Comment réduire l’impact des centrales solaires sur les sols et la biodiversité – Guide de l’ADEME

Comment réduire l’impact des centrales solaires sur les sols et la biodiversité – Guide de l’ADEME

En 2022, les éoliennes et les panneaux photovoltaïques ont généré plus d’électricité que le gaz ou le charbon en Europe. Cette avancée positive en termes d’émissions de gaz à effet de serre ne doit toutefois pas se faire au détriment de la biodiversité, car la crise climatique et la crise de la biodiversité sont étroitement liées.

La crise de la biodiversité : un défi majeur

En seulement 150 ans, les activités humaines ont causé la perte de 83 % de la biomasse animale sauvage et 42 % de la biomasse végétale. Selon un rapport de l’IPBES, environ 1 million d’espèces sont menacées d’extinction, ce qui nous conduit à la sixième extinction de masse de la planète. Ces chiffres alarmants montrent que la crise de la biodiversité est tout aussi grave que la crise climatique. Il est donc essentiel de prendre des mesures pour décarboner l’économie et restaurer nos écosystèmes naturels.

Accélérer le développement des énergies renouvelables sans aggraver la crise de la biodiversité

La loi de transition énergétique pour la croissance verte de 2015 prévoit d’atteindre 40 % de production d’électricité d’origine renouvelable d’ici 2030, et la loi énergie-climat de 2019 vise la neutralité carbone d’ici 2050. Selon les scénarios de RTE, de l’ADEME et de NégaWatt, les énergies renouvelables devront représenter entre 50 et 100 % de la production d’électricité d’ici 2050.

Cela signifie que nous devrons multiplier par sept la puissance solaire photovoltaïque installée et par quatre la puissance éolienne au cours des 30 prochaines années. Cependant, ce développement massif des énergies renouvelables aura un impact sur les sols, les paysages et la biodiversité terrestre et marine. Heureusement, le Code de l’environnement prévoit des mesures de protection strictes pour les espèces de faune et de flore sauvages, interdisant la destruction, la dégradation et l’altération de leurs habitats.

L’impact des centrales solaires sur les sols et la biodiversité

L’implantation, le démantèlement et le renouvellement des centrales solaires peuvent avoir un impact sur l’environnement. Selon l’ADEME et l’OFB, voici quelques effets recensés dans le rapport intitulé “Photovoltaïque, sol et biodiversité – enjeux et bonnes pratiques”.

Pression sur les sols et la biodiversité

  • Phase de construction : défrichement, terrassement.
  • Phase d’exploitation : espaces clos, microclimat, maintenance.
  • Phase de démantèlement.

Incidences sur le microclimat

  • Sous les panneaux : réduction de la lumière, modification de la température et de l’hygrométrie.
  • Au-dessus des panneaux : effet “îlot de chaleur”.

Incidences sur les sols

  • Imperméabilisation localisée.
  • Modification de la porosité et de l’humidité.
  • Modification de l’écoulement.
  • Réduction des cycles biologiques (carbone, azote).

Incidences sur la flore

  • Impact significatif sur la biodiversité végétale lors de la phase de construction.
  • Conditions défavorables sous les panneaux pour les plantes pollinisées par les insectes.

Incidences sur la faune sauvage

  • Destruction ou altération des habitats.
  • Fragmentation des corridors écologiques.
  • Perturbation des déplacements des grands mammifères en raison des clôtures.
  • Ombrage défavorable aux insectes pollinisateurs.

Les centrales au sol et les panneaux en toiture : deux solutions incontournables

Par rapport aux installations au sol, les installations sur toiture présentent moins d’inconvénients. Utilisant des surfaces déjà artificialisées, elles ont un impact environnemental limité et doivent donc être privilégiées. Cependant, pour atteindre les objectifs ambitieux fixés par la Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) en matière de production photovoltaïque, il est nécessaire de développer à la fois le solaire au sol et sur les toitures, comme le prévoient les scénarios “Transitions 2050” S1 et S3 de l’ADEME.

La construction de centrales au sol est donc inévitable et aura toujours un impact sur l’environnement. La loi prévoit des mesures d’évitement, de réduction et de compensation des impacts négatifs. Ainsi, l’ADEME recommande de privilégier les sites déjà artificialisés ou dégradés et d’éviter les milieux naturels à haute valeur de conservation.

Lorsqu’il est impossible d’éviter les impacts, il est essentiel de les réduire au maximum. Par exemple, en contournant les corridors de déplacement de la faune, en limitant l’ombre portée ou en réduisant le défrichement. Enfin, les impacts négatifs qui ne peuvent être évités doivent être compensés par la restauration, la réhabilitation ou la création de nouveaux habitats naturels.

Heureusement, il existe des retours d’expérience positifs en matière d’intégration réussie des centrales solaires. L’ADEME détaille certains de ces projets à la fin de son rapport. Des projets d’agrivoltaïsme sont également en cours et semblent donner des résultats encourageants, en associant production d’énergie et adaptation des cultures au changement climatique.

Pour approfondir le sujet, nous vous recommandons de lire le rapport complet de l’ADEME. Une synthèse vidéo est également disponible pour vous informer davantage.

[1] La Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques fournit des évaluations scientifiques sur l’état de la biodiversité de la planète et des écosystèmes pour éclairer les décideurs politiques.

[2] Selon le baromètre Observ’ER 2022, ces objectifs pourraient ne pas être atteints pour diverses raisons.