L’année 2018 a marqué un tournant historique pour l’industrie automobile électrique. Selon JATO Dynamics, cabinet mondial de statistiques automobiles, cette année a été exceptionnelle à bien des égards. Non seulement les ventes de véhicules électriques ont connu une croissance de 72%, dépassant les 2 millions d’unités (y compris les hybrides rechargeables), mais elle a également marqué le passage décisif de tous les constructeurs mondiaux vers une production de masse.
Un trio de leaders solides
L’année 2018 a été marquée par des résultats contrastés, notamment pour le géant Tesla. Après avoir traversé une période difficile sur le plan de la production, l’entreprise a réussi un redémarrage fulgurant avec son modèle tant attendu, la Tesla Model 3. Cette voiture, vendue à partir de 35 000 dollars, a mis du temps à sortir des chaînes de montage mais elle a rapidement conquis le marché en se vendant à 130 000 exemplaires en quelques mois seulement. Elle représente à elle seule 7% du marché mondial.
Les ventes totales de la Model 3 représentent près du quart des 550 000 véhicules produits par Tesla depuis ses débuts. Cette situation a considérablement favorisé l’entreprise américaine qui devrait continuer à en profiter largement, d’autant plus qu’un nouveau modèle, le Tesla Model Y, a été récemment présenté. Il s’agit d’un SUV basé sur la Model 3, un segment très populaire représentant désormais 40% du marché européen.
En deuxième position, le constructeur chinois BYD reste un concurrent de taille, bien qu’il soit principalement axé sur son marché intérieur. Sa citadine EC s’est vendue à 92 000 exemplaires. L’alliance Renault-Nissan-Mitsubishi occupe la troisième place avec trois modèles à succès : la Nissan Leaf (80 000 unités), la Renault Zoé (40 000 unités) et le Mitsubishi Outlander PHEV (41 000 unités).
La percée de BMW
Cependant, le fait marquant de cette année est la multiplication des constructeurs proposant des offres alternatives avec succès. Bien que les ventes de ces modèles restent limitées pour l’instant, ces constructeurs s’inspirent du succès de Tesla et préparent d’énormes investissements pour accélérer la production à l’avenir.
La percée la plus impressionnante a été réalisée par BMW, qui a électrifié sa gamme et a connu une croissance spectaculaire en 2018. Sa série 5 hybride rechargeable s’est vendue à 40 000 exemplaires et sa petite voiture électrique, la BMW i3, a atteint les 34 000 unités vendues.
2018, l’année de l’I-Pace
L’année dernière a également été marquée par le lancement de produits révolutionnaires, susceptibles de bouleverser le marché en raison de leur taux de croissance exceptionnel. Le Jaguar I-Pace, un SUV de luxe entièrement électrique, élu voiture de l’année 2019, s’est vendu à 7 000 exemplaires en quelques mois seulement, malgré son prix avoisinant les 100 000 euros. Sur certains marchés et durant les derniers mois de l’année, il a même dépassé Tesla, notamment sur le marché norvégien, considéré comme un marché-test pour les voitures électriques.
Ces chiffres montrent que dans un segment connaissant une croissance aussi rapide et avec des produits capables de perturber dès leur lancement l’ensemble du marché automobile, l’année 2019 s’annonce intense. Selon les tendances actuelles, Tesla semble se diriger vers une année de reconquête et pourrait même retrouver sa suprématie grâce à la Model 3.
Bataille de marché, bataille de valeur
Cependant, l’arrivée progressive de nouveaux modèles hybrides rechargeables chez les grands constructeurs généralistes, tels que PSA, Renault-Nissan-Mitsubishi, associés aux ambitions fortes de Volkswagen avec l’Audi E-Tron et Porsche Taycan, ainsi que la montée en puissance des constructeurs coréens Hyundai et KIA, ouvriront la voie à une bataille commerciale féroce.
Cette bataille commerciale sera complétée par une bataille de valeur. Si Tesla domine actuellement le marché, c’est parce que l’entreprise n’a produit que des voitures électriques depuis le début. Elle a ainsi développé un écosystème, un outil industriel et un modèle économique centrés sur ces produits. Les grands constructeurs généralistes devront quant à eux se battre davantage pour gagner des parts de marché, tout en faisant face à la problématique de la valeur. En effet, les véhicules électriques nécessitent 30% de main-d’œuvre en moins que leurs équivalents thermiques et sont vendus de 20 à 50% plus cher, alors que la majeure partie de la chaîne de valeur profite aux fabricants de batteries et de composants.
En conclusion, l’année 2018 a été marquée par un record de croissance et de ventes pour l’industrie automobile électrique. Les constructeurs mondiaux ont pris conscience du potentiel de ce marché en rapide expansion et rivalisent désormais pour s’y imposer. Avec l’arrivée de nouveaux modèles et l’engagement des constructeurs traditionnels, l’année 2019 promet d’être riche en rebondissements et en innovations.
