires, et en particulier l’infarctus, touchent de plus en plus de femmes. La mortalité cardiovasculaire est devenue la première cause de décès chez la femme. Les femmes fument davantage, prennent des hormones, sont soumises à un stress professionnel et leur cœur est différent, car leurs artères sont plus fines et plus facilement atteintes. Les facteurs de risque comprennent le diabète, l’hypertension, le tabac, le stress, le surpoids et le manque d’activité physique. L’association tabac-pilule est dangereuse car elle favorise la coagulation du sang, ce qui augmente le risque de phlébites, d’embolies pulmonaires et d’accidents vasculaires cérébraux. De plus, les symptômes de la crise cardiaque sont différents chez les femmes, rappelle le Dr Fabien Guez : douleur abdominale et fatigue brutale et inhabituelle. La prévention passe par une alimentation saine et équilibrée, l’arrêt du tabac et une activité physique régulière et adaptée. Les femmes doivent prendre soin de leurs artères et de leur cœur, tout comme les hommes. Enfin, une consultation chez un cardiologue permet de faire le point sur sa santé cardiovasculaire et d’éviter tout problème.
Pour en savoir plus, découvrez le livre “Comment éviter une crise cardiaque” du Dr Fabien Guez (Editions Hugo & Cie).