Vous avez donné le meilleur de vous-même lors de l’enregistrement de vos prises de son, y avez mis toute votre âme et votre meilleure interprétation. Votre mixage est parfait. Mais voilà qu’arrive l’étape cruciale et stressante du mastering, et là, c’est le désastre. Vous avez tout détruit en écrasant la dynamique à outrance, et vous avez laissé passer les chances pour votre morceau d’être diffusé à sa juste valeur.
Je suis Mikaël Birraux, propriétaire du studio d’enregistrement PAR Record, où je produis des albums dans tous les styles musicaux. Je suis également chanteur et guitariste depuis 20 ans dans un groupe de rock français appelé Piège à Rêves. Dans cet article, je vais vous initier à l’art très délicat du mastering, afin de vous aider à booster votre titre et éviter les écueils du processus.
Le mastering, c’est quoi ?
L’enregistrement audio d’un morceau se fait en trois étapes :
- La prise de son.
- Le mixage.
- Le mastering.
Le mastering est l’étape de finalisation d’un titre, d’un EP, ou d’un album. Il consiste à effectuer un dernier traitement audio. C’est la couche de finition du morceau, le vernis final. Le mastering intervient après le mixage. Contrairement au mixage, où l’on traite chaque instrument individuellement, en mastering, on travaille sur le fichier audio stéréo mixé dans sa globalité. On y applique une suite d’effets audio tels que l’égalisation, la compression, la spatialisation stéréo, etc.
Le mastering permet également de gérer l’entrée et la fin des morceaux, les fondus, les enchaînements entre les titres, ainsi que l’ordre des morceaux dans le cadre d’un EP ou d’un album. Il englobe également les normes d’exportation pour les différents supports tels que le CD, le vinyle ou les plateformes de streaming.
Pourquoi masteriser un titre ? Pourquoi ne pas distribuer directement le mixage ?
Il y a plusieurs raisons pour lesquelles il est important de masteriser un titre :
1. Votre morceau sonnera moins fort que les autres.
Le mastering, avec l’utilisation d’un limiteur en fin de chaîne de traitement audio, permet de remonter le volume global du morceau. Si votre titre est écouté entre deux morceaux qui sonnent plus fort, il va probablement sembler moins bien. L’oreille humaine a tendance à préférer les morceaux qui sonnent plus fort. Il serait donc dommage que votre titre sonne trop faiblement. Toutefois, faites attention à ne pas sacrifier toute la dynamique. Il est important de trouver le bon équilibre entre volume et dynamique, et de prendre en compte la culture du style musical. En effet, on ne masterise pas du jazz de la même façon que du rap.
2. Votre morceau sonnera moins professionnel.
Au-delà du volume perçu, un morceau non masterisé peut sembler moins professionnel. Il peut manquer de densité, de caractère, de punch, être un peu terne ou trop dynamique. Le mastering permet d’ouvrir le son, de le modeler et de lui donner une couleur sonore qui correspond au style du morceau. Le résultat est un morceau qui sonne professionnel et fini, sans aucun problème, à condition que l’enregistrement et le mixage aient été réalisés correctement.
3. Votre morceau ne fonctionnera pas sur tous les systèmes d’écoute.
Comparé à un mixage, le mastering permet de rendre un morceau exportable. Cela signifie qu’après le mastering, le titre devrait fonctionner sur tous les systèmes, qu’il s’agisse d’une chaîne hi-fi haut de gamme, d’une voiture, d’un casque audio ou d’un téléphone. Il devrait être perceptible sur tous les systèmes audio.
4. Vos morceaux seront incohérents.
Dans le cadre d’un EP ou d’un album, le mastering permet aux titres de s’enchaîner harmonieusement, avec les bonnes pauses et les bonnes transitions. Chaque morceau devrait sonner au même volume, de sorte que lorsque vous passez d’un titre à l’autre, vous n’ayez pas besoin de toucher au bouton de volume. Le mastering crée également une unité, une cohésion et une couleur globale pour l’album. Même si les titres ont été enregistrés dans des lieux différents, le mastering doit ramener une cohérence entre les morceaux.
5. Sans mastering, le morceau n’a aucune chance.
Enfin, le mastering permet de donner une chance au morceau. Sans mastering, le titre ne pourra être diffusé à la radio, ne sera pas adapté au streaming, ni aux différents systèmes d’écoute. Il n’aura donc aucune chance d’être apprécié à sa juste valeur.
Comment masteriser un titre ?
Le mastering est un art délicat et complexe. Avant toute chose, il est important de souligner que le mastering ne pourra pas rattraper les erreurs commises lors de l’enregistrement ou du mixage. Par contre, si ces étapes ont été réussies, le mastering viendra sublimer le projet.
Je dois avouer que le mastering n’est pas une tâche facile et peut même être risqué si l’on ne connaît pas les rouages. Il est préférable de faire appel à un ingénieur du son spécialisé en mastering, qui possède une grande culture musicale et une bonne connaissance des différents styles musicaux.
Cependant, voici quelques pistes que je peux vous donner :
1. Les connaissances.
Il est préférable d’éviter de gérer un projet de A à Z. Il est recommandé de faire appel à une oreille nouvelle et expérimentée pour le mastering. Un mauvais mastering peut littéralement détruire un mixage en raison d’une compression excessive ou d’un réglage incorrect de l’égalisation. Il est donc important d’y aller avec prudence si vous n’avez pas les connaissances et le matériel appropriés.
2. Le traitement acoustique de la pièce.
Le mastering nécessite une attention particulière en ce qui concerne le traitement acoustique de la pièce d’écoute. En effet, une pièce inadaptée peut provoquer des réflexions sonores indésirables, des problèmes de phase et une fausse image sonore. Il est important d’avoir une pièce de taille adéquate, sans surfaces parallèles, de préférence non cubique. Dans le cas des basses fréquences, il est conseillé de placer des basstraps dans les coins de la pièce pour éviter les ondes stationnaires.
3. Les enceintes de monitoring.
Le choix et le placement des enceintes de monitoring sont également primordiaux pour réussir un bon mastering. Il est important d’avoir une écoute précise et neutre. Il est recommandé de choisir des enceintes de studio de qualité, provenant de marques réputées telles que Focal, Adam, Dynaudio, Neumann, Genelec. Le placement des enceintes doit former un triangle équilatéral, avec le tweeter à hauteur d’oreilles.
Les 6 grandes étapes du mastering.
Une fois votre mixage terminé, vous devez exporter le fichier audio au format d’enregistrement, de préférence en 24 bits. Réimportez ensuite le fichier audio stéréo dans votre logiciel audio. Vous pouvez également importer un ou deux titres de référence bien produits dans le même style que celui que vous allez masteriser afin de pouvoir les comparer tout au long du processus de mastering.
Voici les différentes étapes du mastering :
1. Égalisation pour ouvrir et colorer le mix.
2. Spatialisation stéréo.
3. Compression.
4. Limiteur.
5. Édition des plages audio d’un album ou EP, export aux normes de mastering.
6. Validation sur différents systèmes d’écoute.
Il existe d’autres outils tels que l’égalisation dynamique, la compression multibande ou le traitement M/S qui peuvent être utilisés en mastering, mais je n’ai pas abordé ces sujets pour rendre cet article plus accessible.
En conclusion, j’espère vous avoir guidé dans votre démarche de mastering. Le mastering est un sujet vaste et complexe qui nécessite une grande expertise. N’hésitez pas à faire appel à un ingénieur du son spécialisé si vous ne vous sentez pas à l’aise avec les différentes étapes du mastering. Et surtout, expérimentez et amusez-vous bien !
