L’année dernière, nous avons été quelque peu surpris lorsque Audi a confirmé qu’il entrerait en Formule 1 en 2026. Des rumeurs circulaient depuis de nombreuses années selon lesquelles le groupe Volkswagen envisageait d’entrer dans ce sport avec l’une ou plusieurs de ses marques, alors même qu’Audi et Porsche accumulaient les victoires dans d’autres catégories. Mais ces rumeurs semblaient toujours finir par ne mener nulle part, devenant une sorte de vaporware similaire à l’infâme Duke Nukem Forever.
Cependant, Audi a choisi de concrétiser ses ambitions en F1, en reprenant l’écurie Sauber, à l’aube de l’introduction de nouvelles réglementations techniques. Nous avons récemment rencontré Oliver Hoffmann, membre du conseil d’administration d’Audi en charge du développement technique, qui nous a parlé des projets de l’entreprise en F1 et de la manière dont sa participation à ce sport devrait bénéficier à ses véhicules de route.
Audi, une expérience solide dans le monde de la compétition automobile
Bien qu’Audi soit novice en F1, la marque n’en est pas à ses débuts dans le sport automobile. Dans les années 1980, elle s’est fait connaître grâce à sa technologie de transmission intégrale “quattro” dans le Championnat du monde des rallyes. Plus récemment, elle a dominé les épreuves d’endurance pendant près de deux décennies, remportant les 24 Heures du Mans à 13 reprises entre 2000 et 2016, ainsi que deux championnats du monde d’endurance et neuf championnats de l’American Le Mans Series. En faisant cela, Audi a prouvé la valeur de nouvelles technologies qui ont été transférées à ses voitures de route, telles que les moteurs essence à injection directe, les moteurs diesel turbocompressés à injection directe, les groupes motopropulseurs hybrides et les phares laser, pour n’en citer que quelques-unes.
Pourquoi la Formule 1 ?
Après quelques années de stagnation suite au retrait d’Audi de la compétition automobile à la fin de l’année 2016, les courses d’endurance connaissent une véritable renaissance. Un nouveau règlement a été mis en place, ce qui permet de réduire considérablement les coûts par rapport aux centaines de millions d’euros dépensés par Audi et Porsche pour leurs voitures de course LMP1h d’une complexité diabolique. Audi était prêt à y participer jusqu’à ce qu’il revienne sur sa décision l’année dernière. J’ai demandé à Hoffmann pourquoi l’entreprise opérait un tel revirement lorsque les voitures de sport semblaient être un choix plus évident pour la marque.
“Pour nous, il est très, très important d’être progressistes et d’être des pionniers dans la technologie elle-même. Lorsque nous avons examiné ‘quelle est la bonne série de sports automobiles pour l’avenir’, il était très important pour nous de montrer ‘vorsprung durch technik’ (l’avance par la technologie) et d’être progressistes. Je pense que la Formule 1 est le summum du sport automobile”, m’a-t-il dit.
Ironiquement, ce sont les nouvelles réglementations de contrôle des coûts, ainsi que l’utilisation de pièces standardisées, qui ont conduit à l’arrêt du programme d’Audi en voitures de sport. “J’apprécie vraiment, d’un point de vue économique, de rassembler des solutions technologiques en disant : ‘OK, il y a une solution de plateforme’, mais il n’y a pas suffisamment de place pour innover”, a-t-il expliqué. (Le règlement connu sous le nom de LMDh, auquel Audi devait participer, exigeait des concurrents qu’ils utilisent la même transmission standard, la même batterie hybride et le même moteur électrique.)
Ironiquement, le programme de la Formule 1 visant à maîtriser les coûts a été un facteur déterminant pour rendre cette série plus attrayante pour Audi. Mais ce qui a vraiment séduit la marque, ce sont les nouvelles réglementations relatives aux groupes motopropulseurs qui entreront en vigueur en 2026.
En plus du passage à des carburants neutres en carbone, les nouvelles règles techniques rendent le sport extrêmement attrayant pour les constructeurs automobiles. Ford sera également représenté en F1 en 2026, tout comme Alpine, Honda, Ferrari et Mercedes-AMG. Cadillac cherche également une place sur la grille de départ.
Les voitures de F1 utilisent actuellement deux systèmes hybrides différents. Il y a l’unité de récupération d’énergie cinétique (MGU-K), qui récupère l’énergie cinétique lors du freinage, et l’unité de récupération de chaleur des gaz d’échappement (MGU-H), qui utilise une turbine entraînée par les gaz d’échappement pour recharger la batterie. Le MGU-H s’est révélé extrêmement coûteux à développer et présente des applications limitées pour les voitures de route, c’est pourquoi il sera abandonné en 2026. En revanche, le MGU-K sera beaucoup plus puissant pour compenser cette perte.
En entrant en Formule 1, Audi démontre encore une fois sa volonté d’innover et de repousser les limites de la technologie. Ce nouveau défi permettra à la marque de continuer à mettre au point des solutions technologiques de pointe et de les appliquer à ses véhicules de route, afin d’offrir une expérience de conduite exceptionnelle aux passionnés d’automobiles du monde entier.