Les escrocs utilisent les émotions des gens pour tendre des pièges sur internet. Tous les arguments sont bons pour attirer les internautes, notamment des offres de locations de rêve. La plateforme Abritel, spécialisée dans la location entre particuliers, est utilisée comme interface par ces fraudeurs. Les témoignages postés sur le forum de “Que Choisir” depuis le début de l’année attestent du nombre important de victimes.
Méfiez-vous de l’usurpation d’identité
Le procédé est toujours le même. Un internaute recherche une villa pour ses vacances. Il trouve une annonce alléchante qui correspond à ses attentes : une magnifique maison bien située, avec toutes les commodités, parfaite pour un séjour en famille ou entre amis, et à un prix raisonnable. Dans l’annonce, le propriétaire demande à être contacté directement par email. Le locataire entame ensuite une conversation par email avec H.L. ou L.G. Convaincu par ces échanges, il confirme la réservation auprès du supposé propriétaire et reçoit un email de confirmation de HomeAway (la société anglaise propriétaire d’Abritel, filiale du groupe américain Expedia). En toute confiance, le locataire effectue un virement correspondant au coût de la location sur un compte à l’étranger (Royaume-Uni, Autriche), dont les coordonnées ont été fournies dans cet email. Deux jours plus tard, la supercherie est dévoilée. Aucune trace de la réservation n’apparaît sur le site d’Abritel. Le compte sur lequel l’argent a été envoyé est fermé et l’argent a disparu. Tout était faux depuis le début : le texte de l’annonce, l’identité du vendeur, l’email de HomeAway et le numéro de compte bancaire d’Abritel. L’objectif des escrocs est de faire sortir les internautes de la plateforme tout en leur faisant croire que la transaction est sécurisée par le site de mise en relation.
Des victimes sans recours
Les consommateurs à la recherche de locations sont victimes de cette arnaque car les images, les adresses et les identités utilisées appartiennent à de véritables personnes qui deviennent des victimes collatérales. Il est possible de vérifier la véracité des informations en effectuant une recherche en ligne sur les données fournies dans l’annonce : nom, profession et ville de résidence du propriétaire, localisation de la maison.
Depuis mai dernier, 28 victimes se sont regroupées pour se soutenir mutuellement dans leurs démarches. Chacune d’entre elles a perdu entre 2 800 € et 8 400 €, pour un total de pertes de 114 000 €. Le nombre total de personnes abusées est bien plus élevé et certains consommateurs ont perdu plus de 10 000 €. À ce jour, aucune victime n’a réussi à se faire rembourser. La page Facebook “Stop aux arnaques Abritel, HomeAway”, créée en 2015, compte également de nombreux témoignages de consommateurs abusés par cette arnaque. Le service client d’Abritel se décharge de toute responsabilité, affirmant que la transaction n’a pas été effectuée via leur service de paiement. Les courriers recommandés envoyés à Abritel par les victimes sont restés sans réponse. Certaines ont déposé plainte au commissariat, mais cela ne fait qu’inquiéter les escrocs. Les banques, quant à elles, ne remboursent pas ces virements. Parallèlement, les personnes dont l’identité a été usurpée ont également porté plainte, mais leurs demandes ont été classées sans suite.
Dans ses conditions générales d’utilisation (CGU), Abritel précise qu’elle ne fait que servir d’interface : “HomeAway ne sera en aucun cas partie au contrat de location […] Nous n’approuvons, ne soutenons ni ne garantissons d’aucune manière l’authenticité, l’exactitude ou la fiabilité des informations contenues dans les annonces du site.”
Des annonces frauduleuses toujours en ligne
Toutefois, ces mêmes CGU stipulent également que “HomeAway retirera un contenu ou en rendra l’accès impossible s’il vient à avoir connaissance de son caractère illicite, notamment si ce caractère illicite lui est notifié”, conformément à la loi n°2004-575 du 21 juin 2004. Or, les victimes affirment, preuves à l’appui, que les annonces frauduleuses auxquelles elles ont été confrontées étaient toujours en ligne plusieurs jours, voire plusieurs mois, après leur signalement à Abritel. “Le directeur du service clientèle m’a dit que l’annonce à laquelle j’ai été victime avait été supprimée le 24 février. Or, je l’ai vue en mars et en avril. Il y a une faille dans leur système. Je pense qu’ils doivent nous rembourser !” s’indigne l’une des 28 victimes du groupe. Elle souligne également le manque de vérifications de la part de la plateforme lorsqu’un propriétaire met son bien en location.