Comment la maquette numérique révolutionne le secteur du BTP

Comment la maquette numérique révolutionne le secteur du BTP

Le concept de la maquette numérique, également appelé Building Information Modeling (BIM), est en train de bouleverser l’industrie de la construction. Mais qu’est-ce que le BIM exactement ? Il va bien au-delà d’une simple maquette 3D. Chaque élément dans une maquette BIM, même une simple fenêtre, est considéré comme un objet 3D distinct avec des métadonnées détaillées sur ses caractéristiques, telles que le matériau utilisé et le type de vitrage. Le modèle résultant est suffisamment complet pour permettre la simulation de performances, une pratique courante depuis plus de 25 ans dans l’industrie manufacturière. Ainsi, avant même de commencer la construction, la maquette BIM sert de prototype, permettant de définir intégralement le bâtiment de manière virtuelle.

Une visualisation éclairante et une lecture plus facile des contraintes

La maquette BIM offre une représentation visuelle très détaillée des projets, ce qui facilite grandement la compréhension des contraintes réglementaires. Par exemple, à Bussy-Saint-Georges, où 109 logements seront livrés en décembre pour l’association Emmaüs, le premier permis de construire numérique en France a été déposé en avril 2016. Grâce au BIM, ce qui aurait pris plusieurs semaines a pu être réalisé en seulement deux heures avec les autorités compétentes. De plus, la réalité virtuelle, qui s’appuie sur le BIM, permet de visiter virtuellement le bâtiment et d’anticiper les difficultés potentielles lors de la construction et de l’exploitation ultérieure.

Une adoption qui s’accélère et encourage la collaboration

Le BIM va au-delà de simples règles techniques, il promeut également une approche collaborative. Chaque professionnel est invité à partager des informations et à enrichir la maquette BIM, qui devient ainsi le pivot du projet. Cependant, tous les intervenants ne sont pas encore à la hauteur des exigences du BIM, comme l’explique l’architecte François Pélegrin. Malgré cela, le secteur du BTP progresse rapidement en termes de compétences et d’adoption du BIM. Selon une enquête réalisée par le Plan de transition numérique dans le bâtiment (PTNB), fin 2017, 35% des professionnels interrogés estimaient avoir une connaissance suffisante du BIM, soit une augmentation de 15% par rapport à l’année précédente. De plus, 53% d’entre eux estiment avoir besoin de se former rapidement.

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siege bim sky
La maquette BIM du futur siège du groupe Valentin et de BIM Sky, livrée début 2019. Même le mobilier de bureau a été modélisé.

Un outil de contrôle-qualité prometteur

Malgré les éventuels obstacles et le temps nécessaire à l’adaptation à cette nouvelle organisation, les avantages de la maquette numérique sont considérables. La réduction des erreurs de conception en est un exemple. Un charpentier travaillant en 3D a pu modifier une charpente qui ne correspondait pas au projet de couverture dans la maquette BIM. Cela a évité des rectifications coûteuses sur le chantier. De plus, Philippe Valentin, président et fondateur de la plateforme BIM Sky, rapporte que pour un projet de bâtiment résidentiel collectif simple, une démarche BIM sérieuse permettrait d’économiser entre 7 et 24 € par mètre carré. Ces économies compensent largement l’investissement initial nécessaire à la mise en place du BIM.

Il est donc clair que la maquette numérique est en train de révolutionner le secteur du BTP. Malgré certains défis qui restent à relever, cette nouvelle approche collaborative et visuelle offre de nombreux avantages, tels que la réduction des erreurs de conception et des coûts, ainsi que l’amélioration de l’efficacité des processus. En adoptant le BIM, l’industrie de la construction entre dans une ère de modernisation et d’efficacité inédite.