Dans l’espace d’un siècle, la Journée internationale des droits des femmes a gagné en popularité. Autrefois associée au mouvement socialiste, elle a été officiellement reconnue par l’ONU en 1977 comme la journée des droits des femmes et de la paix internationale. Bien qu’elle puisse parfois être appelée “journée des femmes” ou “journée de la femme”, le 8 mars est avant tout une journée de défense des droits des femmes plutôt qu’une célébration de la féminité.
Aux origines, une initiative socialiste
La première “journée nationale de la femme” a été célébrée aux États-Unis le 28 février 1909 à l’appel du Parti socialiste d’Amérique. L’année suivante, lors de la IIe conférence internationale des femmes socialistes, une militante allemande du nom de Clara Zetkin propose la création d’une journée internationale des femmes.
Bien que la date du 8 mars n’ait pas été fixée à l’époque, le principe était de mobiliser les femmes pour revendiquer le droit de vote et mettre fin aux discriminations en milieu professionnel. Cette initiative, née au sein du mouvement socialiste plutôt que féministe, visait à se distancer des “féministes de la bourgeoisie”.
La journée a eu un fort retentissement en Russie, où les ouvrières ont célébré la Journée internationale des femmes en 1913 et 1914. En 1917, lors des premières manifestations ouvrières à Petrograd (aujourd’hui Saint-Pétersbourg), le 8 mars a été retenu comme le point de départ de la révolution russe par les bolcheviques. Ainsi est née une nouvelle tradition : la mobilisation des femmes par les partis communistes le 8 mars.
Après la révolution d’Octobre, la Russie soviétique a été le premier pays à inscrire cette journée dans son calendrier en 1921, sans toutefois en faire un jour férié, ce qui ne sera le cas qu’en 1965. Tous les pays socialistes ont ensuite célébré cette journée après 1945. En 1949, par exemple, le Conseil d’État de la République populaire de Chine a déclaré le 8 mars jour férié et chômé pour les femmes.
Internationalisation
Ce n’est qu’à la fin des années 1960 que cette journée, qui était jusqu’alors principalement célébrée dans le bloc socialiste, a pris de l’ampleur avec le mouvement féministe de la deuxième vague. Le 8 mars est ainsi devenu un moment privilégié, notamment en Occident, pour revendiquer l’égalité entre hommes et femmes : égalité des salaires, des droits et lutte contre les violences faites aux femmes.
En 1977, les Nations unies ont adopté une résolution invitant les États membres à célébrer une “Journée des Nations unies pour les droits des femmes et la paix internationale”, abrégée en “Journée internationale de la femme”.
Depuis 1996, un thème spécifique est choisi chaque année pour cette journée, afin de mettre l’accent sur des problématiques telles que l’accès à l’éducation, la lutte contre les violences sexuelles, un travail décent, l’accès aux technologies, les conditions des femmes réfugiées ou encore l’autonomisation des femmes en milieu rural.
L’égalité en marketing
Le 8 mars est un jour férié dans près de trente pays. En France, c’est sous le mandat de François Mitterrand, le 8 mars 1982, que la journée a acquis un statut officiel, sans pour autant devenir un jour férié.
Le 8 mars, qui est au cœur de l’activisme féministe, est largement célébré en Europe et aux États-Unis. Toutefois, depuis le début du XXIe siècle, cette journée a pris une tournure plus commerciale. Les promotions symboliques, les slogans et les appels à l’égalité se sont multipliés dans les entreprises, parfois au détriment de réformes sociales plus radicales.
En conclusion, la journée du 8 mars est devenue un symbole mondial des droits des femmes. Elle illustre la résistance des femmes dans leur lutte pour l’égalité, depuis son origine socialiste jusqu’à son internationalisation et son appropriation par le mouvement féministe. Cependant, il est important de rester vigilant afin que cette journée conserve son caractère de défense des droits des femmes plutôt que devenir une simple célébration commerciale.