Que se passe-t-il avec nos vieilles voitures une fois qu’elles ont été abandonnées grâce à la prime à la conversion ? Même lorsqu’elles sont mises au rebut, elles conservent une certaine valeur si elles sont recyclées.
Recycler 95% d’un véhicule
Selon Olivier Gaudeau, directeur ingénierie chez Indra Automobile Recycling, spécialisée dans le recyclage, la filière est légalement tenue de valoriser 95% en masse d’un véhicule en fin de vie. Sur 1,1 tonne, seulement 55 à 60 kilogrammes de déchets sont autorisés. “Le reste doit être valorisé, que ce soit sous forme de pièces, de matière ou d’énergie. C’est avant tout une problématique économique”, explique-t-il. Indra a traité environ 400 000 véhicules en 2017, parmi les 1,1 million de voitures mises à la casse.
Dépolluer, puis désosser le véhicule
Indra peut gagner entre 300 et plusieurs milliers d’euros en moyenne sur un véhicule. Environ 40% de la masse d’une voiture est récupérée par les salariés d’Indra. Tout d’abord, la voiture est dépolluée. La batterie, les roues avec les pneumatiques, ainsi que les fluides tels que les huiles, les liquides de frein et les carburants, sont récupérés. Ces liquides seront traités par des spécialistes et pourront être transformés en énergie avec la gomme des pneumatiques. Quant au carburant, il sera utilisé en interne. Cependant, à ce stade, les gains sont pratiquement nuls. Le processus de dépollution coûte quelques dizaines d’euros à Indra, en plus de la centaine d’euros nécessaires pour amener le véhicule sur le site de traitement.
Une fois dépolluée, la voiture est désossée. Les portières, les pièces de carrosserie, les phares, mais surtout le moteur et les boîtes de vitesses, environ une trentaine de pièces, sont prélevées en fonction des besoins du marché de l’occasion en France ou à l’étranger. Par exemple, un moteur de voiture récente comme une Fiat 500 accidentée peut être revendu entre 2 000 et 3 000 euros. En revanche, un moteur d’un véhicule plus ancien, tel qu’un Ford C-Max diesel, sera expédié pour 150 euros à l’exportation. “Lorsqu’un véhicule diesel arrive suite à la prime à la conversion, nous devons examiner quels marchés pourraient éventuellement demander des pièces liées à ces véhicules”, explique Olivier Gaudeau. “Le moteur sera principalement orienté vers l’exportation. Les parcs automobiles d’Afrique du Nord ou d’Afrique de l’Ouest ont un âge beaucoup plus élevé que le nôtre, il est donc possible de contribuer à la réparation de ces parcs-là”. Le kilométrage du véhicule est également pris en compte pour le prix des pièces. Les pièces d’une voiture avec moins de 100 000 kilomètres seront vendues à un prix plus élevé.
Du cuivre au polypropylène
Les matières premières sont un autre élément qui permet de gagner de l’argent avec une vieille voiture. Par exemple, Indra récupère en moyenne 10 kilos de câbles, dont il extrait du cuivre. Ce dernier est revendu entre 1,50 et 1,80 euro le kilo. Les matériaux rares présents dans le pot catalytique sont également recherchés. Enfin, la carcasse de la voiture est envoyée à une démolition. Le broyeur peut revendre l’acier ainsi que le verre. Indra réalise un bénéfice compris entre 70 et 80 euros sur la vente de la carcasse. Cependant, de nombreux matériaux ne sont pas encore recyclés. “Nous travaillons sur des matières qui ne sont pas encore recyclées aujourd’hui, comme certains plastiques techniques, des mousses, des tissus, afin de proposer de nouvelles solutions techniques et économiques”, ajoute Olivier Gaudeau. L’année dernière, Indra a traité 30% de véhicules supplémentaires en raison de la prime à la conversion et du durcissement du contrôle technique en mai dernier.