BYD Atto 3 : un SUV électrique chinois qui manque de convaincre

BYD Atto 3 : essai d'une chinoise électrique... que l’on ne recommande pas !

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L’Atto 3 est un SUV électrique de la taille d’un Peugeot 3008.© BYD

Vous êtes-vous déjà demandé ce que BYD (Build Your Dreams) signifie ? Si vous n’êtes pas un passionné d’automobile ou si vous n’avez jamais vu la Grande Muraille de Chine en personne, il est normal que vous ne connaissiez pas cette marque. Mais il se pourrait bien que vous croisiez un jour l’un des modèles de ce grand constructeur chinois dans nos rues. Et ne vous méprenez pas, le terme “grand” n’est pas utilisé ici de manière condescendante. Avec près de 600 000 voitures produites l’an dernier, BYD pèse déjà plus lourd en volumes que Jaguar, Ford et même Seat, bien qu’il soit principalement actif sur son marché national. En effet, depuis sa création en 1995, BYD est devenu une multinationale comptant 30 usines et plusieurs centaines de milliers d’employés dans des secteurs d’activité tels que les batteries, les panneaux solaires, les pièces électroniques et les transports ferroviaires.

BYD, numéro un des ventes de voitures électriques en Chine, mise sur le Vieux Continent pour se développer à l’international. Et la marque a de bonnes raisons d’y croire. Si Aiways peine encore à convaincre en Europe, le succès commercial de la MG4, notamment en France, prouve qu’un constructeur chinois peut séduire les automobilistes exigeants du marché européen. Toutefois, notre essai du SUV Atto3 nous montre que le chemin à parcourir n’est pas si simple…

Atto3 : un design sobre, un format à l’européenne

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L’Atto 3 est un SUV électrique de la taille d’un Peugeot 3008.© BYD

Les créations automobiles de ces dernières années sont de plus en plus longues et larges, confirmant ainsi que les constructeurs européens mettent un point d’honneur à séduire les marchés auxquels leurs véhicules sont destinés. Les SUV de taille XXL, par exemple, deviennent ingérables dans nos petits parkings, et la tendance au design “bling-bling” vise davantage à plaire à Miami et à Shanghai qu’à Bordeaux ou Rome. L’Atto 3, quant à lui, ne tombe pas dans ces travers.

En termes de design, le SUV BYD adopte une approche similaire à celle de Volkswagen : sobre et peu exubérante, dans le but de plaire au plus grand nombre. D’ailleurs, saviez-vous que le chef du design depuis 2017 est Wolfgang Egger, un allemand qui a travaillé chez Alfa Romeo, Seat et Audi ?

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En ce qui concerne ses dimensions, l’Atto 3 est raisonnable avec ses 4,45 m de long, soit la même taille qu’un Peugeot 3008, s’adaptant parfaitement aux attentes d’une famille européenne. Mais c’est à l’intérieur que ce SUV chinois réserve bien des surprises…

Un intérieur original

La planche de bord de l’Atto 3 présente un dessin original. Si les matériaux ne sont pas tous de bonne qualité, l’ensemble fait plutôt bonne impression.© BYD
La planche de bord de l’Atto 3 présente un dessin original. Si les matériaux ne sont pas tous de bonne qualité, l’ensemble fait plutôt bonne impression.© BYD

De nos jours, de nombreux constructeurs se contentent d’un volant, d’écrans et d’un éclairage personnalisable pour concevoir leur tableau de bord. Mais BYD ne suit pas cette tendance. Si les designers ont été plutôt conservateurs en ce qui concerne la carrosserie, ils se sont lâchés sur l’intérieur. Avec des aérateurs ressemblant à des ressorts, des gâchettes d’ouverture de portières discrètement placées au-dessus des haut-parleurs, un levier de vitesse rappelant un instrument de navigation maritime et des rangements en forme de guitare avec de véritables cordes, l’Atto 3 propose un intérieur original. Et le clou du spectacle est sans aucun doute son écran tactile central de 12,8 pouces (ou 15,6 pouces sur les versions haut de gamme) pouvant passer de la position horizontale à la position verticale selon les préférences du conducteur.

Bien que la position verticale de l’écran puisse gêner la visibilité vers l’avant, elle permet d’avoir une meilleure vue de la carte lorsque la navigation est active. Cependant, l’ergonomie de l’écran pourrait être améliorée, notamment en réduisant le nombre de passages nécessaires sur l’écran pour ajuster la climatisation. L’intérieur de l’Atto 3 confirme que la réputation du “Made in China” a évolué. Bien que tous les matériaux ne soient pas de grande qualité, l’ensemble est bien présenté et les assemblages sont plutôt rigoureux, bien plus que dans d’autres productions locales. De plus, grâce à son empattement généreux de 2,72 mètres, l’espace à bord ne manque pas, et le coffre offre une belle capacité de chargement lorsque le plancher est abaissé.

Une batterie innovante et des performances électriques rassurantes

BYD est avant tout un spécialiste mondial des batteries, et c’est donc logiquement que son Atto 3 se démarque des autres sur ce point. Sa batterie, appelée “Blade” en raison de la forme de ses modules disposés verticalement, utilise la technologie LFP (phosphate de fer lithié), qui présente de nombreux avantages, notamment un coût inférieur à la technologie NMC (nickel-manganèse-cobalt) mais une densité énergétique moindre. Avec une capacité de 60,5 kWh, la batterie de l’Atto 3 revendique une autonomie allant jusqu’à 420 km selon le cycle d’homologation WLTP. Bien sûr, cette valeur ne peut être reproduite dans des conditions de circulation réelles, mais elle est suffisamment importante pour rassurer les amateurs de voitures électriques, d’autant plus que la batterie de ce SUV chinois supporte les recharges rapides. Bien que la puissance maximale de charge de 88 kW en courant continu soit inférieure à celle des meilleurs concurrents, elle reste suffisante pour éviter les longues attentes lors des arrêts sur autoroute. Avec son moteur synchrone à aimants permanents de 150 kW (204 ch) placé sous le capot avant, l’Atto 3 offre le dynamisme attendu d’un véhicule électrique, peut-être même un peu trop…

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Du confort, mais…

Avant d’aborder les points négatifs, un rappel important. Si un constructeur peut proposer une voiture identique en Chine, en Europe, aux États-Unis ou au Brésil, cela ne signifie pas qu’elle est identique à tous égards. En effet, outre les différentes exigences locales en matière d’homologation, il est souvent nécessaire d’ajuster les réglages de suspension pour répondre aux attentes des clients et aux spécificités des réseaux routiers. Maintenant que cela est clair, sachez que le confort de conduite prime avant tout en Chine, ce qui se traduit par des réglages de suspension souvent très souples. C’est ce qui interpelle lorsque l’on prend le volant de l’Atto 3, car il offre un confort moelleux qui efface les imperfections de la route, à l’image d’une bonne Citröen. Cette douceur de conduite correspond parfaitement à l’état d’esprit de nombreux conducteurs de véhicules électriques qui recherchent une expérience apaisante. Cependant, ce tempérament placide a un inconvénient qu’il ne faut pas négliger.

Un comportement routier qui laisse à désirer

Le BYD Atto 3 est confortable. Revers de la médaille, son comportement routier est loin des standards exigés en Europe et pas rassurant en manœuvre d'urgence.© BYD
Le BYD Atto 3 est confortable. Revers de la médaille, son comportement routier est loin des standards exigés en Europe et pas rassurant en manœuvre d’urgence.© BYD

En ce qui concerne la tenue de route et l’efficacité, l’Atto 3 ne répond pas aux attentes en Europe. Le premier problème concerne sa motricité médiocre. Il est logique qu’une voiture électrique à traction avant souffre de ce défaut, avec autant de couple (310 Nm) délivré presque instantanément sur les roues avant. Cependant, dans le cas de l’Atto 3, cette caractéristique est mal contrôlée par l’antipatinage, qui intervient trop tardivement et entraîne une perte d’adhérence à l’avant, même sur une route sèche. Bien que l’on puisse s’y habituer en dosant la pédale d’accélérateur, l’Atto 3 souffre d’un autre défaut plus problématique : une sensibilité excessive au roulis et des mouvements de caisse trop prononcés. Ce SUV n’inspire guère confiance sur les routes sinueuses et suscite des interrogations en cas de manœuvre d’urgence ou d’évitement. Certes, à la première sollicitation du volant, l’électronique fige le véhicule pour limiter les mouvements de caisse, mais cela ne suffit pas à combler l’écart avec les standards européens. L’électronique ne peut pas tout faire, et les réglages de suspension, qui doivent être soignés en premier lieu, jouent un rôle essentiel. Il convient de souligner que nous ne critiquons pas gratuitement une voiture chinoise. En effet, nous avons déjà salué la qualité de certaines productions locales, comme MG ou même CF pour les deux-roues. De plus, BYD est capable de faire beaucoup mieux, comme en témoigne notre essai de deux futurs modèles, dont la compacte Dolphin destinée également à l’Europe, reposant sur la même architecture technique que l’Atto 3. Au volant de ce dernier, nous avons réussi à effectuer facilement une manœuvre d’urgence à haute vitesse, sans aucune crainte. Il est donc évident que BYD doit peaufiner ses réglages pour son SUV.

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Prix et distribution : des obstacles importants

La principale carte sur laquelle les constructeurs chinois s’appuient pour séduire le marché européen est un prix agressif. Toutefois, BYD ne cherche pas actuellement à entrer dans une guerre des prix. Avec un prix de départ fixé à 43 690 € (hors bonus CO2) pour la version de base (Active), qui augmente de 3 000 € pour la finition haut de gamme (Design), on ne peut pas dire que le constructeur chinois joue la carte du low cost. La concurrence est évidemment à peu près au même prix, notamment avec la récente baisse des tarifs de Tesla. Par exemple, un Tesla Model Y de base (propulsion), beaucoup plus convaincant, n’est pas beaucoup plus cher en version de base (44 990 €). De plus, BYD ne dispose pour l’instant que d’un nombre très limité de points de vente en France. La marque a donc encore du chemin à parcourir avant de devenir un grand constructeur automobile dans ce pays. Cependant, compte tenu de son évolution fulgurante en seulement 28 ans d’histoire, BYD a les moyens d’y parvenir.

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