Bouderie : Le piège du silence dans les relations

Relations: silence, on boude!

Bien que bouder soit souvent considéré comme un comportement enfantin, avouons-le, nous avons tous déjà fait la tête au lieu de dire ce que nous avions sur le cœur. Mais ce comportement pénible n’est en aucun cas une méthode miracle pour obtenir ce que nous voulons.

Le silence qui en dit long

Un jour, un client responsable qualité dans une grande entreprise m’a confié que l’un de ses collègues lui faisait la gueule depuis une réunion où il avait pris une position forte sur des procédures. Sans un mot, ce collègue l’évite désormais et ne lui adresse même plus un bonjour.

Nous reconnaissons tous ce comportement infantile. Et pourtant, répondre à quelque chose qui nous déplaît par un silence chargé de sous-entendus est une stratégie qui, avouons-le, remporte souvent un franc succès à tout âge. Ignorer quelqu’un parce que nous jugeons sa façon d’interrompre en réunion inacceptable, ou pour toute autre raison liée à nos valeurs ou à nos vertus offensées, nous avons parfois tendance à penser que cela en vaut la peine et que cela lui servira de leçon.

Il s’agit d’une mini-manipulation visant à attirer l’attention sur notre désapprobation silencieuse et douloureuse. Nous avons tous vécu cela : le conjoint, le parent, le proche ou le collègue qui se drapent dans une dignité outragée, qui se murent dans un mutisme prêt à avaler le moindre murmure dans le vaste trou noir de la réprobation. D’ailleurs, qui parmi nous n’a jamais caché ses reproches derrière un voile de silence prétendument pudique ?

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Bien sûr, la plupart du temps, nous n’avons pas l’intention de manipuler : le silence de la bouderie est un appel maladroit de quelqu’un qui a du mal à exprimer son mécontentement, tout en étant convaincu que ses droits ont été bafoués, ses valeurs piétinées, et ses limites largement dépassées.

Le problème, c’est que bouder ne résout rien et que cela devient rapidement un moyen de pression pour tenter de prendre le pouvoir sur l’autre en le faisant culpabiliser de notre immense malheur. Attention à ce coup d’État dans la relation, car celui qui cède à cette forme de chantage affectif finira par être pris au piège de la culpabilisation récurrente.

La bouderie est un comportement passif-agressif par excellence. Elle peut venir d’un schéma de Victime/Persécuteur, d’un besoin de reconnaissance, d’amour, de la peur du rejet si l’on s’affirme, ou simplement d’une incapacité à exprimer ses émotions. En somme, c’est un comportement directement lié à un manque d’estime de soi. Et le problème, c’est que bouder nos contemporains est surtout un excellent moyen d’obtenir l’inverse de ce que nous voulons, et de finir abandonnés par des interlocuteurs exaspérés. La bouderie est une stratégie d’échec.

Sortir du silence

La seule façon de résoudre un différend avant qu’il ne se transforme en conflit ou en guerre est de dire clairement et simplement ce qui ne va pas. Et de le faire avec élégance et bienveillance, en utilisant une communication non violente. Seuls les lâches et les faibles règlent leurs problèmes relationnels à coups de rouleau-compresseur.

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Cependant, quelque chose vous empêche de le faire, sinon vous l’auriez déjà fait ! Commencez par identifier les mécanismes qui vous poussent à faire la tête au lieu de dire ce qui ne va pas. Quelles sont les situations où vous avez tendance à bouder ? Avec qui ? Que souhaitez-vous exprimer précisément dans ces cas-là ? Qu’est-ce qui vous en empêche ? Quelles sont vos craintes ?

Aussi, avez-vous déjà été confronté à des bouderies ? Comment réagissez-vous ? Êtes-vous satisfait de ce que vous obtenez ?

Face à un boudeur

Si vous avez affaire à quelqu’un qui boude, sachez qu’il tente d’attirer votre attention sur sa désapprobation silencieuse. Évitez de rentrer dans ce jeu de pouvoir. Expliquez-lui que vous êtes prêt à l’écouter lorsqu’il sera prêt à vous exprimer clairement et calmement ce qui le chagrine (plutôt que de tenter de vous culpabiliser par son silence). Continuez à vaquer à vos occupations comme si de rien n’était, sans vous laisser atteindre par la culpabilité. Vous avez peut-être commis une maladresse, mais tant que cela n’a pas fait l’objet d’un échange ouvertement détaillé, cela ne compte pas. Il sera toujours temps de réparer vos erreurs lorsque les dommages auront été officiellement évalués !

Lorsque votre boudeur décidera finalement de vous parler, rappelez-vous combien cela lui est difficile et combien il est vulnérable. Accueillez-le avec bienveillance, faites preuve d’empathie, pratiquez l’écoute active et, si nécessaire, présentez des excuses sincères. Cherchez un terrain d’entente et, à l’instar des singes qui clôturent toujours leur conflit, réconciliez-vous !

La tentation de la bouderie

Et si c’est vous qui avez une envie irrésistible de faire la tête pendant une heure ou deux ? Faire la gueule n’est pas une solution, mais il est légitime d’avoir besoin de prendre du recul pour réfléchir sereinement à sa colère et au message réel qu’elle transmet sur votre besoin d’affirmation. Dans ce cas, indiquez à votre interlocuteur que vous avez besoin de quelques minutes pour clarifier ce qui ne vous convient pas, et promettez-lui que vous reviendrez vers lui dès que vous aurez clarifié vos pensées.

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Voici également trois alternatives à la bouderie qui vous permettront de favoriser la relation plutôt que la prise de pouvoir :

  • Si votre intégrité morale ou physique est menacée, si vos valeurs sont remises en question, fixez des limites.
  • Si un comportement vous a déplu, faites une demande assertive ou exprimez un reproche avec élégance.
  • Si ce que l’on attend de vous dépasse les bornes, apprenez à dire non.

En général, n’attendez pas que les limites soient franchies : apprenez aux autres à être en relation avec vous en clarifiant vos attentes et en exprimant vos besoins.

Et dans tous les cas, travaillez votre estime de vous !

redéfinir et réhabiliter la gentillesse