Audi 80 Cabriolet (1991-1994): Un plaisir raisonnable

Audi 80 Cabriolet (1991-1994): Un plaisir raisonnable

Audi 80 Cabriolet

© L’AUTOMOBILE SPORTIVE (11/02/2015)

Paradoxalement, les voitures n’ont jamais été aussi puissantes que ces derniers temps. Tous les constructeurs, allemands en tête, se livrent à une véritable guerre du cheval. Pourtant, par les temps qui courent dans notre beau pays, reprendre le volant d’une auto plaisir qui met les performances au second plan n’est pas une démarche aussi incongrue qu’il n’y parait. L’Audi 80 Cabriolet 2.3E illustre à merveille ce point de vue…

Présentation

Avec l’année-modèle 1988, l’Audi 80 Coupé (type 8B) a été introduite en Europe, sur la base de l’Audi 80 B3 dont l’empattement a été raccourci. La suspension arrière modifiée et un nouveau système de suspension avant préfigurent ce qui va devenir l’Audi 80 B4 en 1991. C’est à l’occasion du lancement de cette nouvelle version qu’apparaît enfin l’Audi Cabriolet (type 8G) dont l’appellation commerciale officielle ne fait plus référence à la gamme 80 ou 90. Sorti sur le tard pour concurrencer la BMW série 3 cabriolet E36, le cabriolet d’Audi a été particulièrement soigné. Il se distingue avant tout par une ligne sobre et élégante, plus rondouillarde et moins dynamique que celle de sa rivale de Munich. La pureté de cette silhouette est conservée capote fermée et grâce au système d’antenne radio intégrée dans le couvercle du coffre. Ses principaux traits esthétiques notables sont un entourage de pare-brise en aluminium poli et un jonc chromé qui parcourt la ceinture de caisse jusque sur le couvre capote particulièrement bien intégré.

Pour se passer d’un disgracieux arceaux, la structure issue du coupé Audi 80 B3 a été considérablement renforcée mais cela ne se voit pas extérieurement. Le cabriolet Audi 2.3E se distingue également par des jantes en deux parties au dessin spécifique avec un cache central qui imite un montage à écrou central. Ces petites jantes de 15″ fournies par Speedline font aujourd’hui un peu désuètes sur cette grande carrosserie, mais l’ensemble ne manque pas de “chic”.

Habitacle

Intérieurement, même constat. L’ensemble respire le (très) sérieux germanique et ne manque pas d’allure. Les matériaux sont de grande qualité, les plastiques comme les bois du tableau de bord et les assemblages sont ce qui se faisait de mieux à l’époque à ce niveau de gamme. Impossible de se croire à bord d’une autre voiture qu’une Audi. Même si le cuir ne fait pas partie de la dotation de série, pas plus que la climatisation, on apprécie les excellents sièges baquets au maintien impeccable. Et puis, l’autre atout de ce cabriolet, c’est d’offrir deux places à l’arrière pour emmener des bambins ou même des adultes (pas trop grands quand même). Mais le dossier de banquette est un peu trop vertical et ferme. Le coffre est assez vaste (240 dm3) et ne pâtit pas de la capote, quelle que soit sa position.

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En revanche, pour le prix, Audi aurait pu avoir la bonne idée d’installer une capote électrique car celle-ci, plutôt lourde (le poids de la qualité!), nécessite un maniement relativement laborieux. En clair, on ne “débâche” pas au premier rayon de soleil et on consultera de préférence la météo avant de partir en vadrouille… surtout en automne, en Normandie, comme lors de notre essai !Seule ombre au tableau de la “deustch qualitat”, la vitre de lunette arrière en plastique vieillit très mal et une pièce en verre avec dégivrage aurait été bienvenue vu le standing du cabrio Audi. Enfin, sachez que le hard-top optionnel peut constituer un avantage pour ceux qui voudront rouler en hiver. Il préserve la ligne épurée de ce beau cabriolet.

Moteur

Sous le capot du cabriolet Audi 80 B4, on retrouve un vestige de la belle époque Audi, époque où les motorisations n’étaient que très peu partagées avec les modèles Volkswagen. Il s’agit donc du 5 cylindres en ligne maison d’une cylindrée de 2L3. Peu poussé (59 ch/L !) avec sa culasse à 10 soupapes, ce bon percheron développe modestement 136 chevaux DIN (133 ch CEE) à 5500 tr/mn et un couple maxi de 185 Nm à 3500 tr/mn.

Autant le dire tout de suite, inutile de parler performances, avec un 0 à 100 km/h annoncé en 10 secondes, on ne se faisait pas d’illusion. Le cabriolet Audi a la lourde tâche de mouvoir 1400 Kg de qualité allemande, par les seules forces des roues avant. Avec son rapport poids/puissance quelconque, ce cabriolet ne vous enfoncera donc pas le dos dans les sièges, mais se déplace correctement, sans trop paraître à la peine. Son onctuosité et sa mélodie si particulière, bien mise en valeur par la double sortie d’échappement, compensent en bonne partie le tempérament qui lui fait défaut. Peu enclin à prendre plus de tours qu’il ne faut, le moteur incite (ou contraint…) à une conduite “coude à la portière”.

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Les passages de vitesses se font en douceur, avec précision, le pommeau de levier de vitesse tombant bien en main ne fait que regretter par moments le manque d’équidés sous le capot de cette allemande. L’étagement tirant en longueur sur les derniers rapports en finit quant à lui d’assommer ce brave “5 pattes”.

Enfin, la consommation se montre fatalement élevée en rapport aux performances : comptez 11 L/100 km de moyenne en parcours mixte et rarement moins de 10 L même en restant très sage.

Sur la route

Pas sportive dans l’âme par sa mécanique, l’Audi cabriolet trouve un châssis à la hauteur de ses ambitions : confortable mais peu dynamique. Pas la peine de travailler ses trajectoires et de passer à la corde, ce cabriolet vous incite plutôt à suivre tranquillement votre route, chose qu’il fait plutôt bien en gommant ses imperfections. La direction très assistée isole également le conducteur de la route et de tout effet de couple dans le volant. Elle manque cependant de feeling pour offrir un plaisir de conduite comparable à celui éprouvé au volant d’une BMW série 3.

De plus, la suspension trop molle ne se prête guère au jeu d’une conduite sportive. Chaussé de petites roues de 15″ chaussées en 205/60, le 5 cylindres trouve une excellente motricité pour une simple traction avant dont la conception de trains roulants remonte au début des années 80 (plateforme B3 des Audi 80/90 de 1987 à 1992), même si elle a été légèrement améliorée en 1991. Il faut dire aussi que le couple modeste de cette version n’a pas de quoi saturer le train avant…

L’Audi Cabriolet est cependant très sûre de comportement. Le freinage s’en sort bien malgré le poids à ralentir. Nous n’avons toutefois pas testé son endurance en conduite sportive, ni sur circuit, compte-tenu de la vocation de ce cabriolet.

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L’Audi Cabriolet “Typ 8G” a pourtant connu une diffusion assez confidentielle en France en raison d’un prix de vente mal étudié et d’une palette de moteurs peu convaincante face à la concurrence. Il en résulte qu’on s’est finalement moins lassé de ses lignes et qu’il apparaît moins “populaire” que le cabriolet BMW. La motorisation 2.3E, seul 5 cylindres en ligne proposé sur le Cabriolet Audi 80, a été progressivement remplacée par le V6 2.6E de 150 ch, un peu plus adapté à la masse conséquente grâce à son couple. Le 2.3E s’arrête définitivement en juillet 1994.

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Les prix s’échelonnent de 3000 à 5000 € pour un cabriolet 2.3E et jusqu’à 7500 € environ pour le V6. Il conviendra de bien vérifier l’entretien général (factures, carnet) ainsi que l’état de la capote. Le hard-top livré en série en fin de carrière du modèle peut constituer un avantage pour ceux qui roulent hiver comme été.

Grâce à sa carrosserie traitée par application d’une couche de zinc en usine (une première sur ce segment pour l’Audi 80 B3 de 1986), le cabriolet Audi n’est que très peu sujet à la corrosion, à moins d’avoir laissé pourrir un mauvais coup pendant de longues années. On n’en dira pas autant des jantes Speedline dont le vernis s’écaille comme une peau après un coup de soleil… L’ensemble de l’habitacle vieillit parfaitement à l’exception du bourrelet de siège conducteur en tissu qui peut se râper et s’affaisser un peu et de quelques petits bruits parasites qui finissent par s’installer, comme sur de nombreux cabriolets.

Les 100 000 km au compteur sont souvent franchis, mais il ne faut pas craindre la robustesse de ce bon vieux 5 cylindres 2L3 dont l’entretien est très simple (vidange tous les 15000 km). Vérifier également le remplacement de la courroie de distribution (env. 150 euros) en fonction de son âge (tous les 5 ans maximum), plutôt que des kilomètres, avec un changement de pompe à eau, éventuellement. Seul son ralenti peut être perturbé avec l’âge en raison du vieillissement des injecteurs. Quelques soucis de pompe de direction assistée peuvent aussi se faire sentir vers 100 000 km. Consommation d’huile à surveiller sur les V6.

Chronologie Audi 80 Cabriolet

  • 1991 : Commercialisation en mai 1991 de l’Audi Cabriolet, basée sur la 80 B4. 2.3E 133 ch uniquement.
  • 1992 : Version 2.8E, V6 de 174 ch, en novembre.
  • 1993 : 4 cylindres 2.0E de 115 ch en janvier et V6 2.6E 150 ch en juin.
  • 1994 : Arrêt du Cabriolet 2.3E en juillet.
  • 1995 : Version 1.9 TDi 90 ch à l’automne. 2.0E 16V de 140 ch en juin.
  • 1996 : Arrêt du 2.0E 16V en juillet.
  • 1997 : 1.8 20V 125 ch en janvier.
  • 1998 : Arrêt du 2.0E 115 ch. Léger restylage du modèle.
  • 2000 : La production du modèle est arrêtée en août.

Production Audi 80 Cabriolet: Entre 1991 et 2000, 72 000 exemplaires ont été produits.

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