Lorsque la maladie progresse, le médecin peut remarquer d’autres signes cliniques, tels qu’une masse importante dans l’estomac ou le foie, la présence de gros ganglions lymphatiques… Si le médecin soupçonne un cancer de l’estomac, il proposera la réalisation d’une endoscopie.
La fibroscopie ou l’endoscopie
Cet examen permet d’examiner toute la surface interne du système digestif supérieur (œsophage, estomac, duodénum) afin de détecter d’éventuelles lésions. Il consiste à insérer un fin et souple système optique (endoscope) dans l’estomac, en passant par la bouche ou le nez du patient. Le système optique est équipé d’instruments miniaturisés qui permettent de prélever de petits échantillons (biopsie) si une lésion suspecte est découverte.
Bien que peu douloureux, l’examen peut parfois être réalisé sous anesthésie locale ou générale. Dans tous les cas, le patient ne doit rien manger ni boire pendant les six heures précédant l’examen.
Après l’endoscopie, les biopsies sont analysées au microscope. Leur examen permet de déterminer si les cellules constituant la lésion détectée sont normales ou cancéreuses.
Le bilan d’extension
Lorsque le diagnostic de cancer de l’estomac est confirmé, il est nécessaire d’évaluer dans quelle mesure le cancer s’est propagé dans le reste de l’organisme. C’est ce qu’on appelle un bilan d’extension. En fin de compte, cela permet de déterminer quel traitement est le plus approprié pour le patient.
Ce bilan commence par un interrogatoire et un examen clinique standard. Une tomodensitométrie de l’ensemble du tronc est ensuite systématiquement réalisée. Elle permet d’observer le thorax, l’abdomen et la région pelvienne.
Cet examen d’imagerie fournit des informations sur la position de la tumeur à l’intérieur de l’estomac et par rapport aux organes environnants. Il permet également de détecter une éventuelle propagation locale ou régionale du cancer, notamment au niveau du foie ou des poumons. La tomodensitométrie doit être effectuée à jeun (au moins six heures) après avoir ingéré de 1 à 1,5 litres d’un produit liquide de contraste pour mieux visualiser le tube digestif sur l’image. Dans les rares cas où les résultats de la tomodensitométrie ne sont pas concluants quant à la présence ou non de métastases, une imagerie par résonance magnétique est prescrite en complément. Pour évaluer l’atteinte des poumons, la tomodensitométrie thoracique est parfois remplacée par une simple radiographie.
Dans certains cas, une échoendoscopie peut être réalisée. Cet examen permet de visualiser la propagation de la tumeur dans l’épaisseur de la paroi de l’estomac et au niveau des ganglions lymphatiques adjacents à l’estomac. Son déroulement est similaire à celui de l’endoscopie diagnostique, mais la sonde d’endoscopie est associée à une sonde d’échographie. Cette dernière permet de visualiser les tissus de l’estomac et ceux qui l’entourent afin de mieux déterminer le stade de la tumeur et de guider le traitement dans certains cas.
Ensuite, en fonction de la nature et de l’extension de la tumeur détectée, d’autres examens spécifiques peuvent être prescrits. Une analyse sanguine est souvent réalisée pour mesurer des marqueurs tumoraux spécifiques (CA19-9, ACE, CA72-4) dont le suivi est ensuite utile pour évaluer l’efficacité du traitement.
Chez les patients de moins de 40 ans ou présentant des antécédents familiaux, une consultation d’oncogénétique est généralement proposée pour déterminer si la tumeur est liée à une prédisposition génétique.
Les stades et grades de la maladie
Les cancers de l’estomac, tout comme les autres maladies tumorales, sont classés en fonction de leur stade d’évolution. La classification utilise le système TNM, qui décrit l’évolution locale de la tumeur (T), son extension aux ganglions lymphatiques adjacents (N) et sa dissémination éventuelle sous la forme de métastases (M).
- La tumeur est caractérisée par un chiffre indiquant l’invasion de la paroi de l’estomac. Il peut aller de T1, lorsque seule la couche muqueuse de la paroi est envahie, à T4 lorsque la tumeur envahit la paroi jusqu’à la couche séreuse et atteint les tissus ou les organes adjacents.
- Le nombre de ganglions lymphatiques régionaux envahis est pris en compte : le paramètre N va de N0 (pas de ganglions atteints) à N3 lorsque plus de six ganglions sont atteints.
- M0 indique l’absence de métastases, tandis que M1 signifie la présence de métastases.
Ces paramètres permettent de déterminer le degré de la maladie : les cancers de stade I sont les moins avancés (T1 ou T2, N0 ou N1, M0) et sont les plus faciles à traiter. En revanche, le stade IV est le plus difficile à prendre en charge (patients présentant des métastases). Les stades II et III correspondent à des cancers de gravité intermédiaire.
Le pronostic de la maladie dépend du stade de la maladie, mais aussi de sa localisation : les tumeurs situées dans le tiers supérieur de l’estomac ont un pronostic plus sombre que les autres.
Ce dossier a été réalisé en collaboration avec le Pr Julien Taieb et le Dr Simon Pernot, gastro-entérologues à l’hôpital européen Georges Pompidou (Paris).