Comment réaliser le sous-titrage de films ?

Comment réaliser le sous-titrage de films ?

On peut aborder le sous-titrage d’un point de vue technique afin de mieux comprendre ces lignes de mots qui apparaissent sur l’image en mouvement.

Définition

Le sous-titrage est le texte écrit qui apparaît en bas de l’image d’un film. Il permet de lire la traduction des dialogues prononcés par les personnages ou du commentaire du narrateur du film.

En moyenne, un long métrage d’une heure et demie contient environ mille sous-titres.

Objectifs et contraintes

Les professionnels du sous-titrage cherchent à proposer une traduction fidèle, discrète et lisible des dialogues originaux. Pour alléger le texte, le traducteur veille à ne pas tout traduire. Par exemple, lorsqu’il y a plusieurs personnages qui parlent en même temps, il faut choisir la réplique “dominante”. De plus, on évite de répéter à l’écrit ce qui se répète à l’oral et on ne traduit pas toutes les “paroles annexes”, comme les bribes de dialogue audibles dans une foule par exemple. Il est également important de considérer le temps de lecture : le sous-titre apparaît pendant une à six secondes en fonction de sa longueur et de la durée du plan. En général, on cherche à rendre le sous-titre “transparent”. Selon la traductrice Isabelle Audinot, “le sous-titre ne restant que quelques secondes à l’écran, la compréhension doit être rapide” et elle “essaie toujours de faire croire au spectateur qu’il ne lit pas les sous-titres”.

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Les étapes de réalisation d’un sous-titrage

Le sous-titre est le résultat de différentes opérations menées par plusieurs intervenants spécialisés.

1. Le repérage

En général, ce travail est réalisé dans un laboratoire cinématographique par un technicien, appelé le repéreur. En visionnant le film dans sa version originale, il repère les moments où les sous-titres doivent apparaître. Il utilise le time code, qui représente le temps du film en heures, minutes, secondes et images, pour repérer le début et la fin de chaque réplique.

Chaque phrase est repérée avec précision, image par image (il y a vingt-quatre images par seconde au cinéma, vingt-cinq en vidéo). L’apparition du sous-titre doit correspondre exactement au début de l’élocution. En ce qui concerne la disparition du sous-titre, les règles sont moins strictes : si le temps de lecture semble trop court par rapport à la durée de la phrase prononcée, on peut laisser le sous-titre visible après la fin de la réplique. Cependant, il ne faut pas dépasser six secondes par sous-titre. De plus, dès qu’il y a un changement de plan, le sous-titre doit avoir disparu. En effet, si un sous-titre persiste d’un plan à l’autre, le spectateur qui découvre une nouvelle image va de nouveau lire le sous-titre. Dans les films au montage très serré, cette règle est assouplie pour permettre un temps de lecture adéquat.

Pour chaque réplique, on détermine le nombre de caractères (lettres, espaces, ponctuation) que le sous-titre aura. En général, il y a douze caractères (lettres, espace) par seconde de projection. Afin de ne pas empiéter trop sur l’image, on consacre au maximum deux lignes à chaque sous-titre, avec environ trente-cinq caractères par ligne. L’utilisation de deux lignes évite d’avoir à lire d’un bord à l’autre de l’image.

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Ensuite, on transmet ce repérage au traducteur. Celui-ci saura ainsi, pour chaque réplique à traduire, la durée (et donc la taille) du sous-titre à réaliser.

2. La traduction et la rédaction des sous-titres

À l’aide du repérage, d’une transcription des dialogues et aujourd’hui d’une copie vidéo du film, le traducteur adapte un dialogue oral, prononcé dans une certaine langue, en un dialogue écrit dans une autre langue. Sa traduction permet non seulement de rendre accessible une langue à un public non locuteur de celle-ci, mais aussi d’adapter le dialogue à la culture du pays où le film sera diffusé. Par exemple, si un dessert populaire au Japon n’est pas connu en France, il faut trouver un équivalent français ou réussir brièvement à le décrire. Le traducteur doit donc maîtriser les deux langues ainsi que les deux cultures. Il dispose de deux à trois semaines pour réaliser son travail.

Selon la “Charte des bons usages entre les auteurs, les prestataires techniques et les commanditaires du doublage et du sous-titrage” établie par le CNC avec les différents partenaires du secteur, “les délais raisonnables pour la réalisation d’une adaptation de qualité sont d’une semaine pour un documentaire ou un épisode de série de 52 minutes et de deux semaines pour un long métrage de 100 minutes”.

Le traducteur est considéré comme un auteur et est généralement crédité au générique du film. Le prestataire technique est souvent mentionné également.

3. La simulation

Cette étape réunit le traducteur, le technicien appelé “simulateur” et le commanditaire du sous-titrage (par exemple, le distributeur du film). On teste la projection du film avec les sous-titres et on peut alors corriger le texte, son emplacement, ainsi que le moment où il apparaît et disparaît.

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4. L’impression des sous-titres

Au fil des années, différents procédés ont été utilisés par les laboratoires pour faire apparaître le texte écrit à l’image du film : sous-titrage à chaud, chimique, laser et enfin numérique. Auparavant, il fallait inscrire le texte sur la pellicule du film. Aujourd’hui, le sous-titre est intégré à un fichier numérique contenu dans le DCP (Digital Cinema Package), qui est un support numérique contenant le film en haute définition destiné aux salles de cinéma. Le projectionniste de la salle de cinéma diffuse simultanément deux fichiers sur l’écran : celui du film et celui du sous-titre.

Dans sa scène du film “Annie Hall”, Woody Allen exprime les pensées des personnages sous forme de sous-titres, en décalage avec leurs paroles. Dans la version sous-titrée en français, il faut deux sous-titres : l’un, en italique, qui énonce les pensées des personnages (comme dans la version originale) ; l’autre, en caractères romains, qui traduit leurs propos.

Auteur : Marc Frelin, coordinateur du dispositif “Lycéens et apprentis au cinéma” en Franche-Comté. Supervision : Jean-François Buiré. Ciclic, 2018.