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Dans les forêts naturelles de la région du Ribatejo, Conceiçao Silva, ingénieure forestière, veille sur la croissance lente des chênes-lièges. Ces arbres majestueux, pouvant vivre jusqu’à 400 ans, prennent environ 50 ans pour être rentables. Au Portugal, ces forêts sont un trésor national, fournissant la moitié des bouchons en liège utilisés dans le monde pour fermer les bouteilles de vin.
Des années de patience et de travail
La récolte du liège est un processus long et minutieux. On attend entre 25 et 35 ans pour obtenir une première récolte qui ne vaut presque rien. Ensuite, il faut attendre neuf ans de plus pour obtenir une récolte exploitable par les bouchonniers. Les écorces de liège sont soigneusement récoltées et séchées avant d’être bouillies pour gagner en épaisseur et en élasticité. Ensuite, elles sont découpées en bandes, perforées et transformées en bouchons. Ces derniers sont ensuite lavés, séchés, marqués et traités avec de la paraffine ou du silicone pour faciliter leur extraction.
La sélection et la transformation du liège
Les bouchons en liège sont soumis à de multiples opérations de tri. Seuls 15 à 30% du liège présentent une qualité suffisante pour fabriquer des bouchons utilisés pour les vins de qualité. Les 80% restants sont transformés en granules, dont une moitié est utilisée pour produire de l’énergie et l’autre moitié est utilisée pour fabriquer des bouchons techniques.
La résistance du liège
Ces dernières années, les bouchons techniques ont permis au liège de résister à la concurrence des bouchons en plastique et des capsules à vis. En effet, le “goût de bouchon”, un goût désagréable rappelant le carton mouillé, a contribué à la perte de près d’un tiers du marché du liège. Cependant, les nouveaux consommateurs de vin français, tels que les Chinois, les Japonais et les Britanniques, sont de moins en moins tolérants envers ce goût indésirable. Les fabricants de bouchons en liège ont donc investi massivement dans la recherche pour lutter contre le “goût de bouchon”, en analysant même les bouchons un par un.
Le liège retrouve sa place
Après vingt ans de lutte, les professionnels du liège affirment que le taux de bouteilles affectées par le “goût de bouchon” est passé sous la barre de 1%. La montée en gamme du vin est un phénomène positif pour l’industrie du liège, qui retrouve ainsi des parts de marché. De plus, la consommation mondiale de vin continue d’augmenter, ce qui garantit une demande croissante pour le liège. Les autorités portugaises ont également décidé de favoriser la plantation de chênes-lièges pour reboiser les forêts après les feux de l’été, car ces arbres jouent un rôle essentiel dans la protection contre les incendies.
Le liège, matériau naturel et durable, continue donc de séduire de nouveaux marchés et de reconquérir sa place dans l’industrie du vin.