Comment identifier un mot arabe dans notre langue ?

Comment reconnaître un terme arabe dans notre langue ?

“Les mots qui apparaissent savent de nous ce que nous ignorons à leur sujet.” (René Char)

Selon Education First, il existe plus de 6 900 langues officielles différentes à travers le monde. La langue arabe est la cinquième la plus utilisée, après l’anglais, l’italien, l’allemand et les dialectes gallo-romains. Sa présence est telle qu’il semble naturel qu’elle imprègne les langues mondiales, comme le français.

Effectivement, notre langue française est composée d’une multitude de termes empruntés à la langue arabe. Selon Jean Pruvost, lexicologue, le vocabulaire français serait composé d’environ 500 mots d’origine arabe, voire plus !

Il est donc intéressant de se pencher sur ce qui constitue une partie de notre dictionnaire et de notre phonétique, à travers les différents univers qui le composent.

Personnellement, je ne soupçonnais pas l’origine de certains mots que j’utilise au quotidien. La linguistique et ses trésors !

La petite histoire des mots d’origine arabe

Apprenez à discerner les mots français issus de l'arabe !
Apprenez à discerner les mots français issus de l’arabe !

Arobase, girafe, café, divan… autant de locutions que nous utilisons quotidiennement et qui sont empruntées à la langue arabe. C’est ce que nous appelons des emprunts linguistiques.

Le monde arabe a grandement influencé l’étymologie des mots de notre vocabulaire français. Bien que leur sens ne soit pas toujours identique à l’origine, ils partagent la même racine que les mots présents dans les dictionnaires français-arabe.

Selon Henriette Walter dans L’aventure des mots français venus d’ailleurs, 5 % des mots empruntés à la langue française proviennent de l’arabe. C’est plus que les langues celtiques, l’espagnol ou les langues slaves !

Mais comment cette langue a-t-elle réussi à s’imposer avec une telle force dans notre quotidien ?

Comment l’écriture arabe a-t-elle donné naissance à un arabe français vulgaire présent dans notre dictionnaire ? Comment certains mots ont-ils trouvé leur sens à travers des étymons phonétiques ?

“Un étymon est un mot qui constitue l’origine d’un autre mot et indique son étymologie (le point de départ connu de son histoire, de son évolution).”

À l’origine, l’arabe a une portée mondiale en raison de l’expansion de la civilisation islamique au VIIe siècle. Ce monde arabe s’est étendu et a développé une phonétique, une sémitique et une étymologie si puissante qu’elle est désormais présente dans notre vocabulaire français.

Ensuite, cette culture arabophone a dominé linguistiquement l’Occident jusqu’au XIIIe siècle dans de nombreux domaines que nous étudierons par la suite.

Après cela, ce sont les pays occidentaux, principalement du sud, qui ont pris le relais, et l’Espagne musulmane du XIIIe siècle a apporté un certain nombre de termes en français. C’est ainsi que nous avons des mots dans la langue française qui ont la même racine que certains mots arabes.

S’ensuivent la colonisation, les migrations, les échanges commerciaux, qui ont apporté avec eux un nouveau flux de termes d’origine arabe.

La littérature a joué un rôle primordial dans l’intégration de l’arabe dans notre langue. En effet, si Platon nous a été rapporté par des auteurs latins, la philosophie d’Aristote a été principalement importée par les penseurs et les traducteurs arabes.

C’est une façon d’apprendre l’arabe à travers le mot français, même si la prononciation a quelque peu évolué depuis.

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Au final, ces mots-là, qui font maintenant partie de notre quotidien, sont deux fois plus nombreux que les mots d’origine gauloise !

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Les mots arabes du quotidien en français

Quand arabe et français sont liés !
Quand arabe et français sont liés !

On ne s’en doute peut-être pas assez, mais de nombreux termes lexicaux que nous utilisons tous les jours viennent du monde arabe.

C’est une façon d’importer cette culture qui s’est peu à peu transformée pour donner le vocabulaire que nous connaissons tous. Une question d’étymologie, de locution et d’étymon !

Le dictionnaire français-arabe, bien qu’il nous renseigne sur l’origine des mots, ne nous permet pas d’apprendre l’arabe. L’idée ici est de prendre certains mots pour en connaître et comprendre le caractère dialectal, le sens vulgaire, la prononciation, l’étymologie ou tout simplement la signification.

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Le lexique de la table

Un exemple très simple, que nous pourrions tous prononcer un jour : Si je vous commande une tasse de café sans sucre avec un jus d’orange, combien de mots sont empruntés à l’arabe ? Quatre, rien que ça !

Partons donc de ces termes pour mieux comprendre l’étymologie de notre lexique et l’origine du mot.

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  • Tasse : L’origine de ce terme remonte au XIIe siècle. Toutefois, son utilisation reste exceptionnelle jusqu’au XIVe siècle. Il est issu de l’arabe “tassa”. Son étymon vient de l’importation de poteries orientales de la région de Tyr. Les objets en poterie ont donné leur nom à ce récipient.

  • Café : Cette boisson désormais célèbre en France tire son étymologie et sa signification du terme “qahwa” en arabe, similaire à notre expression familière “cawa”. En arabe, cela désigne la graine de café torréfiée et la boisson chaude préparée à partir de celle-ci à l’époque. Cette origine linguistique se réfère davantage à la boisson, découverte en Europe au XVIIe siècle grâce aux marchands vénitiens. Pour compliquer les choses, une autre théorie lie l’origine de cette locution à une province d’Éthiopie appelée Kaffa. On l’appelait alors K’hawah, ce qui signifie “revigorant” en arabe.

Un mot, une origine : l'arabe !
Un mot, une origine : l’arabe !

  • Carafe : L’origine du mot carafe remonte au XVIe siècle. Ce terme français provient de l’italien caraffa, lui-même emprunté à l’arabe gharraf, qui signifie “pot à boire”.

  • Sirop : Les premières traces de sirop remontent à l’époque des croisades au Moyen-Orient. À cette époque, les croisés occidentaux ont découvert cette boisson sucrée appelée charâb en arabe. Le mot est conservé, mais il a subi des transformations jusqu’à devenir sirupus, puis sirop vers 1908.

  • Moka : Le moka est une variété de café, mais en France, le terme est principalement utilisé pour désigner une boisson à base de café, de chocolat, de lait et parfois de cannelle. Son nom vient d’un port du Yémen, Moka, d’où les grains étaient exportés.

Au-delà du lexique de la table, l’arabe est une source inépuisable d’étymons, d’argot et de significations dans de nombreux domaines.

Les aliments

  • Abricot : Ce mot a une origine complexe. Il est passé du latin au français via le grec ancien, l’arabe, l’espagnol et le portugais. Les Grecs l’ont emprunté aux Romains sous la forme “praikókion”, puis les Arabes l’ont emprunté aux Romains, ce qui a donné “āl-barqūq”. Les Espagnols l’ont emprunté aux Arabes : “albaricoque”.

  • Pastèque : Originaire de l’Afrique de l’Ouest, le mot tire son origine de l’arabe “bṭīḫ”, qui signifie “melon”.

  • Épinard : Ce terme vient de l’arabe andalou à travers le latin médiéval spinachium et l’ancien occitan espinar, qui vient lui-même de l’arabe isfinaj.

  • Safran : Le mot désignant l’épice présente dans la paëlla provient du latin médiéval safranum, lui-même issu de l’arabe zaʿfarān.

  • Sucre : À la fin du XIIe siècle, est apparue la locution italienne zucchero. Ce terme est lui-même issu du mot arabe sukkar, tiré du sanskrit (grain). Toutes les versions, chaque diminutif, chaque signification vient donc de là. C’est le monde arabe qui a introduit la culture de la canne à sucre en Andalousie, en Égypte et en Sicile, selon le linguiste allemand Pfeifer.

  • Orange : La première origine de ce mot remonte au XIIIe siècle. À l’origine, l’orange est un fruit originaire de Chine, introduit dans le reste du monde par des navigateurs portugais à la fin du XVe siècle. Dans le monde arabe, la locution orange signifiait alors… Portugal ! L’évolution du terme a été assez rocambolesque pour arriver dans notre vocabulaire français. En plusieurs siècles, orange a connu un chemin parsemé de multiples définitions pour finalement désigner ce que nous appelons aujourd’hui une orange douce, par opposition à l’orange amère. L’écriture arabe recèle donc des richesses étymologiques insoupçonnées !

  • Estragon : L’herbe aromatique autrefois appelée targon (1564) ou estargon provient de l’arabe andalou tarkhoûn. Elle doit son nom à sa forme serpentine à sa racine. À l’époque, les herboristes pensaient qu’elle pouvait guérir les morsures d’animaux venimeux.

  • Artichaut : Le mot artichaut provient du lombard (italien de Lombardie) articiocco, lui-même issu de l’arabe ḵaršūf. Le mot arabe a également donné l’espagnol alcachofa et l’italien carciofo. Une autre étymologie controversée est ardi-schauki, qui signifie “terrestre épineux”.

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Les vêtements

  • Jupe : Ce mot, qui fait désormais partie intégrante de nos garde-robes, a été emprunté à l’italien giubba, lui-même adapté de l’arabe jubba ou giubba. Son sens littéral était assimilé à une robe ou une toge d’homme, ou encore à une veste portée en dessous. L’indécision quant à savoir s’il s’agit d’un vêtement pour homme ou pour femme a persisté pendant longtemps avant de s’orienter vers le sens actuel de vêtement féminin que nous connaissons.

  • Coton : Le mot français est apparu au XVIIe siècle et il tire son origine du mot arabe quṭun.

  • Mousseline : Le mot est apparu en français au XVIIe siècle et provient de l’italien mussolina, qui désigne un tissu, de la toile de coton ou de la laine importée de Mossoul en Irak.

  • Satin : Le mot français est issu de l’arabe zaytwn, qui est la transcription arabe du nom de la ville chinoise de Citong, anciennement appelée Quanzhou.

  • Gilet : Le mot provient de l’arabe jalikah, qui désigne une camisole portée par les esclaves chrétiens sur les galères. Le mot arabe dérivait déjà du turc yelek, qui désigne une camisole sans manches. Le mot arabe a également donné les mots espagnols gileco ou chaleco, portugais jaleco et siciliens gileccu ou cileccu. En français, nous avons ajouté la terminaison “et” en croisant des mots vestimentaires comme corset ou mantelet.

Les jeux

  • Hasard : Ce mot vient de l’ancien français hasart, qui lui-même provient de l’espagnol azar, issu de l’arabe andalou az-zahr, qui signifiait “jeu de dés”.

  • Échecs : En ancien français, eskec vient du persan shâh mât, qui signifie “le roi est mort” et a donné “échec et mat”.

  • Raquette : Ce mot vient de l’arabe rāħat, qui signifie “paume de la main” et a donné le jeu de paume.

La musique

  • Guitare : Ce mot vient de l’espagnol guitarra, lui-même issu de l’arabe, qui à son tour vient du grec ancien kithára (cithare).

  • Nouba : Ce mot est utilisé depuis le XIXe siècle et vient de l’arabe nūba, qui signifie “tour”, “tour de garde” ou “fanfare”.

D’autres mots français d’origine arabe

Parmi la multitude de locutions qui ont leur origine ou leur étymologie dans le monde arabe, certains mots sont plus inattendus que d’autres.

C’est ce qui fait la richesse de l’arabe littéraire et du dictionnaire arabe : une richesse étymologique et phonétique rare, qui a su rendre certains mots incontournables.

Incontournables dans notre vocabulaire français, mais également dans un dictionnaire historique, ou encore dans l’apprentissage du vocabulaire arabe en ligne.

C’est un moyen d’apprendre une langue en la découvrant sous un autre angle, à travers certains mots de même racine, ou encore par le biais d’un diminutif d’origine arabe. Pour en découvrir encore plus, pourquoi ne pas suivre des cours d’arabe en ligne ?

L’existence d’un étymon ou d’une locution peut être plus surprenante qu’un simple mot de la langue française, et avoir la même origine que des mots arabes, c’est ce que nous allons voir. Sortez votre dictionnaire étymologique et votre Petit Robert !

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Cinq expressions arabes couramment utilisées en France

On rentre au bled/à la casbah

Si l’expression elle-même est couramment utilisée pour désigner sa ville ou sa maison, il s’agit pourtant d’une expression arabe connue. Le terme “bled” vient du mot arabe “balad”, qui signifie littéralement “village” pour désigner un lieu généralement reculé. Le terme “casbah”, quant à lui, vient de l’arabe “qaṣba”, qui peut être traduit par “citadelle”. Pourtant, ce mot à l’origine d’une expression arabe désigne généralement une maison ou un logement.

Exemple d’utilisation : “Allez ! On a assez traîné, il est temps de rentrer au bled/à la casbah !”

Avoir la baraka

Expression arabe populaire en France depuis plusieurs décennies, “avoir la baraka” signifie avoir beaucoup de chance, quel que soit le domaine. Dans la langue arabe, le mot “baraka” se traduit littéralement par “bénédiction”. Le mot “baraka” est d’ailleurs souvent utilisé dans les dialogues de films et a même donné son titre à un film avec Roger Hanin et Gérard Darmon.

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Exemple d’utilisation : Il gagne tout le temps aux jeux, c’est fou, il a la baraka.

Faire le caïd

Autre mot emprunté à cette langue orientale et souvent utilisé dans nos discours, le mot “caïd”. Instinctivement, lorsque l’on pense à un “caïd”, on pense à un voyou notoire. En arabe, “caïd” signifie littéralement “chef” ou “commandant”. Pourtant, l’utilisation de ce mot arabe dans une expression française lui fait perdre de sa grandeur. Un “caïd” a davantage tendance à nous agacer qu’à nous faire peur proprement dit.

Exemple d’utilisation : “Tu ne m’impressionnes pas, inutile de faire le caïd avec moi !”

Cheh !

Expression arabe composée d’un seul mot très appréciée par la jeune génération, “Cheh !” signifie “bien fait (pour toi, pour lui…)”, aussi bien en arabe qu’en français. La plupart du temps, les personnes qui utilisent cette expression l’accompagnent d’un geste : elles frottent leur pouce sous le menton (comme les anciens faisaient avec l’expression “na !”). L’orthographe de ce mot évoluant constamment, il peut également s’écrire avec un accent grave sur le “e” et “sh” au lieu du “ch”.

Exemple d’utilisation : “Celui-là, il a fait une mauvaise blague et cela s’est retourné contre lui. – Cheh !”

Avoir le seum

Vous avez sans doute déjà entendu cette expression, peut-être même que vous l’utilisez régulièrement pour exprimer votre déprime ou votre dégoût. Mais au-delà de l’expression en elle-même, sachez que le mot “seum” est francisé et trouve son origine dans le mot arabe “semm”, qui signifie littéralement “venin”, mais qui est généralement utilisé pour désigner la “haine” ou la “rancœur”. Si vous connaissiez les expressions “avoir la haine” ou “c’est la loose”, vous pouvez désormais les remplacer par “avoir le seum”, l’une des expressions arabes les plus couramment utilisées.

Exemple d’utilisation : “Je n’ai pas réussi là où je le voulais, j’ai le seum !”

Il/Elle fait son/sa miskine

Expression arabe populaire auprès des nouvelles générations, “faire son (ou sa) miskine” est un terme qui désigne quelqu’un qui se plaint constamment ou quelqu’un de faible. Le mot arabe “miskin” se traduit littéralement par “pauvre”. Si quelqu’un vous dit “ne fais pas ton/ta miskine”, il veut certainement vous signaler que vous vous plaignez pour rien.

Exemple d’utilisation : “Celle-là, elle se plaint tout le temps, elle fait sa miskine !”

Les mots arabes que nous connaissions peut-être pas

Une langue qui a donné de nombreux mots en français
Une langue qui a donné de nombreux mots en français

  • Potiron : De quoi faire de bonnes soupes avec ce gros cucurbitacée, dont l’origine est assez simple. Ce terme vient probablement de l’arabe futrun, qui signifie “champignon”. Après tout, c’est un peu comme un gros champignon, non ?

  • Magasin : Le lieu où nous faisons régulièrement nos courses a une origine arabe ! Il signifiait à l’origine entrepôt, dépôt ou bureau. Un mot insoupçonné, mais dont le sens est très clair !

  • Bougie : Cette expression que nous connaissons bien dans notre vocabulaire français a une origine kabyle assez simple. Il s’agit simplement de la ville de Bougie (Bgayet en kabyle), où l’on faisait autrefois commerce de cire et de bougies. Cette ville portuaire a ensuite donné son nom à la cire utilisée pour fabriquer des chandelles, puis le sens s’est élargi à celui que nous connaissons aujourd’hui, et qui fait partie intégrante de notre vocabulaire français et de notre dictionnaire historique.

Voici donc quatre exemples parmi tant d’autres. On peut également mentionner des noms comme chimie, massage, maroquinerie, fanfare, qui proviennent tous de l’arabe.

En fin de compte, il existe 454 mots d’origine arabe en français !

Pourquoi ne pas prendre des cours d’arabe à Nantes ?

Il est vrai que, bien que parler arabe et français puisse sembler diamétralement opposé, le dictionnaire des mots français regorge d’étymons et de locutions de même racine. Cela ne nous rendra pas arabophones, mais cela nous permettra d’apprendre l’arabe à travers certains mots de même origine. Vous pouvez en apprendre davantage grâce à des cours d’arabe.

Il s’agit véritablement d’un dictionnaire étymologique et dialectal qui nous permet de prendre conscience du sens littéral du mot que nous utilisons dans notre vocabulaire français et phonétique. On pourrait également citer des noms tels que chimie, massage, maroquinerie, fanfare, qui proviennent tous de l’arabe.

En bref, autant de mots qui font partie de notre quotidien et que nous ignorions peut-être, mais qui ont pourtant la même origine étymologique… Cela donne presque envie d’apprendre l’arabe ! La linguistique et ses mystères !

Les monuments arabes méritent également d’être connus !