BYD. Trois lettres, et une devise en anglais : “Build your dreams” (construisez vos rêves). En moins de trente ans, cette réalité a dépassé de loin le rêve le plus fou. L’année dernière, l’entreprise fondée en 1995 par Wang Chuanfu, un jeune ingénieur visionnaire, a vu ses ventes de véhicules électriques augmenter de 73% pour dépasser le million et demi d’unités. Mieux encore : au dernier trimestre 2023, ce géant, bénéficiant du plein soutien des autorités chinoises, a doublé son concurrent Tesla, selon des chiffres publiés mardi 2 janvier. Elon Musk, quant à lui, reste en tête avec 1,81 million de voitures vendues sur l’ensemble de l’année, soit une progression de 38%.
Des batteries aux voitures électriques
L’histoire de BYD est incroyable. Wang Chuanfu, un scientifique issu d’une famille paysanne, orphelin à l’âge de 15 ans, quitte son laboratoire de recherche sur les métaux non ferreux au milieu des années 1990 pour se lancer dans les batteries rechargeables destinées à l’électronique grand public, grâce à un emprunt de l’équivalent de 300 000 €. Le virage vers l’automobile ne se produit qu’en 2003. Pressentant que le secteur est sur le point de connaître une révolution, Wang Chuanfu rachète un constructeur automobile chinois en difficulté, Qinchuan Auto. Il développe des véhicules hybrides, puis entièrement électriques, et abandonne définitivement les moteurs thermiques en 2022.
Aujourd’hui, BYD figure parmi les grands acteurs de l’industrie automobile. Ses batteries ne se retrouvent plus uniquement dans des téléphones portables, des ordinateurs ou des outils de bricolage, mais occupent également une place centrale – en termes de valeur – dans les voitures électriques.
À l’assaut de l’Europe
BYD propose principalement une gamme de berlines et de SUV, notamment le nouveau Seal U, qu’il prévoit de commercialiser début 2024 dans quinze pays européens, dont la France. Pour l’instant, le géant chinois a opté pour une stratégie “premium accessible” sur le Vieux Continent. En d’autres termes, il cherche à séduire les conducteurs avec des véhicules haut de gamme proposés à des prix qu’il juge raisonnables (environ 40 000 € pour son SUV compact Atto 3 et environ 70 000 € pour sa grande berline Han).
Alors qu’en France, le nouveau bonus écologique est réservé aux véhicules électriques européens, BYD a annoncé fin décembre la construction, d’ici 2025, d’une usine d’assemblage en Hongrie. Lors de sa visite à Shenzhen en juillet dernier, le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, a tenté en vain de convaincre le géant chinois d’ouvrir une unité de production dans les Hauts-de-France, qui comptera quatre méga-usines de batteries électriques d’ici quelques années.
Les autres marques chinoises qui visent l’Europe
Bien que peu connues du grand public européen, les marques automobiles chinoises ont presque toutes été présentes au Salon de l’automobile de Munich (du 5 au 10 septembre) pour tenter de s’imposer sur le marché.
- MG : Ancienne marque britannique rachetée en 2007 par l’équipementier chinois Saic, MG est la marque chinoise la mieux implantée sur le marché européen.
- XPeng : Fondée en 2014 en Chine et cotée aux États-Unis, XPeng se veut l’un des concurrents sérieux de l’américain Tesla.
- Dongfeng : Fondé en 1969, Dongfeng, qui fabrique des voitures et des camions, figurait encore récemment parmi les principaux constructeurs automobiles chinois.
- Leapmotor : Cette jeune start-up entièrement électrique a lancé son premier modèle en 2019 et est arrivée en France au printemps 2023.
- Geely : Le groupe chinois a créé la marque Lynk & Co avec Volvo, qu’il a acquis en 2010, afin de renforcer sa présence en Europe et de cibler une clientèle jeune et connectée. Il possède également la marque Zeekr, lancée en 2021.
- Nio : La start-up fondée en 2014 à Shanghai ambitionne de devenir l’un des cinq plus grands constructeurs automobiles mondiaux d’ici 2030. Elle était absente à Munich.
- Aiways : Également absente à Munich, cette marque entièrement électrique a été créée à Shanghai en 2017 par deux anciens commerciaux de Volvo Chine. Elle propose deux modèles en Europe.
La concurrence chinoise sur le marché automobile européen devient de plus en plus visible. BYD, avec sa montée spectaculaire, se place en tête de cette nouvelle vague de constructeurs venus de l’Empire du Milieu.