Dans le contexte actuel de transition écologique et sociale, il est essentiel de remettre en question nos habitudes alimentaires afin de contribuer à un avenir plus durable. Comment pouvons-nous adopter une alimentation durable ? Quel régime alimentaire devrions-nous suivre (flexitarien, pescetarien, végétarien, végan) ? Quelle place devons-nous accorder à la viande et aux produits d’origine animale dans notre alimentation future ?
Dans cet article, nous allons vous fournir des éléments de réponse à ces questions fondamentales, tout en proposant une perspective rafraîchissante sur le sujet.
🌾 Alimentation durable : définition et caractéristiques
L’alimentation durable peut être définie comme une approche qui vise à nourrir l’ensemble de la population de manière suffisante et de qualité, tout en respectant l’environnement. Elle doit également être économiquement accessible et permettre une rémunération équitable de tous les acteurs de la chaîne alimentaire.
De cette définition émanant de l’Agence de la transition écologique, plusieurs caractéristiques fondamentales de l’alimentation durable se dégagent. Tout d’abord, elle concerne chacun d’entre nous, car notre santé et notre relation avec le monde sont en jeu. Mais elle concerne également l’humanité dans son ensemble, une population en constante augmentation qui doit être nourrie.
Dans une économie mondialisée, il est impossible d’examiner nos propres habitudes de consommation sans tenir compte de leur impact, qu’il soit positif ou négatif, sur les populations et leur sécurité alimentaire à l’autre bout du monde.
De plus, l’alimentation durable présente un enjeu intergénérationnel. Modifier nos habitudes alimentaires dès aujourd’hui signifie aussi réfléchir à l’héritage que nous laisserons aux générations futures, en termes de richesse des sols et de biodiversité.
On comprend donc la proximité sémantique entre l’alimentation durable et le développement durable.
🌍 Alimentation et développement durable
En effet, l’alimentation durable est indissociable du concept de développement durable, qui peut être défini comme un développement répondant aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à satisfaire les leurs. Ce concept, proposé par l’ancienne première ministre norvégienne Gro Harlem Brundtland, englobe les aspects économiques, sociaux et environnementaux du développement.
Ce triple aspect se retrouve au cœur des enjeux de l’alimentation durable, comme nous allons le découvrir.
L’alimentation durable : un levier économique
D’un point de vue économique, l’objectif de l’alimentation durable est de garantir une rémunération équitable à tous les acteurs de la chaîne alimentaire. Cela passe notamment par la réduction des distances entre producteurs et consommateurs, contrairement au modèle dominant de l’agriculture productiviste qui s’est développé en France depuis le milieu du XXe siècle.
En privilégiant les circuits courts et les produits locaux, on réduit le nombre d’intermédiaires à rémunérer avec l’argent du consommateur. On limite également les coûts de transport des denrées et leur impact sur l’environnement. L’alimentation durable consiste aussi à proposer des produits de qualité accessibles à tous.
Les circuits courts consistent à acheter directement auprès des producteurs (par exemple, au marché) ou à n’avoir qu’un seul intermédiaire entre le producteur et le consommateur (le producteur vend au marchand qui vend au client final). Ces circuits courts donnent aux agriculteurs plus de liberté pour fixer leurs prix, et aux consommateurs une meilleure visibilité sur les personnes qu’ils rémunèrent.
Par ailleurs, une partie des aliments que nous consommons ne peuvent pas être produits localement. En France, par exemple, c’est le cas du cacao ou du café. L’alimentation durable ne consiste pas à renoncer à ces produits, mais à adopter une consommation raisonnée qui prend également en considération les conditions de vie des producteurs à l’autre bout du monde. Il est ainsi préférable de privilégier les labels de qualité qui garantissent le commerce équitable.
L’alimentation durable : un enjeu social et sanitaire
Consommer localement, c’est également soutenir les petits producteurs locaux. Cela contribue à recréer du lien social entre producteurs et consommateurs, que ce soit dans les épiceries de quartier, sur les marchés ou même directement à la ferme. Cela permet également à chacun de se sentir véritablement impliqué dans les enjeux alimentaires et agricoles, qui sont ancrés dans le territoire local.
Interroger nos habitudes alimentaires nous offre également l’opportunité d’adopter un régime alimentaire plus respectueux de notre santé. En consommant moins de produits transformés, en évitant les excès de graisses, de sucre et de sel, nous réduisons les risques d’obésité, de maladies cardiovasculaires, de cancers et de diabète.
L’alimentation durable : un enjeu environnemental
Favoriser une alimentation durable signifie également promouvoir une agriculture raisonnée et moins intensive, ce qui permet de lutter contre l’appauvrissement des sols, la désertification et l’érosion de la biodiversité. C’est là que les labels et l’agriculture biologique jouent un rôle important, en informant les consommateurs sur les choix alimentaires responsables.
De plus, l’agriculture et l’alimentation sont les principaux émetteurs de gaz à effet de serre en France. Pour réduire notre empreinte écologique, il est crucial de privilégier les circuits courts, les produits locaux et de saison.
Par exemple, acheter des tomates en hiver signifie qu’elles ont été cultivées sous serre chauffée ou qu’elles proviennent d’un pays très éloigné de la France métropolitaine. Dans les deux cas, manger ces tomates génère une importante quantité de gaz à effet de serre.
La lutte contre le gaspillage alimentaire est également un aspect essentiel de l’alimentation durable. Le WWF estime qu’un ménage français moyen jette environ 30 kg de nourriture encore consommable chaque année. En 2019, cela représentait 20% de la production alimentaire mondiale gaspillée.
En réduisant notre consommation de viande, nous pouvons nourrir davantage de personnes. En effet, la consommation de viande et de produits laitiers monopolise 80% des terres agricoles. Pour élever ces animaux, il faut également cultiver des fourrages destinés à les nourrir. Par conséquent, en réduisant notre consommation de protéines animales, nous libérons des terres agricoles considérables pour l’alimentation humaine et décourageons la déforestation excessive.
🥦 Alimentation durable : quel régime alimentaire adopter ?
Vous vous demandez peut-être quel régime alimentaire permet de concilier durabilité et valeur nutritionnelle. Faut-il devenir flexitarien, végétarien ou même végan ? Pour vous aider dans votre réflexion, le WWF propose six principes pour une alimentation saine et durable :
- Consommer davantage de protéines végétales (pois, lentilles, soja, fèves…) et de céréales complètes (blé, sarrasin, quinoa…).
- Réduire fortement sa consommation de produits d’origine animale et privilégier les produits de bonne qualité et labellisés.
- Consommer plus de fruits et légumes de saison.
- Réduire sa consommation de plats industriels/transformés et privilégier des plats maison diversifiés.
- Limiter sa consommation de produits gras et sucrés (snacks, confiseries, sodas, etc.).
- Promouvoir les aliments certifiés, tels que l’agriculture biologique, la pêche durable (MSC) ou l’huile de palme durable (RSPO).
Les légumineuses apportent des protéines de bonne qualité, bien qu’elles soient souvent pauvres en méthionine et en tryptophane (à l’exception notable du soja et de ses dérivés, comme le tofu). Les céréales, quant à elles, manquent souvent de lysine. Ainsi, combiner légumineuses et céréales dans notre assiette permet d’obtenir des apports en protéines complets et variés, tout en réduisant notre consommation de viande.
🚜 Vers une agriculture raisonnée ?
Changer nos habitudes alimentaires pour adopter une alimentation plus durable permet à chacun de devenir acteur du changement. En adoptant un régime alimentaire respectueux de l’environnement et en consommant local, nous encourageons également les acteurs du secteur agricole à revoir leur modèle de production. Ainsi, l’alimentation durable et l’agriculture durable peuvent s’entraîner mutuellement dans un cercle vertueux.
Pour conclure, soulignons quelques pratiques agricoles durables :
- L’agroécologie, qui consiste à mieux comprendre et envisager les écosystèmes agricoles afin d’optimiser les interactions naturelles. Cela implique une réduction de l’utilisation de produits phytosanitaires, des émissions de gaz à effet de serre et la diversification des cultures.
- La préservation des écosystèmes et de leur biodiversité, notamment grâce à la permaculture, une approche qui considère les espaces agricoles comme des écosystèmes complets, favorisant leur durabilité, leur diversité et leur résilience.
- Un élevage plus extensif, avec une réduction de la taille des troupeaux et un meilleur accès aux pâturages, dans une perspective éthique de bien-être animal.
- Moins de cultures fourragères au profit de cultures légumineuses.
Les industries agroalimentaires et les acteurs de la grande distribution ont également un rôle à jouer dans cette transition, en particulier en ce qui concerne les transports, la logistique, la réduction des emballages plastiques, une rémunération plus équitable des producteurs et la traçabilité des produits.
Vous souhaitez en savoir plus sur les grands enjeux de la transition écologique ? N’hésitez pas à consulter nos autres guides pratiques !