Certaines voitures électriques polluent plus que des voitures thermiques, mais ce n’est pas si simple

Oui, certaines voitures électriques polluent plus que des voitures thermiques, mais ce n’est pas si simple

Une récente étude relayée par le New York Times a semé le doute sur la voiture électrique. Selon cette étude, les pickups électriques seraient plus polluants que les petites voitures thermiques compactes, voire même les SUV. Cependant, la réalité est plus complexe que cela. Explorons ensemble les détails.

Les voitures électriques et leur impact indirect sur l’environnement

La voiture électrique est souvent perçue comme une solution plus propre que les véhicules thermiques. Cependant, il est important de noter qu’elle pollue de manière indirecte lors de sa production et de ses recharges via le réseau électrique. Néanmoins, il est vrai qu’elle ne produit pas de CO2 car elle ne brûle pas de carburant fossile (essence ou diesel) et ne possède donc pas de pot d’échappement.

Il y a quelques mois, nous avons publié un article intitulé “Pourquoi certaines voitures électriques polluent plus qu’une berline thermique (mais pas en France ?)”. Cet article faisait suite à une étude américaine qui se focalisait sur la pollution du Hummer EV, le pickup électrique à 100 % du constructeur américain GMC. Les conclusions de cette étude soulignaient que le Hummer EV polluait davantage qu’une petite voiture thermique, mais pas en France, grâce à notre énergie électrique majoritairement bas carbone.

Comparaison entre les grosses voitures électriques et les petites voitures thermiques

Une nouvelle étude américaine s’intéresse maintenant au potentiel de réchauffement climatique des grosses voitures électriques par rapport aux petites voitures thermiques. Le fameux Wall Street Journal s’appuie sur les données accessibles au public de Carboncounter, un outil développé par le MIT pour calculer les émissions de CO2 d’un véhicule sur l’ensemble de son cycle de vie, en prenant en compte différents paramètres tels que le pays de fabrication ou d’utilisation.

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Selon ces données, aux États-Unis, les plus grosses voitures électriques émettent autant de CO2 durant leur durée de vie que les voitures thermiques les moins gourmandes. Par exemple, le Ford F-150 Lightning émet autant de gaz à effet de serre qu’une petite Mitsubishi Mirage. Le Rivian R1T fait encore moins bien, émettant autant de CO2 sur toute sa durée de vie qu’une Honda Civic.

Les voitures électriques restent plus “propres” que les voitures thermiques

Cependant, il y a trois points importants à prendre en compte ici. Tout d’abord, il faut comparer ce qui est comparable. Une voiture thermique émettra largement plus de CO2 que son équivalent électrique. Ensuite, il est essentiel de tenir compte du réseau électrique qui alimente l’usine de production et les bornes de recharge. Enfin, il est crucial de prendre en considération l’évolution du mix énergétique du réseau électrique au fil du temps, car les énergies bas carbone seront de plus en plus utilisées.

Prenons un exemple concret : le Ford F-150 thermique (V6 2,7L Ecoboost) émet environ 300 g de CO2 par kilomètre sans prendre en compte les émissions liées à sa production. En revanche, la version électrique Lightning émet environ 130 g de CO2 par kilomètre aux États-Unis, mais seulement 20 g de CO2 s’il est rechargé en France.

Il est important de noter que les émissions de gaz à effet de serre liées à la production de la voiture et de sa batterie doivent également être prises en compte. Cependant, même dans ce cas, la voiture électrique reste moins polluante que son homologue thermique.

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Aux États-Unis, une voiture électrique émet environ deux fois moins de gaz à effet de serre que sa version thermique sur l’ensemble de son cycle de vie (production, utilisation et recyclage). En France, cet écart peut atteindre jusqu’à six fois selon le modèle et son lieu de fabrication.

Le problème des SUV

Cette nouvelle étude met en lumière une problématique réelle : celle de la taille des véhicules, qu’ils soient électriques ou non. Il est évident qu’un SUV consommera plus qu’une berline équivalente. Nous pouvons le constater avec la Tesla Model Y Propulsion, dont l’autonomie annoncée est de 455 km, contre 510 km pour la Tesla Model 3 Propulsion équipée d’une batterie identique et 150 kg de moins.

La question n’est donc pas de savoir s’il faut passer à la voiture électrique ou rester avec un véhicule thermique. La réponse à cette question est simple : la voiture électrique a un impact beaucoup moins important sur le réchauffement climatique que la voiture thermique.

En revanche, la véritable question est de savoir si nous avons réellement besoin de véhicules lourds, grands et hauts, autrement dit, des SUV. Récemment, l’Agence Internationale de l’Énergie a lancé un cri d’alarme. La part des SUV dans les ventes de voitures neuves est passée de 8,5% en 2010 à 31,4% en 2022. Pire encore, au sein des voitures électriques, cette part a atteint 51% en 2022, contre 37% en 2020.

Un malus basé sur le poids ou la consommation ?

Dans certains pays, comme la France, un malus basé sur le poids des véhicules est déjà en place. Cependant, ne serait-ce pas une fausse bonne idée ? En réalité, l’élément le plus important d’une voiture n’est pas son poids, mais son efficacité énergétique, c’est-à-dire sa consommation. Moins une voiture consomme d’énergie, moins elle est nocive pour l’environnement.

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En plus d’interdire la vente de voitures thermiques, ne serait-il pas plus judicieux d’imposer un bonus-malus basé sur la consommation ? En pratique, il est possible d’avoir des voitures lourdes qui consomment moins que des voitures plus légères. Mercedes en est un exemple avec sa berline EQS, qui pèse 2,5 tonnes mais affiche une consommation théorique de 14 kWh/100 km, comparable à celle de la Tesla Model Y Grande Autonomie, qui pèse 2 tonnes de moins.

Le poids a un impact relativement faible sur la consommation des voitures à haute vitesse. En revanche, en milieu urbain, la consommation est davantage affectée par le surpoids. Hors des agglomérations, c’est l’aérodynamisme de la voiture, c’est-à-dire sa forme, qui a un impact plus important que le poids sur la consommation.

La voiture électrique : une contribution essentielle à la préservation de la planète

En résumé, il est vrai qu’une très grosse voiture électrique peut émettre plus de gaz à effet de serre qu’une petite voiture thermique dans certains cas particuliers. Cependant, cela ne s’applique qu’à certains pays et n’est pas une situation durable à long terme, car les énergies carbonées (charbon, gaz, fioul, etc.) devraient être progressivement remplacées par des énergies bas carbone (nucléaire et énergies renouvelables).

C’est d’ailleurs l’objectif principal du plan d’action d’Elon Musk, qui prévoit de convertir l’ensemble de la flotte automobile mondiale à la voiture électrique afin de réduire de moitié la quantité d’énergie nécessaire au transport léger, comme le souligne le média Numerama.

Néanmoins, il est important de rappeler que la voiture électrique émet toujours des particules fines lors de sa conduite, notamment à cause des pneus. Dans de nombreux cas, les transports en commun et les modes de déplacement doux tels que les vélos (électriques ou non), les trottinettes et la marche restent une meilleure alternative.