Bornes de recharge : la compétition s’intensifie entre les start-up du secteur

Bornes de recharge : la compétition s’intensifie entre les start-up du secteur

Dans un marché généralement déprimant, les start-up spécialisées dans les bornes de recharge ne connaissent pas la crise. Avec 250 millions d’euros levés récemment auprès d’un fonds de pension néerlandais, la start-up Driveco, créée en 2016, continue de surfer sur une tendance forte des derniers mois. Allego, Electra, Bump, Zeplug, Logivolt… toutes ces start-up ont réussi à lever des sommes considérables grâce aux fonds d’infrastructure pour accompagner l’électrification.

Malgré cela, les spécialistes estiment que près de 80% de la charge se fera dans la sphère privée. Ce marché semble donc principalement réservé aux énergéticiens. EDF, Engie, TotalEnergies disposent déjà d’un contact direct avec les clients grâce à leur fourniture d’électricité et proposent des solutions prêtes à l’emploi sur le marché. Cependant, les copropriétés et les entreprises, moins captives des trois grands énergéticiens, restent des relais de développement pour les start-up.

Retour sur investissement

Mais c’est surtout la recharge dite publique (20% du total) qui intéresse les acteurs du secteur. Selon les données de l’Avere, entre 330 000 et 480 000 points de recharge ouverts au public seront nécessaires d’ici 2030 pour accompagner la montée en puissance du véhicule électrique. Cela représente plus de trois fois le nombre actuel de bornes. Cependant, la bataille s’annonce féroce. Les énergéticiens mentionnés précédemment disposent de réseaux le long des axes routiers, tout comme les constructeurs automobiles tels que Tesla, BMW, Volkswagen, Ford, Mercedes (réseau Ionity) et Renault (réseau Mobilize).

Selon Ion Leahu-Aluas, directeur général de Driveco, “Il n’y a que 1,2 million de véhicules électriques ou hybrides sur 38 millions en France aujourd’hui. Cela laisse de la place pour de nombreux acteurs. D’autant que l’interdiction des véhicules thermiques en 2035 va stimuler le marché”. Cependant, même si la présence de fonds d’infrastructure au capital donne de la visibilité, le retour sur investissement sera une question à résoudre un jour. En effet, les bons emplacements générant du trafic ne sont pas illimités. “Il existe des endroits clés à prendre et les start-up ont tout intérêt à créer les réseaux les plus pertinents tant qu’il est facile de lever des fonds”, estime Simon Issard, spécialiste pour le cabinet Colombus Consulting.

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Pour amortir les coûts d’installation des bornes, qui peuvent s’élever à plusieurs centaines de milliers d’euros, il est essentiel que leur utilisation soit soutenue. Driveco, ainsi que d’autres acteurs du secteur, tentent d’établir des modèles de prévision du trafic. Cependant, ils manquent encore de recul. Dans certaines zones plus risquées, il n’est pas rare de voir des développeurs de bornes demander aux propriétaires des terrains concernés de prolonger la durée de la concession pour assurer une rentabilité. En plus du trafic, la fiabilité des bornes doit être irréprochable. Selon les analystes, le taux de disponibilité des bornes en France est actuellement d’environ 80%. Enfin, la simplicité pour l’utilisateur final doit être au rendez-vous.

Certes, la plupart des start-up visent le marché européen, ce qui augmente les perspectives de croissance. L’hétérogénéité des usages ainsi que le boom attendu de la mobilité électrique soutiennent actuellement une myriade d’acteurs. Cependant, compte tenu des sommes engagées pour l’installation et l’exploitation d’un réseau de bornes, ainsi que des avantages économiques liés à ces infrastructures, la concentration semble inévitable à long terme. “Les acteurs qui ont réussi à créer un bon réseau, avec une qualité de service importante et une notoriété auprès de leurs utilisateurs, pourront continuer à prospérer, mais d’autres disparaîtront ou seront rachetés”, conclut Simon Issard.