La pandémie de COVID-19 a mis en évidence l’importance des chaînes d’approvisionnement, en particulier dans le secteur industriel des transports. Cette situation est aggravée par le conflit en Ukraine, qui affecte l’approvisionnement en gaz et en métaux essentiels.
De plus, la transition vers la mobilité verte nécessite des quantités importantes de métaux spéciaux. Par exemple, les batteries NCM (Nickel-Cobalt-Manganèse) utilisent plus de 20 matériaux différents. Si l’on considère le scénario d’une électrification complète d’ici 2035, les batteries représenteront la majeure partie de la demande de certains métaux d’ici 2030. En 2021, plus de 50% du lithium extrait a été utilisé pour la production de véhicules électriques et le stockage d’énergie. Avec les objectifs fixés, cette proportion dépassera les 80% d’ici 2030.
Des évolutions techniques nécessaires pour répondre à la demande croissante
Pour atteindre une part de marché de véhicules électriques de 7%, la production de lithium devrait être multipliée par 6 entre 2023 et 2030 par rapport à 2022. Cependant, le développement de projets miniers prend généralement entre 15 et 20 ans. Il sera donc difficile de répondre à la demande avec les actifs actuels ou en cours de construction.
Les perspectives pour le cobalt sont encore plus inquiétantes. D’ici 2030, 30% des réserves actuelles seront consommées par les véhicules électriques, sans tenir compte de l’évolution de la demande dans d’autres secteurs.
Des mesures alternatives pour assurer la durabilité
De nombreux acteurs se lancent déjà dans le développement de technologies alternatives moins gourmandes en métaux critiques, comme le cobalt. Tesla a notamment annoncé l’adoption de nouvelles batteries LFP (lithium-phosphate-fer) avec une densité énergétique inférieure mais une meilleure durabilité. Ces batteries sont particulièrement adaptées aux petits véhicules tels que les citadines et les utilitaires légers.
En parallèle, le recyclage joue un rôle stratégique dans la préservation de ces ressources critiques. Actuellement, le taux de recyclage varie selon les métaux, atteignant environ 32% pour le cobalt, 16% pour le nickel et seulement 1% pour le lithium. Avec 1,2 million de tonnes de batteries lithium-ion arrivant en fin de vie d’ici 2030, le recyclage pourrait couvrir 50% de la demande mondiale une fois que les véhicules électriques représenteront 75% du marché.
Prioriser les secteurs clés
Une réflexion collective entre les acteurs industriels et les pouvoirs publics est nécessaire pour déterminer les priorités en termes d’utilisation des véhicules électriques. L’électrification des véhicules lourds est plus efficace en termes de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Chaque tonne de CO2 évitée pour un semi-remorque nécessite deux fois moins de cobalt que pour un véhicule léger. Les camions électriques compensent la taille de leurs batteries par une utilisation intensive. Cependant, cela implique la mise en place d’une infrastructure de recharge performante, notamment avec des systèmes Mégawatt le long des corridors de transport de marchandises.
Pour les véhicules légers, les citadines ont un avantage sur les routières et justifient donc une taille de batterie à partir de 16 000 km par an. Il est donc essentiel de cibler les petits véhicules, y compris les utilitaires, pour maximiser l’utilisation des véhicules électriques. L’autopartage et l’adaptation des batteries à chaque usage joueront un rôle clé dans la maîtrise de la demande future.
Trois chantiers prioritaires pour assurer une transition durable
Pour atteindre les objectifs de l’Union européenne en matière de transition écologique et d’augmentation de la part des véhicules électriques, nous devons améliorer les technologies des batteries pour réduire l’utilisation des métaux critiques. Il est également crucial de développer des filières de recyclage, en se concentrant en priorité sur les batteries NCM. Enfin, il est nécessaire de réfléchir à l’usage des véhicules électriques et de prioriser les segments électrifiés, tout en contribuant au développement des infrastructures nécessaires telles que la recharge rapide et l’autopartage.
Il est indéniable que les métaux jouent un rôle essentiel et stratégique dans la transition vers des véhicules électriques durables et respectueux de l’environnement. Il est donc crucial de prendre des mesures dès maintenant pour assurer une transition réussie.
