Au salon de l’automobile, la révolution électrique s’annonce… mais les constructeurs craignent une dépendance à la Chine

Au salon de l'automobile, les constructeurs prennent le virage de l'électrique... mais craignent une dépendance à la Chine

Paris accueille le Salon de l’automobile, un événement qui célèbre ses 120 ans cette année. Parmi les sept pavillons, les visiteurs auront du mal à ignorer les deux grandes tendances : la montée en puissance des SUV urbains et la place de plus en plus importante accordée aux voitures électriques. Cette dernière tendance concerne tous les types de voitures, des citadines aux berlines, et toutes les marques.

“S’il a fallu 6 ans pour atteindre un million de véhicules électriques en circulation dans le monde, nous allons doubler ce chiffre en un an, en 2018, notamment grâce à la croissance de 40% enregistrée en Chine. Le véhicule électrique représente déjà 1% du parc européen, ce qui montre que ce mouvement est en marche et qu’il est irréversible”, explique Charles de la Tour d’Auvergne, expert de la mobilité électrique chez PWC.

Tesla face au reste du monde

La guerre est déclarée entre les grands constructeurs mondiaux. Dans le pavillon 5, Jaguar présente son E-Pace, BMW expose son i8 Roadster et Mercedes dévoile son EQC, trois modèles qui s’attaquent directement à Tesla sur le segment des voitures électriques de luxe. Le constructeur californien, quant à lui, expose son nouveau Model 3, très attendu en Europe l’année prochaine.

Un autre affrontement a lieu dans le pavillon 1. Le stand imposant de Renault fait face à celui de PSA, qui a même dressé son lion géant argenté en face de son concurrent. Sur le plan mécanique, la petite K-ZE, la citadine ornée du losange, rivalise avec la DS3 Crossback.

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“Je pense que le marché est enfin en train de décoller en termes de choix”, estime Felipe Munoz, analyste automobile chez Jato Dynamics. Selon lui, l’une des principales barrières à l’essor du marché, à savoir le prix élevé des voitures électriques et leur autonomie encore limitée, est en train de disparaître.

200 milliards de dollars

Les 10 plus grands constructeurs mondiaux (Volkswagen, Renault-Nissan, GM, etc.) ont investi massivement dans la recherche et le développement, les acquisitions et la construction d’usines pour développer l’électromobilité, la voiture connectée et la voiture autonome. L’année dernière, ils ont dépensé près de 200 milliards de dollars dans ces domaines. Cependant, cette course effrénée met en lumière une crainte de l’industrie : la fabrication des batteries nécessite des quantités importantes de matières premières qui sont réparties de manière inégale sur la planète. Par exemple, 60% du cobalt est produit en République démocratique du Congo, et son prix a quadruplé en deux ans. Les terres rares sont principalement contrôlées par la Chine.

En retard sur les batteries

Ce déséquilibre inquiète Luc Chatel, président de la Plateforme automobile (PFA), qui évoque le risque d’un déplacement significatif de la chaîne de valeur vers l’Asie. “Devons-nous conserver notre savoir-faire en Europe ou sommes-nous en train de nous lancer collectivement dans une impasse pour l’industrie automobile européenne ?”, demande-t-il dans une interview au Figaro.

Carlos Tavares, PDG de PSA, soutient cette démarche : “Nous soutenons activement la création d’un champion européen de la batterie pour rééquilibrer la domination asiatique. Mais cela aurait dû être fait il y a dix ans”. Aujourd’hui, l’assemblage des batteries est pratiquement entièrement réalisé en Chine, alors que les matières premières sont contrôlées par quelques pays seulement.

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La voiture en pleine expansion

Dans un rapport de l’ACEA (Association des constructeurs automobiles européens), l’industrie automobile évoque une menace sur l’emploi. On estime que d’ici 2030, les sous-traitants et les constructeurs européens produiront respectivement 38% et 17% de pièces en moins. Quel que soit le pivot mondial de l’automobile dans le futur, tous les experts s’accordent à dire que l’ère de la voiture n’est pas encore révolue. “En 2017, 94 millions de voitures ont été produites dans le monde, contre 56 millions en 2000”, souligne François Jaumain, responsable du secteur automobile chez PWC. Il ajoute que ce chiffre devrait encore augmenter de 20 millions d’ici 2024. Autour de cette date, près d’une voiture sur deux sera électrifiée et une sur trois sera destinée à l’auto-partage.

Ludovic Dupin
@LudovicDupin