En 2004, l’Audi A6 a été renouvelée. Bien que le style ait peu changé, la structure est nouvelle. Le V8 de cette 4,2 l a les mêmes caractéristiques que le V10 de la S6.
Dans sa remarquable ascension, Audi a acquis Lamborghini en 1998. Cela a été bénéfique à la marque de Sant’Agatha, qui a assuré son avenir, mais aussi au constructeur allemand, qui a pu l’utiliser comme une machine à “premiumiser”. En plus d’ajouter à sa gamme la supercar R8, une Gallardo à la sauce Ingolstadt, cela a conféré un prestige extrême au V10 qu’il avait développé pour le taureau italien. Audi a ajouté deux cylindres à son V8 de 4,2 l, donnant naissance au V10 de 5,0 l de la super-GT, en réduisant légèrement son alésage et sa course pour en limiter le poids. Ce moteur a ensuite été utilisé dans ses propres modèles, notamment la berline A6 de génération C6 qui, équipée ainsi, devient la S6.
Plus agressive visuellement que l’A6, la S6 conserve tout de même une certaine discrétion. Ici, en 2006, avec ses petits feux arrière.
Un V10, de surcroît à injection directe, dans cette catégorie, c’est quelque chose d’inédit, du moins chez Audi. Sur la S6, qui l’a récupéré quelques mois après la grande S8, il développe 435 ch, contre 450 ch sur la limousine, question de prestige, vous comprenez. Mais la S6 conserve un avantage en termes de couple, non pas en valeur (540 Nm pour les deux modèles), mais parce que son maximum est atteint 500 tr/mn plus tôt. BMW avait déjà adopté une telle architecture dans sa M5 E60. La S6 est-elle une concurrente crédible ? Pas vraiment. En effet, elle est nettement moins puissante et adopte une transmission intégrale plus axée sur la sécurité que sur les performances. Cette transmission est tout de même équipée d’un différentiel central Torsen, envoyant par défaut 60 % du couple à l’arrière.
La S6 berline a évolué davantage que le break en 2008, adoptant de nouveaux feux arrière à LED.
En ce qui concerne la boîte de vitesses, qui est obligatoirement automatique, elle compte six rapports : il s’agit de l’excellente ZF 6HP26, rebaptisée ici Tiptronic et dotée d’une commande séquentielle. Le choix fait pour la suspension est plus surprenant. Bien sûr, on retrouve celle de l’A6 de base (double triangulation à l’avant, multibras à l’arrière), mais les ressorts restent en métal (pas de système pneumatique) et l’amortissement est passif. Tout a été abaissé et renforcé, mais on peut s’étonner de ce compromis. Surtout lorsque l’on voit le prix de 89 800 €, soit près de 105 000 € actuels selon l’Insee. Un break Avant est également proposé, à 92 200 €. Heureusement, l’équipement est très complet, comprenant des sièges Recaro en cuir-Alcantara avec réglages électriques, un GPS, une climatisation automatique, des phares au xénon, le Bluetooth, etc.
Un break à moteur Lamborghini… ou presque ! Notez les 4 sorties d’échappement sur cette voiture de 2006.
Cependant, les ventes de la S6 seront faibles, d’autant plus qu’en 2008, la redoutable RS6 fait son apparition, équipée elle aussi d’un V10 bi-turbo délivrant près de 580 ch ! En général, la clientèle de ce genre de voiture veut le meilleur du meilleur.
La RS6 inaugure le restylage auquel est soumise la gamme A6, touchant aux phares, aux feux arrière (agrandis), à certains moteurs et aux pare-chocs. Mais la S6 conservera son V10 tel quel et subira donc des modifications minimes. Sa production prend fin en 2011, marquant la disparition des moteurs V10 dans les berlines Audi.
Une S6 phase II de 2008. Les modifications sont difficiles à discerner sur la version break.
Combien ça coûte ?
Les berlines, même sportives, subissent une décote vertigineuse et la S6 ne fait pas exception à la règle. On en trouve à partir de 10 000 €, en cherchant un peu. À ce prix, le kilométrage dépassera les 200 000. Pour 13 000 €, on peut trouver des exemplaires totalisant environ 150 000 km, tandis qu’il faut compter environ 20 000 € pour une S6 affichant moins de 100 000 km. Les breaks, légèrement plus prisés que les berlines, ont une valeur légèrement supérieure.
Quelle version choisir ?
Entre différentes versions de la S6, le choix est vaste… Les différences entre les phases I et II sont minimes, il s’agit donc avant tout de trouver le plus bel exemplaire au meilleur prix. Si vous pensez à la revente, un break semble être préférable.
Les versions collector
Ce sont les versions les moins kilométrées et les mieux équipées. Une voiture en excellent état affichant moins de 50 000 km peut dépasser les 30 000 €. Elle ne perdra pas de valeur si vous roulez très peu.
Que surveiller ?
La S6 est très bien construite et vieillit sans se démoder visuellement : faites donc attention aux compteurs trafiqués sur les voitures en provenance d’Allemagne, par exemple. Une voiture affichant 100 000 km ou 250 000 km aura la même apparence. Cependant, il en va différemment en termes de mécanique. Certains moteurs sont affectés par un problème de chemisage (comme chez Porsche, tiens tiens) et nécessitent d’être remplacés, ce qui coûte environ 20 000 € ! Cela se manifeste d’abord par un ralenti instable et un voyant moteur allumé, puis par des cliquetis et des fumées bleues à chaud. Il est important de vérifier cela avant d’acheter, même si les cas sont très rares.
En outre, l’entretien est assez coûteux, surtout en ce qui concerne l’allumage. Ce ne sont que quelques bougies et bobines à changer vers 100 000 km, me direz-vous. Oui, mais il y en a 10 de chaque ! Nous surveillerons également les tendeurs de chaîne de distribution et les déphaseurs, parfois fatigués vers 130-140 000 km. Enfin, n’oubliez pas de vidanger la boîte de vitesses et les différentiels en temps et en heure.
Cela dit, avec une Audi S6, vous aurez une voiture qui peut rester performante même après plusieurs centaines de milliers de kilomètres.
Au volant
Avec son museau trop lourd, la S6 n’aime pas les virages serrés. Ici, la phase 1 de 2006.
Malgré sa puissance, la S6 reste très discrète, se distinguant principalement par ses jantes de 19 pouces et ses rétroviseurs couleur argent. À l’intérieur, on peut admirer la finition Audi au sommet de son art, inégalée depuis. C’est impressionnant, tant par la qualité des matériaux que par la précision de leur ajustement. Je ne suis pas fan des cadrans qui ressemblent à des montres molles de Dali, mais au moins ils sont lisibles sans avoir à chercher l’affichage que l’on préfère…
Un tableau de bord superbement fini mais parfois complexe. Les palettes de changement de rapport sont bien cachées derrière le volant.
Les sièges Recaro d’origine sont vraiment agréables et la position de conduite frise la perfection. Au démarrage, le moteur émet un son… comme celui de deux moteurs 5 cylindres ! C’est raffiné, original mais très bien étouffé. Mais ça marche fort ! Il y a de la puissance en permanence, ce moteur bien rempli montant jusqu’à près de 7 000 tr/mn sans rechigner. Il confère une saveur unique à la S6, sans avoir besoin de rouler vite, et ça, c’est inestimable en France. La boîte de vitesses est parfois un peu lente mais toujours souple.
L’amortissement est assez ferme : les amateurs de “pullman” devront passer leur chemin. Cependant, cela garantit une tenue de caisse assez efficace et le confort reste respectable : vous pouvez rouler rapidement sans être secoué comme un prunier ni voir la voiture se désagréger. Du moins en ligne droite… Car en virage, il n’y a pas de miracle : le poids du V10 entraîne inévitablement l’Audi vers l’extérieur, même si la transmission envoie principalement le couple à l’arrière. En clair, si vous la brusquez dans les virages serrés, la S6 sous-vire comme une vache sur des patins à roulettes.
Même si l’arrière peut recevoir jusqu’à 85 % du couple, l’arrière de la S6 n’est guère mobile.
Le terrain de prédilection de la S6, c’est l’autoroute à grande vitesse, où elle file droit comme un I, insensible au vent ou à la pluie, grâce au système Quattro offrant une traction optimale. Spacieuse et silencieuse, elle ravira également les familles grâce à son équipement complet et à son excellent système audio Bose (de série). En ce qui concerne la consommation, elle se situe autour de 13 l/100 km en moyenne.
L’alternative youngtimer
Audi 200 Turbo (1983 – 1991)
Une Audi 200 Turbo Avant Quattro de 1984. Un look impressionnant et des performances toujours d’actualité.
À sa sortie en 1982, l’Audi 100 C3 a surpris par son coefficient de traînée exceptionnel de 0,30, garant d’une excellente vitesse de pointe. En 1983, sa version haut de gamme, la 200, reçoit un moteur 5 cylindres turbo de 182 ch qui lui permet d’atteindre 230 km/h, une vitesse rarement atteinte par une berline à l’époque ! Elle défie sans vergogne les BMW 528i et les Mercedes 280E, qu’elle dépasse systématiquement sur l’autoroute. De plus, grâce à sa légèreté (1 330 kg pour 4,80 m, cela fait rêver), elle accélère rapidement même si son train avant souffre de la puissance. Ce modèle commence à établir la crédibilité d’Audi dans le segment haut de gamme, surtout lorsque l’année suivante, il est équipé de la fameuse transmission Quattro. Il est également disponible en version Avant, avec des allures de break de chasse.
En 1988, un restylage intervient, apportant un tableau de bord plus raffiné et une puissance portée à 200 ch, tandis qu’à la fin de l’année 1989, une évolution plus importante est introduite. Le moteur adopte une culasse à 20 soupapes, ce qui lui permet d’offrir une puissance totale de 220 ch ! Cette version, reconnaissable à ses gros pare-chocs américains, atteint plus de 240 km/h et préfigure la fameuse V8. Au total, environ trente mille exemplaires de l’Audi 200 Turbo/Turbo 20v ont été produits. On en trouve à partir de 3 500 € en bon état.
Fiche technique de l’Audi S6 (2006)
- Moteur : V10, 5 204 cm3
- Alimentation : injection directe
- Suspension : jambes McPherson, doubles triangles, ressorts hélicoïdaux, barre antiroulis (AV), multibras, ressorts hélicoïdaux, barre antiroulis (AR)
- Transmission : boîte automatique 6 rapports, transmission intégrale
- Puissance : 435 ch à 6 800 tr/mn
- Couple : 540 Nm à 3 000 tr/mn
- Poids : 1 910 kg
- Vitesse maximale : 250 km/h (donnée constructeur)
- Accélération de 0 à 100 km/h : 5,2 secondes (donnée constructeur)
Retrouvez des annonces de Audi S6 sur le site de La Centrale.
Source : Caradisiac – Audi S6 (2006-2011) : une limousine au moteur de Lamborghini, dès 10 000 €