BMW et Renault plongés dans un scandale écologique autour des voitures électriques

BMW et Renault plongés dans un scandale écologique autour des voitures électriques

Le bonheur de Renault suite à l’annonce de sa nouvelle Twingo à un prix inférieur à 20 000 euros n’aura été que de courte durée. En effet, les constructeurs automobiles se vantent souvent de l’aspect écologique des voitures électriques, qui ne produisent aucun gaz polluant lors de leur utilisation. Cependant, nous savons tous que l’extraction de minerais rares nécessaires à la fabrication des batteries est un non-sens écologique.

Les voitures électriques ont un point de basculement, selon Jarod Kelly, ingénieur analyste des systèmes de véhicules à la bibliothèque nationale d’Argonne. En moyenne, ce point de basculement se situe à 70 000 kilomètres, lorsque les économies d’émissions compensent l’empreinte de fabrication. Cette fois-ci, cependant, Renault et BMW sont confrontés à un problème bien plus grave.

Une mine de cobalt contaminée par l’arsenic

L’extraction de cobalt est nécessaire pour la production des batteries des voitures électriques. Une enquête réalisée par Reporterre révèle que les constructeurs Renault et BMW se fournissent dans une mine de cobalt située au Maroc, exploitée par l’entreprise Managem. Cette entreprise se vante d’un approvisionnement durable en cobalt responsable, mais semble être responsable d’une catastrophe écologique et sanitaire dans la ville de Bou Azzer.

Malgré les dénégations de Managem, d’importantes traces d’arsenic sont présentes dans la vallée où l’entreprise déverse ses déchets miniers depuis des années. Les eaux de la rivière la plus proche de la mine contiennent des matières sableuses contenant cinquante-deux fois la valeur seuil en arsenic. De plus, l’eau potable des puits aux alentours présente quarante fois la valeur admissible d’arsenic. Cette contamination est confirmée par la concentration d’arsenic 1890 fois supérieure à la valeur seuil dans l’eau collectée dans la rivière au pied de la mine.

Une extraction d’arsenic sans protection respiratoire

Dans la mine de Bou Azzer, l’extraction de cobalt représente seulement 2000 tonnes par an, alors que l’extraction d’arsenic en représente 7000 tonnes. Les mineurs respirent quotidiennement cet air pollué sans aucune protection respiratoire, car les pierres sont réduites en poussière. De nombreux travailleurs présentent des signes évidents d’intoxication à l’arsenic. Les photos officielles de l’entreprise Managem montrent les mineurs sans masque, ce qui expose ces travailleurs à un risque élevé de cancer et de silicose.

Un scandale qui éclabousse les deux marques

BMW, qui prétend se procurer du cobalt auprès de “mines responsables”, devrait revoir sa position et ne pas se contenter des communications de l’entreprise d’extraction de minerai. Ce qui se passe dans la ville de Bou Azzer illustre le paradoxe des voitures électriques. Bien qu’elles ne polluent pas nos villes et nos campagnes, ne délocalisons-nous pas simplement la pollution ?

Cette situation affecte autant BMW que Renault, qui n’ont jamais effectué d’audit sur place avant de communiquer abondamment sur leur source de cobalt responsable. Depuis 2017, la loi française oblige pourtant les constructeurs à prévenir les dommages pouvant être causés par un fournisseur, ce qui met en évidence le manquement de Renault qui s’est approvisionné auprès de la même source que BMW sans effectuer de recherches préalables.

Le groupe allemand a été informé de ces problèmes et a déclaré qu’il demanderait un examen complet à son fournisseur, tout en se préparant à exiger des contre-mesures immédiates. Cette situation compliquée ne contribuera pas à la bonne réputation des batteries produites pour les véhicules électriques.

  • BMW et Renault se fournissent tous les deux en cobalt chez le même fournisseur.
  • Le minerai nécessaire à la production de batterie pour voiture électrique est fourni par la société marocaine Managem, détenue par la famille royale.
  • Cependant, celle-ci a des pratiques totalement destructrices pour l’environnement ainsi que pour la santé de ses travailleurs.