Un nombre croissant d’entreprises permettent à leurs employés de pratiquer le télétravail. Pourtant, lorsque cette option n’est pas proposée dans votre entreprise, toute tentative en ce sens peut sembler vouée à l’échec.
En 2019, ce n’est absolument pas le cas.
Plus des deux tiers des salariés dans le monde travaillent maintenant à distance au moins un jour par semaine et 50 pour cent des employés travaillent en dehors du bureau au moins la moitié de la semaine, selon une étude réalisée en 2018 par l’International Workplace Group.
Toutefois, si le télétravail est de plus en plus courant, c’est souvent aux employés d’en faire la demande et d’en justifier l’intérêt. Alors que 63 pour cent des patrons déclarent avoir des employés en télétravail, selon le rapport sur les emplois d’avenir d’Upwork de l’an dernier, la majorité de ces organisations n’ont pas de politique officielle en matière de télétravail.
C’est souvent la façon dont vous demandez à télétravailler qui fait toute la différence. Les étapes suivantes vous aideront à persuader même les managers les plus sceptiques de vous laisser tester le télétravail :
Faites des recherches sur le télétravail dans votre secteur et votre organisation
Il est essentiel d’être préparé pour négocier efficacement un accord de télétravail. Cela inclut le fait de comprendre la situation actuelle du télétravail dans votre secteur et votre organisation. Découvrez si le télétravail est courant dans votre domaine avec des ressources en ligne comme Flexjobs. Approfondissez vos recherches et voyez si les concurrents de votre organisation offrent des possibilités de télétravail. Cela pourrait pousser votre direction à vouloir offrir des avantages similaires pour éviter de perdre ses bons employés. Renseignez-vous autour de vous et dans l’ensemble de votre entreprise, pour voir si certaines équipes ou certains services ont déjà obtenu des accords de télétravail. Votre organisation peut même avoir une politique de télétravail dont vous ignorez l’existence.
Avec ces informations sous le coude, vous montrerez à votre patron que le télétravail est plus répandu qu’il ne le pense, et cela vous permettra d’offrir des exemples concrets de la façon dont ces accords ont fonctionné dans des contextes similaires.
Soulignez les avantages pour votre organisation
Entamez votre négociation avec une liste des avantages qu’un accord de télétravail aurait pour votre employeur. Cela pourrait inclure des économies potentielles, une amélioration du moral et une productivité accrue. Il faut faire comprendre à votre patron que cet accord serait bon pour tout le monde, et pas seulement pour vous.
Inutile d’essayer de dissimuler le fait que le télétravail vous profitera personnellement, par exemple sous la forme de trajets plus courts ou d’une plus grande liberté d’organisation ; présentez simplement les avantages du point de vue de votre manager avant tout.
Voici quelques-unes des statistiques les plus convaincantes pour appuyer votre proposition de télétravail :
- Soixante-dix pour cent des employés dans le monde travaillent à distance au moins un jour par semaine, plus de 50 pour cent pendant la moitié de la semaine ou plus, et 11 pour cent plus de cinq fois par semaine, selon une étude réalisée en 2018 par International Workplace Group. À retenir : les employeurs doivent prendre de l’avance sur cette tendance afin d’attirer et de retenir les talents.
- Les employés du centre d’appels d’un site Web de voyage chinois qui travaillaient depuis chez eux ont pris 13,5 pour cent d’appels en plus, ont moitié moins démissionné et ont rapporté une plus grande satisfaction au travail que leurs collègues au bureau, selon une étude de Stanford. À retenir : lorsqu’il est mis en œuvre correctement, le télétravail aide les employeurs à retenir les talents et peut augmenter la productivité en même temps – une victoire pour tout le monde.
- Les télétravailleurs communiquent aussi bien ou mieux que les employés au bureau, selon un sondage réalisé par la plateforme de gestion des employés 15Five. À retenir : loin d’être un obstacle à la communication, le télétravail peut au contraire créer de meilleurs systèmes de communication, avec des outils plus intentionnels permettant de s’assurer que les choses avancent correctement.
Proposez un plan de télétravail clair et spécifique
Une fois vos recherches faites, créez un petit document décrivant exactement la façon dont votre accord de télétravail pourrait fonctionner. Il doit inclure vos horaires les jours où vous travaillerez à distance et un résumé de la façon dont vous communiquerez et suivrez vos résultats.
Vous voulez réfléchir aux obstacles à la communication, c’est-à-dire à la façon dont vous communiquerez avec votre équipe et si certains outils de communication sont déjà utilisés. Vous pouvez même suggérer des outils numériques pour la communication à distance et la gestion de projets. (Cela pourrait même inciter toute votre équipe à commencer à communiquer et à gérer ses projets plus efficacement).
En fin de compte, votre objectif doit être de traiter les défis potentiels du télétravail du point de vue de votre patron, et de bien montrer que cela ne représentera aucun fardeau supplémentaire en termes de gestion. Il doit également être certain que vous travaillerez tout aussi bien, sinon mieux, une fois en télétravail. Faites en sorte qu’il soit aussi facile que possible pour votre patron de dire oui.
Faites votre demande à point nommé
IIl va sans dire que votre demande de télétravail ne sera couronnée de succès que si votre patron vous fait déjà confiance et valorise votre travail. Dans ces conditions, il vaut toujours mieux poser votre demande directement après la réussite d’un gros projet que vous avez dirigé, ou lorsque votre patron est particulièrement impressionné par votre travail.
Posez les bases des semaines, voire des mois à l’avance, en établissant de façon proactive un système de mesure et de communication régulière de vos progrès à votre patron. Lorsque vient le temps de faire votre demande de télétravail, non seulement votre patron saura votre valeur en tant qu’employé, mais vous aurez également un système éprouvé en place pour évaluer vos performances.
Faites votre demande en personne, pas par e-mail
Ne demandez pas à faire du télétravail en discutant avec votre manager à la machine à café, ni par un e-mail. Si vous faites régulièrement un point et que vous avez suffisamment de temps, c’est le moment d’en parler. Si ce n’est pas le cas, demandez à le voir en réunion. Pour éviter un rejet immédiat, ne dites pas à l’avance que vous souhaitez discuter de télétravail. Dites plutôt que vous aimeriez discuter de vos fonctions professionnelles et de la façon dont vous faites votre travail.
Le ton de la réunion doit refléter la relation que vous avez avec votre patron. Si vous êtes proches tous les deux, la conversation peut être plus décontractée que si vous avez une relation strictement professionnelle.
L’e-mail que vous envoyez à votre manager peut ressembler à ce qui suit, en l’adaptant bien entendu au ton que vous employez avec votre patron :
Bonjour [Nom de votre patron],
Je voulais voir si nous pouvions planifier une réunion pour discuter de certaines idées que j'ai pour améliorer mon environnement de travail et le rendre plus propice à l'accomplissement de mes responsabilités professionnelles.
Ces deux prochaines semaines, par exemple, je suis libre [insérez les dates et les heures spécifiques]. J'apprécierais beaucoup si vous aviez un moment à me consacrer.
Merci beaucoup, [Votre Nom]Préparez-vous à diriger la réunion
Armé de vos recherches et de votre travail de préparation, soyez prêt à diriger la conversation avec votre patron. Commencez par discuter de manière générale de votre désir de faire du télétravail, en indiquant les avantages pour votre organisation et en quoi cela est relativement courant dans votre domaine.
Mettez brièvement en évidence des projets spécifiques sur lesquels vous avez travaillé récemment et où vous avez géré votre temps et vos tâches de manière efficace et proactive. Ces exemples spécifiques donnent à votre patron la preuve que vous serez en mesure de gérer la responsabilité de travailler en toute indépendance.
Ensuite, faites votre demande de façon spécifique.
“Qu’il s’agisse de faire du télétravail une fois tous les quinze jours ou cinq jours par semaine, il est important d’être précis dans ce que vous demandez », dit Reynolds.
Même si vous ne pouvez pas obtenir exactement ce que vous demandez, cela fera un bon point de départ.
N’avancez pas votre proposition toute faite à votre patron dès le départ. À la place, utilisez ce que l’expert en négociation Ramit Sethi appelle “La technique de la mallette”. Voici comment cela fonctionne :
Si votre patron soulève des interrogations (“Comment saurais-je que vous travaillez ?”, “N’aurez-vous pas besoin de matériel ?”, etc.), dites par exemple :
“Je suis heureux que vous souleviez ce point. À vrai dire, j’ai fait beaucoup de recherches sur la façon dont d’autres entreprises ont mis en œuvre des accords de télétravail réussis.” [Sortez votre proposition à ce moment-là… Mallette réelle facultative !]
“J’ai rédigé un plan qui répond à ces interrogations. Il décrit [commencer à parcourir votre plan, section par section] mes horaires de télétravail proposés, quand et comment je serai disponible, la façon dont j’ai organisé mon bureau à domicile, mes équipements, les mesures de sécurité que je compte prendre pour protéger les données de l’entreprise, comment nous pouvons travailler ensemble pour suivre mes progrès, et combien de fois nous pourrions nous réunir pour confirmer que cet accord marche bien pour tout le monde.”
Avec la technique de la mallette, votre patron ne peut difficilement refuser votre proposition, car vous montrez que vous avez déjà pensé aux différentes questions posées par la situation, et que vous y apportez des réponses.
En plus de votre plan de télétravail, préparez des réponses à toutes les objections potentielles de votre patron.
Attendez-vous à un certain malaise, mais ne soyez pas dissuadé
Malgré sa prévalence croissante, de nombreuses entreprises sont encore sceptiques à l’égard du télétravail. Attendez-vous à ce que votre patron émette des réserves, et vos collègues pourraient même se montrer jaloux.
“Parfois, la personne à qui vous demandez cette souplesse ne sait pas comment gérer elle-même cette flexibilité”, souligne Orti.
Positionnez-vous comme un pionnier qui pourrait aider le reste de votre organisation plutôt qu’une exception qui doit être enviée.
Mais ne vous laissez pas décourager par le malaise. La négociation est inconfortable. Le changement est inconfortable. Un accord de travail flexible en vaut la peine.
Établissez une confiance immédiate pendant votre période d’essai
Vous avez bien argumenté votre proposition et votre manager a convenu que vous pouvez faire du télétravail pendant une période d’essai. Vous avez fait un pas de plus vers la liberté, mais il est important que vos premiers jours de télétravail permettent d’établir une relation de confiance solide avec votre patron. Si votre entreprise n’a pas d’expérience avec les employés en télétravail, vous devrez donner l’exemple.
- Sur-communiquez : surtout au début, assurez-vous de communiquer sur absolument tout.
- Soyez visible : passez des appels vidéo avec votre manager et vos collègues plutôt que de téléphoner.
- N’interprétez pas trop vos e-mails et autres messages virtuels.
- Soyez flexible.
- Ayez conscience d’être un pionnier.
Si vous essuyez un refus, soyez prêt à partir
Si, après toute l’énergie que vous avez mis dans vos recherches et la réunion avec votre manager, vous essuyez un refus, il est peut-être temps de postuler à un emploi en télétravail.
“Si votre patron ne peut pas répondre positivement à votre simple demande de télétravail, il y a de bonnes chances que d’autres problèmes se posent dans votre organisation actuelle. Sa culture pourrait ne pas vous correspondre,” dit Orti.
Les possibilités d’emploi en télétravail vont croissantes chaque jour. Vous devriez donc trouver sans trop de difficulté une entreprise qui soit plus ouverte à votre idée.
Utilisez la section des commentaires pour partager votre expérience de négociation d’accord de télétravail avec votre organisation, et bonne chance!
(Traduction : Hugues Marty)
