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Les actes antisémites augmentent de manière significative depuis le mois d’octobre. Cette tendance à la hausse dure depuis près de deux décennies, en particulier en France. La tenue d’une manifestation contre l’antisémitisme a été l’occasion de vives polémiques politiques, notamment en raison de la participation du Rassemblement national et du retrait de La France insoumise.
La propagation de l’antisémitisme
Comment cette formation de lutte contre l’antisémitisme a-t-elle vu le jour ? Jonas Pardo nous éclaire sur ce sujet : “J’ai constaté que l’antisémitisme se retrouvait effectivement dans toutes les couches de la société et dans tous les partis politiques. Cependant, il s’exprime différemment selon les extrêmes. A l’extrême droite, il existe des centres de production idéologique de l’antisémitisme, où les individus écrivent des livres et formulent de nouvelles accusations contre les Juifs. Depuis le XXe siècle, nous constatons également que les milieux djihadistes et islamistes sont des foyers de production d’antisémitisme. En revanche, à gauche, l’antisémitisme se reproduit plutôt qu’il ne se développe idéologiquement. Il était donc nécessaire de proposer des formations afin d’éviter les écueils, de prévenir l’antisémitisme lors de la critique du pouvoir ou de l’économie, et d’éviter également les erreurs que les gauches peuvent commettre dans leurs analyses géopolitiques.”
Bien qu’il se considère comme étant de gauche, Jonas Pardo a pris conscience vers 2015 que la gauche n’était pas suffisamment investie dans la lutte contre l’antisémitisme. C’est ainsi qu’il a décidé de créer cette formation.
“Il est impératif que la gauche se réapproprie la lutte contre l’antisémitisme. Il est crucial que la gauche participe à la manifestation de demain pour montrer son soutien aux Juifs, qui craignent avant tout d’être seuls, de manifester uniquement entre Juifs et de se sentir abandonnés, aux côtés de ceux qui cherchent à les instrumentaliser. Le pire scénario serait de voir les gauches laisser les Juifs manifester seuls face aux antisémites.”
Pourquoi est-il primordial d’apprendre à reconnaître l’antisémitisme ? À première vue, cela peut sembler paradoxal. L’antisémitisme n’est-il pas immédiatement discernable ? Jonas Pardo explique : “En réalité, ce n’est pas si évident que cela. Depuis la Shoah, l’antisémitisme est socialement et juridiquement discrédité. Contrairement à ce que l’on peut observer pour d’autres formes de racisme, où certaines formes ne sont pas nécessairement délégitimées socialement de nos jours. Sur les plateaux médiatiques et même au sein de la classe politique, nous pouvons voir des personnes exprimer et propager des formes de haine envers l’islam qui n’ont rien à voir avec la critique de la religion, mais qui visent directement les musulmans. Pourtant, de telles déclarations ne sont pas socialement discréditées aujourd’hui. Cependant, en ce qui concerne l’antisémitisme, c’est différent. Les antisémites doivent recourir à des formes cryptées pour exprimer leurs opinions. Il est donc essentiel d’apprendre à les reconnaître afin de pouvoir les combattre. Un exemple simple est l’utilisation de pancartes “Q.U.I” lors des manifestations contre le pass sanitaire. Ce code “Qui” permet de désigner les Juifs comme responsables de la pandémie. La personne qui brandit cette pancarte connaît l’histoire, maîtrise les références antisémites et communique avec tous ceux qui les comprennent. Par conséquent, il est nécessaire, pour la gauche, d’acquérir cette culture politique et historique pour pouvoir reconnaître l’antisémitisme.”
Jonas Pardo revient sur la manifestation prévue pour le dimanche 12 novembre. Bien qu’il encourage sa participation, il concède : “Je ne suis absolument pas satisfait de l’appel et de la manière dont la droite de Renaissance mène le combat contre l’antisémitisme. Selon moi, elle le vide de son sens. Tous les partis politiques utilisent la lutte contre l’antisémitisme comme un terrain de confrontation entre eux. Or, la lutte contre l’antisémitisme ne se réduit pas à la défense des valeurs de la République. Cette notion peut contenir n’importe quoi. Par exemple, est-ce que supprimer les aides médicales d’État, supprimer le droit du sol et limiter l’accueil des étrangers, comme cela se passe actuellement au Sénat, est-ce que cela correspond aux valeurs de la République ? Non, la lutte contre l’antisémitisme n’est pas une valeur abstraite. C’est la défense des Juifs.”