Le saviez-vous ? La distance moyenne du trajet domicile/travail est de 19 km (38 km aller-retour)*. Au quotidien, l’autonomie des voitures électriques ne pose aucun problème. Il reste même une marge confortable pour faire les courses, rendre visite à des amis, ou chercher les enfants à l’école.
En revanche, les choses se compliquent lors des week-ends ou des vacances. Peu importe l’autonomie moyenne (qui prend en compte la conduite en ville, sur route et sur autoroute), c’est l’autonomie sur autoroute qui compte. Et c’est précisément cette mesure que nous prenons en compte.
C’est donc selon ce critère que nous avons classé les modèles dans chaque catégorie. Mais ce n’est pas le seul critère pour déterminer quelle voiture est la meilleure pour les longs trajets. En effet, en plus de l’autonomie pure et dure, le temps de recharge est primordial. La puissance du chargeur embarqué et la courbe de charge sont donc également des facteurs à prendre en compte.
Par exemple, les modèles coréens Ioniq 5 et Hyundai EV6 sont capables de récupérer plus de 250 km d’autonomie (de 10 à 80% de la batterie) en seulement 18 minutes sur une borne de recharge rapide. En revanche, une Renault Zoe met 1 heure pour “reprendre” 100 km (de 0 à 33%) !
En plus de ces éléments, la température extérieure a également une influence importante sur l’autonomie d’une voiture électrique. Elle affecte également la vitesse de recharge : de plus en plus de modèles incluent un préchauffage de la batterie pour recharger plus rapidement par temps froid.
Enfin, il est important de noter que les autonomies que nous mentionnons sont théoriques car elles supposent une utilisation de la batterie à 100%. En réalité, vous n’irez que rarement en dessous de 10% de réserve, au cas où la prochaine borne de recharge serait hors service.
De même, lorsque vous rechargez sur autoroute, vous n’irez presque jamais jusqu’à 100% car la vitesse de charge se ralentit généralement après 80%.
Ceci explique pourquoi la plupart des temps de charge annoncés par les constructeurs correspondent à une recharge de 10 à 80% : c’est dans cette plage que vous perdrez le moins de temps à la station. Bon voyage !
Segment 1 : les citadines électriques
1ère : Renault Zoe
Avant de prendre sa retraite, la Zoe se démarque en tête des citadines en termes d’autonomie sur autoroute. Elle occupe même les deux premières places avec les versions R110 et R135, qui bénéficient de la même batterie (52 kWh bruts, 50 kWh utiles) et affichent la même autonomie selon nos mesures.
Une bonne nouvelle à tempérer immédiatement par une moins bonne : la Zoe mettra plus de temps à se recharger sur les bornes rapides d’autoroute, car elle ne dispose pas d’un chargeur rapide de série.
Pour accéder à un chargeur de 50 kW (1000 €), il faut opter pour les options, tandis que les concurrentes du groupe Stellantis disposent d’un chargeur 100 kW de série. Par conséquent, la Zoe mettra deux fois plus de temps à se recharger sur une borne rapide. Paradoxalement, malgré son autonomie sur autoroute, elle n’est pas idéale pour les longs trajets.
En revanche, en ville, elle est équipée en série d’un chargeur 22 kW qui lui permet de tirer avantage des bornes de recharge en courant alternatif les plus courantes en ville : une caractéristique parfaitement adaptée à une citadine… La Zoe devrait quitter la scène d’ici début 2024, laissant place à la R5.
2ème : Opel Corsa-e
La Corsa-e est la sœur technique de l’e-208, partageant la même batterie de 50 kWh bruts (46 kWh utiles) et le même moteur de 136 ch. Son autonomie sur autoroute est légèrement inférieure à celle de la Zoe, mais elle se défend également bien, voire mieux, sur route et en ville.
Elle est mieux équipée que la Renault pour la recharge sur autoroute, avec un chargeur 100 kW de série, ce qui lui permet théoriquement de passer de 0 à 80% en 30 minutes, selon Opel. En revanche, en ville, elle est limitée à 7,4 kW en série pour la recharge, et propose en option 11 kW pour 400 €.
3ème : Peugeot e-208
Les fluctuations des mesures… C’est ce qui fait que l’e-208 va légèrement moins loin que sa jumelle, la Corsa. Il serait mieux de dire qu’elles sont à égalité, car elles utilisent les mêmes batteries et le même moteur, et ont une taille similaire : 4,06 m chacune, avec un poids de 1 498 kg pour le modèle allemand et de 1 502 kg pour le modèle français…
Dans les deux cas, la meilleure autonomie est obtenue en mode Éco, avec une diminution du couple et des performances, tandis que les meilleurs chronos nécessitent le mode Sport, au détriment de l’autonomie.
Mais attention : la Smart Fortwo EQ ne vous emmènera pas loin, avec une batterie de seulement 17,6 kWh (soit 3 fois moins que la Zoe), ce qui lui limite son autonomie sur autoroute à 75 km, et en moyenne à 95 km ! À sa décharge, avec ses 2,70 m de long, elle n’a pas beaucoup de place pour une grande batterie…
Segment 2 : les berlines électriques
Les compactes
Renault Mégane E-Tech : en attendant l’ID.3…
Comme chez les citadines, une Renault arrive en tête dans la catégorie des compactes. La Mégane E-Tech pourrait même occuper les deux premières places du podium avec ses deux versions de 130 ch et 220 ch.
La version qui va le plus loin atteint 320 km sur autoroute avec son moteur de 130 ch, qui se montre un peu plus efficient que celui de 220 ch. La Mégane E-Tech est désormais équipée, quelle que soit sa variante, d’un chargeur DC (courant continu) de 130 kW, ce qui permet, selon Renault, de passer de 0 à 100% en 1 h 14.
Il convient de noter que la Mégane est proposée avec deux chargeurs AC (courant alternatif) au choix, de 7 ou 22 kW. Cependant, le chargeur plus petit ne comprend pas le pré-conditionnement de la batterie pour les recharges rapides en série.
Il est donc nécessaire de sélectionner l’option Pack Performance Autonomie à 600 €, qui permet de préchauffer la batterie lors d’un arrêt programmé en hiver et d’accélérer la charge. Selon Renault, cela permet de gagner 15 minutes lors d’une recharge effectuée à 0 °C.
Il convient de noter que si, pour le moment, la Mégane détient la meilleure autonomie parmi les compactes, l’arrivée de la Volkswagen ID.3 avec une batterie de 77 kWh devrait changer la donne. Cependant, nous n’avons pas encore pu la mesurer…
Les familiales
Hyundai Ioniq 6 : tout juste arrivée !
Elle vient de commencer sa carrière, mais elle se positionne déjà en tête de sa catégorie en termes d’autonomie sur autoroute grâce à son excellent coefficient de traînée annoncé entre 0,21 et 0,22.
Notre modèle d’essai était équipé de vrais rétroviseurs, et non de rétroviseurs caméra, ce qui permet de réduire le coefficient de traînée à 0,21. Ainsi, l’Ioniq 6 pourrait encore faire mieux !
Cette berline reprend la même partie mécanique, batterie et plateforme que l’Ioniq 5 (avec un coefficient de traînée de 0,28), mais se distingue par son design et son coefficient de traînée, qui lui permettent, selon nos mesures, de gagner plus de 100 km d’autonomie sur autoroute. C’est énorme !
L’Ioniq 6 bénéficie également du système de recharge de sa sœur technique, lui permettant de parcourir plus de 250 km en 18 minutes sur une borne rapide. De quoi reprendre la route plus rapidement que beaucoup d’autres voitures !
Les grandes routières
Mercedes EQS : la meilleure de toutes !
En tête de la gamme électrique de Mercedes, l’EQS affiche tout simplement la meilleure autonomie électrique de tous les modèles de notre base de mesures. Pour cela, elle utilise la plus grande batterie actuellement disponible sur le marché, avec 108 kWh utiles.
Elle bénéficie également d’un coefficient de traînée de 0,20, le meilleur chiffre sur le marché ! La version d’EQS qui atteint les 500 km d’autonomie sur autoroute est la 450+, avec une puissance de “seulement” 333 ch. Choisissez entre accélérer rapidement ou rouler longtemps !
Dans le même genre, la Tesla Model X Plaid, dotée de 1020 ch et de performances délirantes (0 à 100 km/h en 19,1 s !), n’est pas très loin avec une autonomie sur autoroute de 375 km et une autonomie moyenne presque identique à notre EQS (430 km contre 435 km).
Ces voitures jouent dans la démesure, et c’est peut-être précisément ce que leurs propriétaires recherchent lorsqu’ils achètent ces véhicules coûtant plus de 100 000 €.
Segment 3 : les SUV urbains et compacts électriques
1er : Hyundai Kona
Le Kona a impressionné dès son lancement en 2018 grâce à son autonomie nettement supérieure à celle de la concurrence (et toujours inégalée 5 ans plus tard). Aujourd’hui, cette version arrive en fin de vie, avec une nouvelle génération prévue pour juin 2023.
Le nouveau Kona devrait faire mieux, même si sa batterie n’évolue que légèrement, passant de 64 kWh à 65,4 kWh. Espérons que l’augmentation de sa taille (+ 15 cm) ne l’alourdisse pas trop.
Le Kona fait partie de ces modèles qui offrent le choix entre une version hybride simple, une version hybride rechargeable et une version entièrement électrique. La version électrique se distingue par une calandre pleine, qui permet de réduire un peu plus le coefficient de traînée, toujours précieux, surtout sur autoroute.
En revanche, bien qu’il arrive en tête en termes d’autonomie, il est lent à recharger car il se limite à 77 kW sur les bornes rapides. Le constructeur coréen dépasse généralement ses propres chiffres (le Kona atteint parfois 80 kW), mais cela reste faible par rapport à la concurrence actuelle.
2ème : Kia E-Soul
La troisième génération du Soul n’est plus disponible en Europe qu’en version électrique. Il s’agit en fait d’un clone technique du futur Kona.
Il est donc logique qu’il se classe juste derrière, avec des performances similaires en termes d’autonomie (voire meilleures en autonomie moyenne grâce à de meilleurs résultats sur route et en ville) et le même problème de recharge rapide, limitée à 77 kW.
Tout comme son jumeau coréen, le Soul est disponible en deux versions de 136 ch et 204 ch, avec des batteries respectives de 39 kWh et 64 kWh.
3ème : Kia Niro
Ce sont donc les constructeurs coréens qui trustent le podium et laissent derrière eux des modèles pourtant beaucoup plus chers.
Le Niro de ce podium est la nouvelle version, lancée fin 2022, qui dispose d’une batterie légèrement plus grande mais affiche également une vitesse de charge plus lente, passant de 77 kW à 72 kW.
Malgré cela, nos recharges ont été un peu plus rapides, l’électronique se chargeant apparemment de maintenir une vitesse de charge plus élevée pendant plus longtemps. Cependant, ces temps de recharge (43 minutes pour passer de 10 à 80%) sont aujourd’hui dépassés.
Segment 4 : les grands SUV électriques
1er : BMW iX xDrive50
Ce véhicule imposant (il faut le voir pour le croire !) cache un atout de taille : sa grosse batterie de 105,2 kWh utiles ! Associée à un coefficient de traînée surprenant compte tenu de sa silhouette (0,25 !), elle lui permet d’obtenir la première place en termes d’autonomie sur autoroute, avec 415 km.
Quant à la recharge, l’iX peut atteindre (et dépasser légèrement) 200 kW au maximum, ce qui lui permet de passer de 0 à 80% en 40 minutes, donc un peu moins si vous démarrez à 10 ou 15%. Cela peut sembler un peu décevant, mais il faut rappeler que la taille de la batterie augmente nécessairement le temps de recharge.
Le modèle de 523 ch “seulement” occupe la première marche du podium, le M60 de 619 ch se classant quant à lui en bas du podium en raison notamment de son poids plus élevé (2 650 kg contre 2 592 kg) et de pneus plus larges (315 mm à l’arrière !), qui pénalisent le coefficient de traînée.
Dans le même genre, la Tesla Model X Plaid, avec ses 1020 ch et ses performances délirantes (0 à 100 km/h en 19,1 s!), n’est pas très loin puisqu’elle peut tout de même atteindre 375 km sur autoroute et affiche même une autonomie moyenne presque identique à notre iX (430 km contre 435 km).
Ces modèles sont démesurés, et c’est peut-être précisément ce que recherchent leurs propriétaires qui, pour la plupart, dépassent largement les 100 000 €.
2ème : Skoda Enyaq Coupé 80
Bien moins puissant et moins cher, il va moins loin sur autoroute que l’iX de BMW, mais plus loin sur tous les autres types de terrain et en moyenne. Cela malgré une batterie beaucoup moins imposante (77 kWh), ce qui se traduit par une bien meilleure efficacité énergétique avec une consommation de 17,5 kWh/100 km, contre 24,1 kWh pour l’iX.
En ce qui concerne la recharge, il s’en sort presque aussi bien que l’iX, passant de 5 à 80% en 35 minutes. Certaines versions de l’Enyaq prévoient même de remplacer leurs chargeurs embarqués de 135 kW par des chargeurs de 150 kW, afin de passer moins de temps à la borne.
3ème : Volkswagen ID.5 Pro Performance
Il s’agit d’un clone technique de l’Enyaq, qui se classe à la troisième place, logiquement puisqu’il utilise les mêmes composants.
Nous avons placé la version tchèque devant pour ses quelques kilomètres supplémentaires en autonomie en ville et sur route, mais il serait plus juste de les considérer à égalité.
L’ID.5 est la version “coupé” de l’iD.4, tout comme l’Enyaq existe en version standard et coupé. L’Audi Q4 reprend également la même plateforme, avec une version coupé appelée Sportback. L’uniformité à son paroxysme…
Segment 5 : les hybrides rechargeables
La barre des 100 km est franchie !
Une autre catégorie est également très concernée par l’autonomie électrique : les hybrides rechargeables.
Tout comme les voitures entièrement électriques, ces véhicules peuvent fonctionner uniquement à l’électricité, mais pendant une durée limitée. Leur autonomie en mode zéro émission a toutefois progressé de manière spectaculaire, à tel point que certains modèles revendiquent déjà plus de 100 km selon la norme WLTP, sur laquelle se basent les constructeurs.
Nos mesures, plus réalistes, tempèrent un peu leurs performances, mais la Mercedes Classe C 300 e atteint en moyenne 90 km et même 102 km sur autoroute ! Des chiffres que vous retrouverez dans le tableau ci-dessus, qui présente les 10 meilleurs véhicules hybrides rechargeables de notre base de mesures en termes d’autonomie moyenne.
Ces hybrides rechargeables sont théoriquement destinés à être utilisés pour les trajets quotidiens (en ville et en périphérie) en utilisant l’électricité, et pour les vacances en utilisant le moteur thermique. Il convient de noter que les Mercedes qui occupent les trois premières places sont équipées de batteries de 25 à 31 kWh, soit plus que la première Renault Zoe !
Elles disposent également de chargeurs DC pour une recharge rapide, ce qui était impensable il y a seulement cinq ans ! Un autre élément à prendre en compte est la consommation de carburant une fois la batterie déchargée : c’est là que la BMW Série 2 Active Tourer prend la première place, devant les jumeaux RAV4/Across. Sur de longs trajets, ce sont eux qui reviendront le moins cher parmi les hybrides rechargeables.
L’avis de l’Auto-Journal
Les choses bougent dans le domaine des voitures électriques ! Il y a seulement cinq ans, rouler plus de 300 km en une seule charge était extrêmement rare. Aujourd’hui, la barre des 400 km d’autonomie sur autoroute est franchie… par les voitures les plus coûteuses.
Les modèles plus accessibles, malheureusement, ont une autonomie beaucoup plus limitée. Cependant, avec des vitesses de charge plus rapides et un réseau de bornes en constante expansion, il devient de plus en plus envisageable de voyager loin en voiture électrique… même si cela reste plus long et plus compliqué qu’avec une voiture à essence ou diesel.
Retrouvez notre dossier d’analyse de l’autonomie de 88 modèles hybrides et électriques du marché dans l’Auto-Journal n°1132 du 20/04/2023.