Le restaurant virtuel est devenu tendance après la période difficile du covid, qui a obligé les restaurateurs à se réinventer. Au milieu de l’offre de restauration traditionnelle, cette solution axée sur la livraison à domicile apparaît comme une alternative originale et peu coûteuse pour tous ceux qui souhaitent se lancer dans la vente de plats à emporter. Grâce aux plateformes de livraison à domicile, ces foodpreneurs ont la possibilité de créer et développer une nouvelle génération de restauration, viable même en période de crise sanitaire. Alors, comment ouvrir un restaurant virtuel ? Suivez le guide !
Qu’est-ce qu’un restaurant virtuel ?
Un restaurant virtuel est un établissement qui ne propose ses repas que par le biais de la livraison. Également appelés “dark kitchen” ou “cuisines fantômes”, ces restaurants n’ont ni devanture ni local pour accueillir les clients. Leurs plats sont disponibles uniquement sur les plateformes de livraison en ligne.
Ce concept, importé des États-Unis avec le géant Uber Eats, correspond à une nouvelle façon de consommer et à un nouveau mode de vie, notamment en zone urbaine et péri-urbaine. Plus besoin de se rendre au restaurant, c’est le restaurant qui vient directement chez vous !
L’avantage pour les professionnels est qu’ils n’ont pas besoin d’investir massivement pour ouvrir un restaurant virtuel : une simple cuisine suffit ! Cela permet un démarrage rapide, sans avoir à acheter du mobilier, à embaucher du personnel de salle ou à choisir un grand local. Vous pouvez ainsi tester votre concept sans prendre autant de risques que pour l’ouverture d’un restaurant traditionnel.
Quel statut juridique choisir pour ouvrir un restaurant virtuel ?
Le statut de micro-entreprise est généralement privilégié par les personnes souhaitant ouvrir un restaurant virtuel. Simple et rapide à créer, il permet de ne payer des charges que sur le chiffre d’affaires encaissé. Cependant, si ce dernier augmente rapidement et dépasse les plafonds des auto-entrepreneurs, il faudra opter pour une autre forme juridique.
La SAS (ou la SASU), Société par Actions Simplifiées, offre une gestion souple tout en étant affranchie de certains plafonds. Bien que plus longue à créer, elle implique la rédaction de statuts et la publication d’une annonce légale.
Enfin, la SARL permet d’ouvrir un restaurant virtuel tout en limitant la responsabilité au montant des apports. C’est également une forme juridique flexible qui permet de s’adapter avec les associés.
La SAS et la SARL séduisent de nombreux restaurateurs traditionnels, qui y voient une meilleure protection sociale par rapport aux structures individuelles. Ouvrir un restaurant virtuel en SARL ou en SAS est donc une option à envisager dès le début, selon votre projet.
Quelle que soit l’option choisie, il est possible de créer votre entreprise en ligne pour gagner du temps et économiser sur l’ensemble des formalités juridiques.
Ouvrir un restaurant virtuel en 3 étapes
Prêt à vous lancer dans l’aventure ? Voici les 3 étapes pour ouvrir un restaurant virtuel !
Choisir une spécialité
C’est évidemment la première question à vous poser : qu’allez-vous proposer à vos clients ? En dehors de ce que vous aimez cuisiner, vous devez prendre en compte deux éléments :
- Le temps de préparation : l’un des impératifs du restaurant virtuel est de pouvoir livrer votre plat encore chaud. Il est donc essentiel de trouver une idée facile à cuisiner, à préparer à l’avance ou à assembler, et qui puisse être réchauffée rapidement. Gardez à l’esprit que, une fois la commande passée, vous n’avez que quelques minutes pour envoyer votre plat.
- Le prix : comme tous les restaurateurs, vous devez calculer vos coûts de fabrication pour déterminer vos prix de vente. Cependant, avec un restaurant virtuel, vous devez également inclure la commission de la plateforme de livraison, qui s’élève généralement à environ 25 %, auxquels s’ajoutent des frais de service éventuels. Il est donc primordial de tenir compte de ces frais pour maintenir votre marge et éviter de proposer des prix trop élevés qui pourraient dissuader les clients.
Le choix de votre spécialité ne doit pas être pris à la légère et doit répondre à une logique économique et logistique. De plus, opter pour une stratégie mono-produit est idéal pour les restaurants virtuels. Cela vous positionne en tant que spécialiste, par exemple des burgers ou des pizzas, et vous permet de vous concentrer sur un seul produit et ses déclinaisons.
Suivre les formations nécessaires
Un conseil : ne vous lancez pas dans l’aventure d’un restaurant virtuel sans acquérir des connaissances de base. En effet, vous devez maîtriser certains sujets pour ouvrir et maintenir votre activité, tels que les normes HACCP.
Il est indispensable de suivre une formation pour obtenir le permis d’exploitation si vous comptez vendre des boissons alcoolisées. Cette formation, d’une durée de 2 jours et demi, est payante et proposée par les Chambres de Commerce et d’Industrie (CCI). Une fois terminée, vous obtenez un permis d’exploitation valable 10 ans.
Une autre formation obligatoire concerne l’hygiène alimentaire. Vous y apprendrez les normes HACCP à respecter ainsi que la législation correspondante.
En plus de ces formations obligatoires, il est fortement recommandé de suivre une formation en gestion d’entreprise pour éviter les mauvaises surprises et se sentir plus confiant. Bien qu’un diplôme ne soit pas nécessaire pour ouvrir un restaurant virtuel, posséder un CAP en cuisine est un atout apprécié pour être efficace et se démarquer de la concurrence.
Réaliser une étude de marché et un business plan
Avant d’ouvrir votre restaurant virtuel, vous devez réaliser une étude de marché et un business plan. Cela signifie que vous devez déterminer la demande locale de vos clients, connaître votre concurrence et prévoir l’évolution de votre entreprise.
En effet, si vous souhaitez ouvrir une pizzeria virtuelle mais que vous constatez qu’il existe déjà 3 pizzerias ou vendeurs de pizzas dans un rayon de moins de 10 km, il sera difficile de vous faire une place. Vous devez également savoir si vos futurs clients sont plutôt intéressés par les burgers, les sushis ou les plats indiens, et à quel moment de la journée ils commandent le plus souvent. Votre étude de marché doit vous permettre de trouver le juste équilibre entre les attentes de vos futurs clients et ce que proposent déjà vos concurrents.
Vous devez également prendre en compte votre zone de livraison géographique : plus vous vous éloignez, plus les frais de livraison sont élevés et plus vous risquez de livrer des plats froids !
Votre business plan vous permettra de déterminer la rentabilité et la viabilité de votre projet, ainsi que d’obtenir des financements si nécessaire. Il doit contenir un plan d’action sur 3 ans idéalement, démontrer la pertinence de votre restaurant virtuel en fonction de la demande des consommateurs et présenter vos prévisions financières en fonction des plats proposés.
Déclarer son activité professionnelle
En tant que restaurateur (ou futur restaurateur), vous avez l’obligation de déclarer votre activité de vente directe aux consommateurs à la Direction Départementale de la Protection des Populations (DDPP) conformément à l’article R233-4 du Code rural et de la pêche maritime. Pour cela, vous devez remplir le formulaire Cerfa n°13984 et l’envoyer par courrier à la DDPP compétente pour votre lieu d’exploitation. Pour faciliter les démarches, il est possible de déclarer votre activité professionnelle en ligne.
Quelles sont les autres formalités pour ouvrir un restaurant virtuel ?
Une fois les démarches administratives accomplies, vous devez également régler plusieurs détails avant l’ouverture de votre restaurant virtuel.
Créer des menus virtuels
Pour promouvoir vos plats et les vendre, vous devez créer un menu digital, c’est-à-dire un menu que vos futurs clients pourront consulter en ligne. De nombreuses solutions sont disponibles pour créer, mettre en forme et promouvoir vos plats. Certains outils permettent même aux clients de payer en ligne directement ou de laisser un avis.
Utiliser des outils de gestion de commandes en ligne
Qui dit restaurant virtuel dit souvent gestion digitale des commandes. Pour rester compétitif et enregistrer rapidement vos commandes, vous devez vous équiper et maîtriser les outils qui vous permettent de suivre toutes les demandes, de mettre à jour votre menu en temps réel en fonction de vos stocks, de mettre à jour vos offres, etc. Ces outils marketing sont souvent inclus dans les solutions proposées par les plateformes de livraison pour faciliter leur prise en main.
S’inscrire sur les plateformes de livraison
Livrerez-vous vous-même ou utiliserez-vous des plateformes de livraison en ligne ? Il s’agit là d’une question essentielle à se poser avant d’ouvrir une dark kitchen.
Bien que les plateformes demandent un investissement qui doit être répercuté sur le prix de vos plats pour conserver votre marge, elles représentent un gain de temps et d’argent considérable. En effet, vous n’avez pas besoin d’investir dans l’équipement ni le personnel pour assurer la livraison de vos plats. De plus, la notoriété des grands acteurs du marché tels que Deliveroo ou Uber Eats vous assure une certaine visibilité en peu de temps.
Souscrire aux bonnes assurances
Votre activité comporte certains risques, comme l’intoxication alimentaire de vos clients. Pour vous protéger, il est important de souscrire à des assurances professionnelles pour votre restaurant. La Responsabilité Civile Professionnelle (RC Pro) est indispensable, mais d’autres assurances peuvent également vous permettre de travailler plus sereinement.
Comment trouver un local ?
Si rien ne vous empêche de commencer chez vous, différentes options s’offrent à vous pour trouver un local.
Louer une cuisine
La location d’une cuisine est une solution peu coûteuse pour lancer votre dark kitchen. En effet, votre seul investissement sera le loyer. Veillez cependant à choisir un local qui permet une cuisson rapide et efficace, avec un agencement pratique et optimisé.
Sélectionnez soigneusement votre emplacement afin de rester dans votre zone de livraison géographique.
Partager une cuisine
Moins connue, cette solution présente pourtant plusieurs avantages. Certains restaurants traditionnels louent tout ou partie de leur cuisine, notamment les jours de fermeture. Vous bénéficiez ainsi d’une cuisine professionnelle équipée et parfaitement fonctionnelle, avec tout le matériel dont vous avez besoin. De plus, le loyer est généralement moins élevé que pour une location classique. Des plateformes telles que Light Kitchen sont spécialisées dans la mise en relation entre restaurateurs pour partager leurs cuisines !
Acheter un local
Enfin, rien ne vous empêche d’acheter un local et de l’aménager selon vos besoins. Celui-ci sera alors parfaitement adapté à votre activité. Cela demande cependant un investissement financier plus important et une bonne connaissance du marché local. En effet, vous ne pourrez pas simplement déménager si l’emplacement est finalement peu adapté !
Cette solution est plutôt réservée aux entrepreneurs ayant une vision à long terme de leur projet et prêts à s’implanter durablement localement.