Lorsqu’un mouvement spontané de colère comme les “gilets jaunes” prend de l’ampleur et ambitionne de bloquer les routes le 17 novembre 2018, il ne laisse aucun parti d’opposition indifférent.
Un mouvement citoyen
Tout a commencé avec une pétition lancée en septembre par Priscillia Ludosky, une jeune entrepreneuse de Seine-et-Marne. Après plusieurs interventions médiatiques, sa pétition a connu un véritable succès, récoltant plus de 800 000 signatures en un mois.
Le 10 octobre, un habitant de Seine-et-Marne, Éric Drouet, a proposé de bloquer le périphérique parisien le 17 novembre. Rapidement soutenue par des personnes travaillant dans les secteurs de l’automobile et des transports routiers, cette initiative a pris une ampleur inédite grâce aux réseaux sociaux. Ainsi, le gilet jaune est devenu le symbole de ce mouvement.
Soutiens de l’opposition de droite et d’extrême droite
Les acteurs impliqués ont rapidement affirmé que le mouvement était “apolitique”. Mais la droite et l’extrême droite se sont déjà emparées de la question de la limitation de la vitesse à 80 km/h sur les routes nationales (au lieu de 90 km/h) et du prix du carburant. Le Rassemblement national de Marine Le Pen et Debout la France de Nicolas Dupont-Aignan participeront donc aux actions du 17 novembre. Cependant, ils ont choisi la discrétion pour éviter de détériorer le mouvement en le récupérant à leur avantage. Leur objectif est de transformer cette mobilisation de rue en votes lors des élections européennes de mai 2019.
Un slogan similaire a été repris par Les Républicains : “Stop au racket des automobilistes !”. Le parti n’appelle pas aux blocages mais certains élus se joindront aux manifestations, notamment Laurent Wauquiez dans son département de la Haute-Loire.
Divisions à gauche
Jean-Luc Mélenchon, à l’autre extrémité de l’échiquier politique, a également exprimé son soutien lors d’une réunion publique à Pau le 8 novembre. Il a souligné que tous les mouvements de colère comptent des extrémistes, mais aussi des personnes légitimement fâchées.
Le sujet divise également les députés de La France insoumise. Certains refusent de participer aux blocages aux côtés de l’extrême droite, tandis que d’autres estiment qu’il est essentiel de ne pas laisser la colère des Français être récupérée et exprimée par Marine Le Pen.
Au sein du Parti socialiste, le bureau national a adopté une résolution soutenant les Français qui défendent leur pouvoir d’achat, notamment lors du 17 novembre. Le parti demande également l’organisation d’une conférence nationale sur le financement de la transition écologique.
Des divisions politiques qui suscitent l’indignation
Au sein de la majorité, on dénonce la collusion entre toutes les oppositions. Marlène Schiappa, secrétaire d’État, s’est indignée de voir que le Parti socialiste se joint au Rassemblement national pour soutenir ce mouvement du 17 novembre.
Olivier Faure, premier secrétaire du Parti socialiste, s’est vivement défendu en répliquant que le gouvernement voulait placer ce mouvement sous l’égide du Rassemblement national pour le disqualifier et éviter de répondre sur le fond.
Le mouvement du 17 novembre continue de diviser les partis politiques français, chacun cherchant à tirer son épingle du jeu. La question des carburants est au cœur des préoccupations des Français et il est essentiel que les politiciens prennent en compte cette colère légitime.