La vieillesse, un sujet tabou que personne n’aime vraiment aborder. Pourtant, nous sommes tous concernés, et il est fort probable que nous y passerons un jour. Alors pourquoi les personnes âgées semblent-elles si invisibles dans l’espace public ? Comment changer cette perception ? Avec 6,7 millions de personnes de plus de 75 ans et un chiffre qui pourrait doubler d’ici 2050, la Fondation Partage et Vie a soulevé ces questions lors de ses Estivales en partenariat avec Le Point, le 14 juin dernier à la Maison de la chimie à Paris.
L’invisibilité de la vieillesse
Dans une société de plus en plus axée sur la productivité et la jeunesse, la vieillesse incarne tout le contraire : la lenteur, la dépendance, la faiblesse. Des stéréotypes qui rendent les personnes âgées invisibles, comme le souligne le philosophe et écrivain Roger-Pol Droit : “La méconnaissance de la vieillesse crée une forme d’angoisse inconsciente”. Cette idée est également partagée par la journaliste et essayiste Perla Servan-Schreiber : “On cache les vieux, comme on cache la mort”.
Plusieurs raisons expliquent cette invisibilité
L’allongement de l’espérance de vie, la fin de la cohabitation intergénérationnelle au cours du XXe siècle et l’apparition des Ehpad à la fin des années 1970 ont encore accentué cette invisibilité. Roger-Pol Droit déplore également la représentation des personnes âgées dans la culture et les médias : “inexistantes” ou seulement présentes à travers des drames tels que les scandales dans les Ehpad, la maladie ou les clichés.
Les conséquences de l’âgisme
L’OMS a lancé en 2021 la Décennie pour le vieillissement en bonne santé, dont l’un des axes de réflexion est l’âgisme. La discrimination basée sur l’âge peut avoir des conséquences dramatiques telles que la dépression, l’isolement et la diminution de la qualité de vie. Selon l’OMS, l’âgisme est encore plus universel que le sexisme et le racisme.
Une étape de la vie comme une autre
Il est important de ne pas réduire les personnes âgées à des clichés. Selon les chiffres du gouvernement, seulement 1 personne sur 5 de plus de 85 ans est considérée comme “dépendante”. La vieillesse n’est pas une fin en soi, mais plutôt une continuité, comme le souligne Geneviève Delaisi de Parseval : “À 80 ans, on fait des choses qu’on ne peut pas faire à 40 ans”.
Pour Roger-Pol Droit, la vieillesse offre encore de nombreuses possibilités : “C’est aussi un moment pour soi, une vie collective, où l’on peut être bien dans sa peau et dans sa tête”. Selon Perla Servan-Schreiber, tout est encore possible à cet âge : “On peut essayer de nouvelles choses, faire des rencontres, vivre. Certaines personnes tombent même amoureuses, c’est merveilleux !”
Changer de regard sur les personnes âgées
Selon Geneviève Delaisi de Parseval, tout commence par les personnes âgées elles-mêmes. Il est nécessaire de leur redonner confiance, de leur permettre de se voir comme des ressources en s’impliquant dans des activités associatives. Il est également important de rapprocher les générations, en les faisant vivre côte à côte dans un esprit d’entraide et d’échange d’expériences.
En résumé, changer de regard sur les personnes âgées est essentiel. La vieillesse n’est pas une fin en soi, mais une étape de la vie, pleine de possibilités. Il est temps de donner aux personnes âgées la place qu’elles méritent dans notre société et de valoriser leur expérience et leur savoir-faire.