Nous avons tous une façade, un masque que l’on montre aux autres. Masque sur lequel les autres nous jugent, nous estiment (en bien ou en mal). Et, comme si cela ne suffisait pas, nous nous l’appliquons. Mais que se passe-t-il ? Si nous ne nous connaissons pas et que les autres ne nous connaissent pas, qui sommes-nous ?
À ceux qui, en lisant ces lignes, se disent “Pff n’importe quoi ! Je ne suis pas un idiot, je me connais et je sais qui je suis.”. Je dirai “T’emballes pas ! Ça ne t’es jamais arrivé de donner un conseil à quelqu’un et de t’embrouiller avec parce qu’il l’a pris comme une critique ?”.
Hé, bien sûr que ça vous est arrivé. Ça nous arrive tous.
Nos différences
Nous avons dans notre perception de nous-même, un certain nombre d’angles morts. Plus ou moins grands en fonction des individus, mais présents malgré tout. Je vous propose d’en prendre conscience pour mieux vous percevoir.
Nous avons des compétences différentes de nos collègues et amis. En tant que créature sociale, nous cherchons à comprendre notre environnement humain. Nous avons des réactions différentes dans des situations similaires. Cela nous amène parfois à ne pas comprendre la réaction de l’autre. Ce peut être une attention qu’il a à votre égard et que vous ne remarquez pas. Ce peut être une manie qu’il a et qui vous agace. C’est peut-être vous qui ne valorisez pas, à sa juste valeur, une de vos compétences.
Vous partez du principe qu’expliquer plus clairement à un client mécontent, les raisons du refus de sa réclamation, est un acte banal de votre quotidien dans le SAV où vous travaillez ? Ou peut-être encore, la fois ou votre voisin de parking s’est garé trop proche et gène l’ouverture de votre porte… vous avez considéré que c’est un égoïste qui s’en fiche des autres. Ce besoin de compréhension nous conduit à juger du comportement d’autrui, souvent de manière inconsciente. Plus notre niveau de compréhension est juste, meilleur est notre niveau “d’aptitude sociale”.
Une différence fondamentale
Dans la réalité, nous percevons (et jugeons) les autres sur leurs actes, sans en considérer la motivation. Ou en la déterminant par rapport à nos pensées ou nos ressentis. Nous nous percevons (et nous jugeons) sur nos actes et nos intentions. Et, lorsque c’est un de nos comportements qui a gêné autrui, nous nous percevons surtout sur nos intentions. Parce que nous y avons accès et parce que c’est plus confortable.
Une erreur classique
En fonction du contexte, les données aboutissant à un jugement de valeur peuvent être connues de vous ET d’autrui. Plus la personne considérée nous est étrangère plus le risque d’erreur d’appréciation est grand. Pour réduire cette incertitude nous complétons parfois ce peu d’informations par des généralités qui, si elles sont pratiques pour appréhender une catégorie de personnes dans sa globalité, n’en demeure pas moins erroné lorsqu’il s’agit de l’appliquer stricto sensu à un cas particulier. Pour peu que la situation ne nous convienne pas, nous aurons une tendance à en déconsidérer l’auteur, et par la même occasion, à s’accorder une plus grande valeur car “nous avons su voir, avec facilité et justesse, son inadéquation avec : le contexte, le bien ou le mal, …” Et si la situation nous convient nous estimerons que la personne s’est comportée normalement au regard du contexte.
Nos 4 facettes
I. La facette publique
Il y a quantité d’aspects de notre vie que nous savons public (de nos apparences à notre profession en passant par la plupart de nos fréquentations et bon nombre de nos valeurs ou croyances). Ces faits qui nous caractérisent, nous donne une place dans l’esprit d’autrui et dans la société en général. Elles nous permettent de comprendre l’autre, et permettent à l’autre de comprendre bon nombre de nos réactions, motivations ou désirs. Ces caractéristiques nous poussent à agir d’une certaine manière.
II. La facette cachée
Nous avons tous conscience que tout un pan de notre vie est dissimulé aux autres. Notre “jardin secret” bien sûr, mais aussi tout ce qui nous a construit, toutes nos expériences que nous n’avons pas divulguées, ou à très peu de monde. Également nos ambitions et nos projets. Peu importe nos motivations à les garder pour nous. Ayons bien conscience que cette facette illustre “les intentions” que j’ai évoquées plus haut. Celles qui nous permettent de dédouaner notre conscience de certains de nos propos et certaines de nos attitudes, qui ont peut-être eu une conséquence pour autrui et que nous avons estimé insignifiante, justifiée ou … que nous n’avons même pas perçue.
III. La facette aveugle
C’est un véritable bras de levier que vous pouvez actionner pour valoriser autrui. Et comme sur chaque pièce de monnaie, s’il y a le côté pile il y a aussi le côté face. Donc, si vous pouvez vous en servir pour faire du bien, vous pouvez vous en servir pour faire du mal. Vous pouvez donc, vous aussi, vous prendre des coups dont la douleur n’a d’égale que la mesquinerie. Vous abaisserez-vous à les donner ?
A. Le point de vue des autres
Nous sommes vus par les autres au travers de leurs prismes et de ce qu’ils savent ou croient savoir. Informations qu’ils ont par nos paroles, nos actes et ce que les autres disent de nous. Il peut y avoir beaucoup d’erreurs mais en écoutant et trouvant le fondement de ces opinions, nous pouvons apprendre beaucoup sur nous-même.
B. L’effort que l’on doit fournir
Quoi qu’il en soit, si notre but est de nous améliorer, il est nécessaire d’être à l’écoute des autres pour comprendre notre valeur et, autant que possible, l’augmenter. Ce peut être en supprimant nos défauts ou en perfectionnant nos points forts. En expliquant la raison de nos habitudes qui peuvent déplaire, parce que s’il est normal de commencer un changement par soi, l’autre aussi peut vouloir comprendre et/ou changer.
IV. La facette inconnue
Celle que l’on ne peut découvrir qu’en se mettant en difficulté, en situation d’échec potentiel, en sortant de sa zone de confort. Je crois qu’il nous restera toujours quelque chose à découvrir de nous-même, à condition que nous le voulions bien. Bien loin d’accepter les pseudo déterminismes classiques tel que “c’est plus à mon âge que l’on change” ou “ce n’est pas pour moi, je n’ai jamais été doué dans …”. C’est le parfait comportement qui vous mènera inéluctablement vers “l’impuissance apprise”. Il est certain qu’en fuyant l’inconnu on évite nombre de difficultés. On se prive aussi de beaucoup d’opportunités.
Ces quatre facettes de notre nature humaine sont ce que l’on appelle la “Fenêtre de Johari”. Cette méthode date de 1955 et a été créée par Joseph Luft et Harry Ingham (d’où son nom).
Alors à la prochaine incompréhension ou méprise entre deux personnes, regardez par la fenêtre. Et si ça ne vous aide pas, regardez sur le blog d’autres éléments de réponses arriveront, qui seront peut-être plus en adéquation avec votre situation…