Carte bancaire : la disparition des chiffres en relief

Carte bancaire : la disparition des chiffres en relief

Une innovation attendue cet été

Apple s’apprête à lancer, cet été aux États-Unis, une carte bancaire révolutionnaire sans les traditionnels chiffres en relief. Mais qu’en est-il de sa sécurité ? Et est-ce que les concurrents d’Apple vont également revoir le design de leurs cartes bancaires ?

Fin mars, Apple a créé une véritable sensation en présentant sa toute nouvelle Apple Card, une carte bancaire à son image. Cette nouveauté a été présentée comme une innovation majeure, fidèle à l’esprit de la firme californienne.

Parmi les caractéristiques de cette carte, il y a son matériau de fabrication en métal, similaire aux cartes haut de gamme de N26 ou Revolut. Mais ce qui la démarque vraiment, c’est son design. En effet, elle abandonne les chiffres et les sigles généralement imprimés en relief sur les cartes bancaires : plus de numéro à 16 chiffres, plus de date de validité, plus de mention de débit ou de crédit…

L’évolution du design des cartes bancaires

À quoi servent réellement ces chiffres ? Comment se fait-il que l’Apple Card puisse s’en passer ? Est-ce que cela annonce une évolution générale du design des cartes bancaires ? Nous avons exploré ces questions pour en savoir plus.

L’origine du relief sur les cartes bancaires

La plupart des cartes bancaires actuelles comportent des numéros uniques, la date d’expiration et le nom du titulaire “embossés”, c’est-à-dire en relief et perceptibles au toucher.

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Cette caractéristique est un vestige d’une époque où les terminaux de paiement électroniques (TPE) n’existaient pas encore ou n’étaient pas généralisés. Pour faire un paiement par carte, il fallait utiliser un “fer à repasser” ou un “sabot” pour transférer les informations gravées sur la carte sur du papier carbone. C’est pourquoi il était indispensable que ces informations soient en relief.

Une technique devenue obsolète

Depuis les années 1980, les TPE capables de lire les informations présentes dans la bande magnétique ou la puce sont devenus la norme. Cependant, l’embossage n’a pas complètement disparu. Il est encore utilisé dans certains pays, principalement pour les empreintes, mais aussi pour des paiements classiques.

La fiabilité des cartes embossées

Il est courant de penser qu’une carte embossée est plus fiable et mieux acceptée dans les magasins qu’une carte sans relief. En réalité, le niveau d’acceptation d’une carte ne dépend pas de son embossage. Cette idée fausse provient peut-être du fait que les cartes d’entrée de gamme, comme les cartes Electron ou Maestro, qui ont des caractéristiques différentes et peuvent être refusées pour des raisons de solde insuffisant ou de plafonds limités, ne sont pas imprimées en relief.

Cependant, il existe encore des situations où il est nécessaire d’avoir une carte embossée. Certains commerçants, en dehors des paiements classiques, exigent des cartes en relief. Par exemple, certains loueurs de véhicules, y compris en France, refusent les cartes lisses.

L’impression des informations sur la carte : une nécessité ?

Aujourd’hui, il est de moins en moins nécessaire d’imprimer les informations directement sur la carte, que ce soit en relief ou non. En effet, ces informations sont stockées dans la puce et la piste électronique de la carte, et c’est là que les TPE les récupèrent.

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Cependant, cette perspective doit être nuancée. Les cartes bancaires internationales sont conçues pour fonctionner partout dans le monde. Dans certains pays, les commerçants peuvent encore vérifier visuellement les 16 chiffres, la date d’expiration ou la signature du titulaire avant d’accepter un paiement. Par conséquent, ils peuvent saisir manuellement les informations de la carte sur le terminal de paiement électronique.

La sécurité d’une carte sans chiffres visibles

Le fait que les chiffres soient imprimés sur la carte présente un inconvénient majeur : ils sont exposés aux regards indiscrets de tierces personnes, notamment les commerçants, et peuvent donc être utilisés pour effectuer des achats à distance, en particulier sur les sites de commerce électronique. Pour limiter ce risque, certaines banques proposent désormais des cartes bancaires avec un cryptogramme dynamique.

Cependant, il est important de noter que d’autres techniques, telles que le skimming, sont beaucoup plus efficaces pour récupérer les informations sensibles des cartes bancaires. Le skimming consiste à installer discrètement un petit dispositif sur un distributeur automatique, qui récupère les informations directement depuis la bande magnétique de la carte. De plus, les paiements à distance sont de plus en plus sécurisés grâce à des niveaux supplémentaires d’authentification, comme l’envoi d’un code unique par SMS.

Dans ce contexte, est-ce justifié de supprimer ces informations de la carte ? La réponse est plutôt négative. Les arguments d’Apple, qui met en avant la sécurité et la confidentialité de sa carte sans chiffres, semblent être principalement d’ordre marketing. Selon Patrice Bernard, consultant spécialisé en innovation bancaire, le fait que les chiffres ne soient pas visibles inspire confiance aux utilisateurs, mais cela ne change pas fondamentalement la sécurité de la carte.

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L’avenir des cartes sans chiffres visibles

Grâce à sa puissance marketing, Apple réussira-t-elle à “réinventer” la carte bancaire, tout comme elle l’a fait avec l’iPhone il y a une dizaine d’années ? Lancera-t-elle une tendance des cartes lisses et sans relief ? Selon Patrice Bernard, les utilisateurs attachent de plus en plus d’importance au design de leur carte bancaire. Cela pourrait donc faire la différence à l’avenir. Bien sûr, il y aura toujours des nostalgiques des “sabots”, mais il y aura aussi de plus en plus de personnes qui souhaitent avoir le logo d’Apple sur leur carte.

Cependant, cette évolution ne se fera pas facilement. Les émetteurs, notamment les néobanques, doivent respecter les règles imposées par les réseaux Visa et Mastercard. Pour notre expert, la tendance est plutôt à la fin de l’embossage pour des raisons de sécurité, mais pas encore à la fin de l’impression des chiffres, qui restent encore souvent utiles.

En conclusion, bien que l’Apple Card sans chiffres visibles suscite beaucoup d’attention, il est peu probable que cela devienne une norme dans l’immédiat. Le design des cartes bancaires continuera d’évoluer, mais il faudra encore du temps avant de voir une généralisation des cartes lisses et sans chiffres.

(article adapté à partir de l’original publié sur Les Echos)