Le calcul du rapport et de la cote est souvent source de confusion chez de nombreux turfistes. Pourtant, lorsqu’on a pris le temps d’étudier tous les partants pour obtenir un pronostic fiable, il est légitime de vouloir estimer ses gains potentiels. Cet article vous expliquera donc la relation entre la cote et le rapport, ainsi que la façon de déterminer le montant des enjeux sur chaque cheval d’une course hippique, pour anticiper par exemple le rapport probable de notre pronostic quinté.
De la cote au rapport
Il est important de noter que le sens du mot “cote” a évolué dans le langage courant. Par exemple, lorsque l’on dit qu’un acteur a la cote, cela signifie qu’il est très populaire auprès du public et qu’il est susceptible de rapporter beaucoup d’argent à un film. Cependant, dans l’univers des paris hippiques, plus la cote d’un cheval est faible, plus le pari est considéré comme fiable. Un cheval très favori est dit “écrasé d’argent” lorsque sa cote est inférieure à 2. À l’inverse, s’il dépasse 50, il sera considéré comme délaissé et peu prometteur. Entre 10 et 20, on parlera d’”outsider”, et entre 20 et 50, d’”énorme surprise”. La logique financière est simple : le premier, avec une cote de 2, rapporte 1 euro net pour 1 euro misé, tandis que le second, avec une cote de 50, rapporte 49 euros nets pour 1 euro misé.
Cependant, il convient de faire attention à cette évolution du langage. Ce que nous venons d’évoquer correspond en réalité au rapport probable, et non à la cote stricte. Il est important de faire la distinction entre le rapport (ce que vous gagnez lorsque vous remportez votre pari, y compris votre mise) et la cote (le bénéfice net que vous en tirez pour chaque mise engagée, c’est-à-dire ce que vous gagnez en déduisant votre mise).
Calcul de la cote (dans son acception originale)
Le principe de calcul de la cote est simple et logique. Il repose sur la mutualité, c’est-à-dire que les pertes des uns assurent les gains des autres, en fonction des espoirs placés sur chaque cheval. Prenons l’exemple d’une course de 6 partants et imaginons le tableau des enjeux engagés sur chacun lors d’un mini pari mutuel :
La masse totale des enjeux s’élève à 100 euros, et on peut constater que le cheval A est le grand favori, avec la moitié des enjeux qui se porte sur lui. À l’inverse, le cheval C est très délaissé, avec seulement 1% de confiance financière. Avant de calculer les cotes de chaque cheval, il est nécessaire de connaître le taux de prélèvement de l’opérateur, qui enregistre, regroupe les enjeux et redistribue les gains. Peu importe le nom du gagnant, car l’opérateur prendra une proportion fixe de la masse d’argent engagée, une fois ses frais de fonctionnement couverts et les prélèvements légaux de l’État effectués.
L’opérateur de paris hippiques a donc une position très confortable, car il ne fixe pas lui-même les cotes et son gain est assuré et standardisé. À l’inverse, l’opérateur de paris sportifs (football, tennis, etc.) propose des cotes fixes, qu’il estime lui-même, avec le risque de se tromper ou que des événements perturbent les probabilités réelles du pari. Dans le cas des paris sportifs, cela peut être avantageux pour le parieur, car il est à l’abri des fluctuations des cotes, contrairement aux courses hippiques où la situation est plus incertaine, car le rapport d’un cheval donné reste probable ou estimé jusqu’au départ de la course, et ne sera fixé qu’une fois qu’il sera trop tard pour parier ! Cependant, nous verrons que cette zone d’incertitude peut être contrôlée, voire être en notre faveur.
Dans les paris simples gagnants (lorsqu’il s’agit de trouver le vainqueur de la course), la retenue de l’opérateur de paris est d’environ 15 %. Cela signifie que, si l’on joue au hasard avec un billet de 100 euros, on peut s’attendre à une séquence de paris suivante (arrondie) :
Après une trentaine de paris, il ne resterait plus qu’environ 1 euro en poche. Cependant, il ne faut pas se plaindre de la rapidité avec laquelle nos 100 euros disparaissent, si on les compare à ce qu’il se passerait si on les jouait au loto ou à d’autres jeux de grattage de la Française des Jeux, qui prélèvent environ 60 % de la mise du parieur, faisant ainsi disparaître notre billet à une vitesse beaucoup plus rapide :
Autant jouer aux courses hippiques donc !
Revenons à notre exemple et introduisons maintenant un TRJ (Taux de Reversement aux Joueurs) de 85 %, qui est le taux de redistribution fixé par le gouvernement, régissant le code des jeux d’argent et de hasard. La cote du cheval A peut alors être calculée de la manière suivante :
Cela signifie que :
- On additionne les enjeux misés sur les autres chevaux que celui que l’on calcule.
- On multiplie ce résultat par le taux de redistribution.
- On divise par l’enjeu propre au cheval calculé.
Les partants de notre exemple ont ainsi les cotes suivantes :
On ne voit jamais la cote d’un cheval descendre en dessous de 1 (1 sera le cas d’un concurrent déclaré non partant et pour lequel notre mise sera remboursée). C’est pourquoi il est nécessaire de basculer vers la notion de rapport.
Calcul du rapport
Le passage de la cote au rapport est simple :
Rapport = cote + 1
Les rapports (ou cotes) affichés pour notre groupe de chevaux seraient donc les suivants :
On peut constater que l’utilisation du mot “rapport” peut prêter à confusion, car ce qui nous rapporte réellement un pari gagnant est la cote, c’est-à-dire le rapport auquel on soustrait la mise initiale. Ainsi, notre cheval A, grand favori avec une cote-rapport de 1,85, ne génère qu’un bénéfice de 0,85 euro s’il gagne la course.
Il est intéressant de noter qu’un cheval à une cote de 4 n’est pas deux fois plus intéressant qu’un cheval à une cote de 2, mais trois fois plus intéressant ! Le bénéfice net est de 3 euros (4-1) dans le premier cas, et de 1 euro (2-1) dans le second. C’est pourquoi on disait autrefois qu’un cheval était à “4 contre 1”, par exemple. Nous reviendrons plus tard sur cette non-proportionnalité entre cote et gain.
Calcul des enjeux
Grâce aux cotes affichées, il est également possible de retrouver le volume des enjeux misés sur chaque cheval en utilisant la formule suivante :
Taux de redistribution / (rapport – 1 + taux de redistribution)
ou
Taux de redistribution / (cote + taux de redistribution) puisque cote = rapport – 1
Ainsi, on retrouve les proportions d’enjeux proposées dans notre exemple :
Il est également important de noter que certains chevaux d’une course peuvent courir en écurie, c’est-à-dire qu’ils sont considérés comme un seul cheval. Autrement dit, ils affichent une cote unique en simple gagnant, qui sera payée si l’un d’entre eux remporte la course. Ces chevaux sont indiqués dans le tableau des cotes par une lettre identique, à laquelle est associée une cote spécifique en fin de tableau. Cette procédure de regroupement permet d’éviter toute confusion quant aux intentions réelles de certains entraîneurs ou propriétaires ayant plusieurs partants dans une même course, et garantit une plus grande équité pour les turfistes qui sont un peu éloignés des bruits des écuries. Ainsi, même si aucun cheval de l’écurie n’est favori en termes de cote individuelle, la cote du groupe peut devenir la plus faible, créant ainsi un nouveau favori pour le parieur amateur de paris simples gagnants.
Ce qu’il faut retenir
La cote et le rapport sont donc étroitement liés. Ils évoluent dans le même sens : plus la cote d’un cheval est élevée, plus le rapport sera élevé également, de manière inversement proportionnelle à la masse des enjeux engagés sur le cheval. Il est à noter que les bookmakers ne communiquent que la cote dans le cadre des paris simples gagnants, mais qu’il est tout à fait possible de calculer une cote pour une combinaison couplé, trio, etc., à partir de la masse des enjeux.