Une nouvelle année commence et apporte avec elle son lot de bonnes nouvelles pour le marché automobile français. En 2023, le secteur a enregistré une croissance impressionnante de 16,07 %, marquée par un nombre record de voitures électriques et hybrides rechargeables. Cependant, l’année 2024 s’annonce plus complexe.
“Une année encourageante, mais des défis persistants”
Selon les chiffres publiés par la Plateforme automobile (PFA), représentant les constructeurs et équipementiers, un total de 1 774 729 voitures particulières neuves ont été mises en circulation l’année dernière. Ces immatriculations reflètent la livraison de véhicules commandés plusieurs semaines voire mois auparavant.
Alors que François Roudier, responsable de la communication de la PFA, affirme que le problème crucial de la pénurie de composants électroniques commence à disparaître, il rappelle également que malgré une année positive, il ne s’agit pas d’une période de célébration. Grégory Pelletier, directeur de la rédaction de L’Argus, soutient cette position en précisant que l’année 2022 a été extrêmement difficile sur le plan industriel.
D’ailleurs, 2024 présente des défis plus importants en raison de la baisse des nouvelles commandes. François Roudier souligne que l’économie inflationniste actuelle, avec le coût élevé de l’essence et des véhicules, ne favorise pas l’industrie automobile. Il est également difficile pour les consommateurs de choisir entre les différentes options (essence, hybride, électrique), comme le confirme Grégory Pelletier.
“L’électrification est en marche”
Le marché automobile français est resté en dessous du seuil symbolique des deux millions de véhicules immatriculés, une barrière habituellement franchie avant la pandémie de Covid-19. François Roudier estime que cela deviendra une tendance structurelle, compte tenu de la baisse des ventes de voitures d’entrée de gamme depuis la pandémie et de la percée des voitures haut de gamme, qui sont vendues en plus petite quantité mais à des prix plus élevés.
Les voitures électriques (17 % des immatriculations) et les hybrides rechargeables (9 %) ont représenté 26 % du total des immatriculations. Selon François Roudier, il s’agit d’un record historique et d’une preuve que le mouvement vers l’électrification est en marche.
“Durcissement du bonus écologique”
Les ventes de véhicules électriques ont augmenté de 47 % par rapport à 2022, tandis que les ventes d’hybrides rechargeables ont connu une augmentation de 34 %. La Tesla Model Y, le modèle électrique le plus vendu de l’année, occupe la huitième place des véhicules les plus immatriculés dans le pays.
Les constructeurs se dépêchent également d’immatriculer des véhicules avant le durcissement du bonus écologique prévu pour le 15 mars. Les nouveaux critères prendront en compte l’empreinte carbone de la fabrication des véhicules, ce qui exclura les voitures fabriquées en Chine, comme la Tesla Model 3 et la Dacia Spring, ainsi que les principaux constructeurs chinois BYD et MG (SAIC).
Une éventuelle réduction du bonus écologique pour l’achat d’un véhicule électrique pourrait également freiner l’électrification, comme cela a été le cas en Allemagne et aux États-Unis. Selon François Roudier, il est envisagé de réduire ce bonus à 4 000 euros pour les 50 % de Français les plus aisés, contre 5 000 euros en 2023, selon une source gouvernementale.
“Renault rattrape Stellantis”
Les immatriculations de voitures essence sont restées stables, représentant plus d’un tiers du parc automobile français, tandis que le diesel a continué de décliner. Seule une voiture particulière neuve sur dix immatriculée en 2023 était diesel.
En ce qui concerne les constructeurs, Stellantis (Peugeot, Citroën, Fiat, Opel, Jeep) reste en tête des ventes avec une part de marché de 27,4 %, mais le groupe affiche une progression modeste de 1,8 %. Renault revient dans la course avec 24,6 % de part de marché et une augmentation de 18,3 %. Volkswagen complète le podium avec 13,9 % de part de marché, enregistrant une augmentation de 25,2 %.
La Renault Clio V est en tête des voitures les plus immatriculées, devançant la Peugeot 208, qui s’apprête à lancer une nouvelle version en janvier. Grégory Pelletier note que Renault a rencontré des difficultés d’approvisionnement ces dernières années en raison de problèmes d’approvisionnement, tandis que Peugeot a augmenté ses prix et n’a pas atteint ses objectifs.
Cette année, le marché automobile français a enregistré des performances exceptionnelles, notamment grâce à l’électrification croissante. Cependant, des défis subsistent, notamment en raison du durcissement du bonus écologique et de l’incertitude quant aux choix énergétiques des consommateurs. Toutefois, avec des constructeurs compétitifs tels que Renault, Stellantis et Volkswagen, l’industrie automobile française est prête à relever les prochains défis.