Comment rendre les véhicules électriques plus attractifs grâce à une limitation de vitesse ?

Faut-il limiter la vitesse pour rendre les véhicules électriques plus attractifs ?

La société prend de plus en plus conscience des conséquences néfastes des véhicules thermiques sur l’approvisionnement en pétrole, le changement climatique et la qualité de l’air. Pour résoudre ces problèmes, différentes stratégies doivent être mises en place concernant les pratiques de mobilité et l’offre de transport.

La transition vers les véhicules électriques est une perspective intéressante sur le plan technologique. En effet, ces véhicules offrent de nombreux avantages par rapport aux véhicules thermiques. Cependant, leur déploiement est confronté à des problèmes d’autonomie, de temps de recharge et de dimensionnement des batteries et des stations de recharge.

Dans ce contexte, il est intéressant d’étudier les conséquences d’une réduction de la vitesse de circulation à 110 km/h sur les performances et l’attractivité des véhicules électriques. Les résultats de mes travaux sur l’analyse du déploiement des véhicules électriques dans le contexte des trajets longue distance sont présentés ici.

Les véhicules électriques : des véhicules à zéro émission ?

Les véhicules électriques sont souvent considérés comme des véhicules “zéro émission” car ils ne produisent aucun polluant lors de leur utilisation. Cependant, cette notion exclut les émissions indirectes liées à la production d’électricité nécessaire à la recharge de la batterie, ainsi qu’à la fabrication et au traitement en fin de vie du véhicule. De plus, certaines pollutions causées par l’usure des freins, des pneus et de la chaussée ne sont pas prises en compte.

À lire aussi  Les voitures électriques et le recyclage de leurs batteries

Malgré ces nuances, les véhicules électriques émettent globalement moins de polluants que les véhicules thermiques. Ils réduisent les émissions atmosphériques pendant leur utilisation, ce qui permet de préserver la santé publique, en particulier dans les zones urbaines denses. De plus, même en considérant l’ensemble du cycle de vie, les véhicules électriques émettent moins de gaz à effet de serre que les véhicules thermiques. Par exemple, une voiture électrique rechargée en France et parcourant 225 000 km émet 74% de moins de gaz à effet de serre qu’une voiture à essence.

Le temps de trajet, un frein à l’acceptabilité des véhicules électriques

En France, seulement 13% des nouvelles immatriculations de voitures particulières étaient des véhicules électriques en 2022. Malgré leurs avantages, les véhicules électriques ont du mal à se substituer aux véhicules thermiques en raison des contraintes d’autonomie et de temps de recharge pour les trajets longue distance.

Prenons l’exemple d’un véhicule électrique avec une batterie d’une capacité de 50 kWh. Selon les données du constructeur, le conducteur peut effectuer des trajets à 130 km/h en alternant des phases de circulation de 55 minutes et des pauses de 25 minutes pour recharger la batterie. Ainsi, les véhicules électriques nécessitent plus de temps que les véhicules thermiques pour réaliser les longs trajets à grande vitesse.

Améliorer l’attractivité des véhicules électriques

Pour rendre les véhicules électriques plus attractifs, il existe deux stratégies potentielles. La première consiste à augmenter considérablement la capacité des batteries et les performances des recharges des véhicules électriques. Cependant, cette approche présente des difficultés de mise en œuvre et des risques liés à la disponibilité des matériaux nécessaires à la fabrication des batteries.

À lire aussi  Vélo électrique ou voiture : Faites votre choix pour un avenir meilleur !

La seconde stratégie consiste à limiter les vitesses de circulation sur autoroute afin de désavantager les véhicules thermiques. En réduisant la vitesse à 110 km/h, les véhicules électriques pourraient atteindre des performances similaires à celles des véhicules thermiques. Cette approche présente l’avantage de limiter les besoins en infrastructures de recharge sur autoroutes, ce qui permettrait de réduire les coûts économiques et environnementaux.

Une responsabilité collective pour un développement maîtrisé des véhicules électriques

La limitation de la vitesse maximale sur autoroute et l’adoption de véhicules électriques plus “sobres” permettraient de rendre le processus d’électrification plus robuste et équitable. Aujourd’hui, il existe déjà des inégalités de performances entre les différents modèles de véhicules électriques, ce qui crée une nouvelle forme d’inégalité liée au temps de trajet.

Il est donc nécessaire d’adopter une approche collective pour favoriser le développement des véhicules électriques. Cela nécessite un engagement personnel pour adapter notre manière de voyager, un soutien politique pour garantir le respect des limitations de vitesse et une coordination avec nos voisins européens afin d’harmoniser les vitesses réglementaires sur autoroute.

En conclusion, la limitation de vitesse sur autoroute pourrait être une mesure efficace pour rendre les véhicules électriques plus attractifs. Cela permettrait de réduire les temps de trajet, d’éviter des surcoûts liés à l’augmentation de la capacité des batteries et de favoriser une transition vers des véhicules plus respectueux de l’environnement. Toutefois, cette mesure nécessite un effort collectif et une vision globale pour garantir une transition environnementale réussie.