Les phobies sont des peurs irrationnelles qui peuvent entraîner des crises de panique et devenir extrêmement handicapantes, car elles obligent à éviter à tout prix l’objet de nos angoisses.
En cas d’arachnophobie, la simple vue d’une araignée active une partie de notre cerveau appelée les amygdales. Celles-ci détectent ce qui semble menaçant et alertent le système de défense, déclenchant ainsi une cascade de réactions. Résultat : transpiration, accélération du rythme cardiaque et contraction musculaire, toutes ces manifestations préparant notre corps à la fuite. Une fois que notre corps est en état d’alerte, les amygdales informent ensuite une autre partie du cerveau, le cortex préfrontal, qui analyse l’objet de notre peur et l’évalue.
Lorsque nous sommes phobiques, ce mécanisme de peur est amplifié. La peur devient alors incontrôlable et disproportionnée par rapport aux risques réels. Dès que les amygdales détectent l’objet de la phobie, elles envoient constamment des alertes, submergeant ainsi les centres nerveux chargés d’analyser ces messages. Les phobies créent une anxiété chronique.
Les psychiatres distinguent plusieurs types de phobies : les phobies spécifiques et les phobies complexes.
Les phobies spécifiques sont des peurs irrationnelles liées à des choses ou à des situations précises. Elles peuvent avoir différentes causes, mais les plus courantes sont la peur des animaux (chiens, souris, araignées…), de l’avion ou des hauteurs.
Les phobies complexes, comme les phobies sociales ou l’agoraphobie, se caractérisent par d’autres symptômes en plus de la peur, tels qu’une anxiété chronique ou une mauvaise estime de soi.
L’agoraphobie désigne la peur de la foule, mais pas seulement. Selon les psychiatres, c’est la crainte d’être dans un endroit dont il est difficile de s’échapper. Les agoraphobes limitent leurs déplacements ou se font accompagner par peur de faire une crise de panique.
Les phobies sociales se traduisent par une crainte irrationnelle des autres : peur d’engager une conversation, de participer à des petits groupes, ou de faire face à toute situation sociale. Les personnes qui en souffrent ne peuvent pas y échapper. Elles rougissent, tremblent des mains, et peuvent même être sujettes à des nausées.
Quel que soit leur type, les phobies provoquent un stress et une angoisse intenses. Les personnes atteintes cherchent à éviter à tout prix l’objet ou le lieu qui les panique, ce qui modifie leur comportement et les pousse souvent à adopter des rituels pour gérer leur angoisse. Les psychiatres appellent cela une conduite d’évitement. Les répercussions sur leur vie personnelle et professionnelle sont très lourdes, et les phobies peuvent conditionner la vie de ceux qui en souffrent.
Les phobiques souffrent généralement d’une mauvaise estime de soi et d’un manque de confiance en eux. Pour soulager les phobies sociales, les médecins prescrivent parfois des bêtabloquants ou des antidépresseurs, qui permettent de lever les inhibitions en société. Cependant, les anxiolytiques doivent être utilisés de manière exceptionnelle.
Les thérapies comportementales sont recommandées pour traiter toutes les phobies. Certains psychiatres exposent directement les patients phobiques à l’objet de leur peur, tandis que d’autres préfèrent procéder par étapes, dans ce que l’on appelle l’exposition et la désensibilisation.
L’hypnothérapie peut également être intéressante, tandis que les jeux de rôle sont recommandés en cas de phobie sociale.
La thérapie virtuelle est une nouvelle méthode qui permet d’exposer le patient à l’objet de sa peur de manière virtuelle. Équipé d’un casque, le patient se retrouve plongé au cœur d’une scène virtuelle recréant la situation phobique. L’environnement, à la fois sonore et visuel, est reconstitué, et le thérapeute contrôle l’apparition et l’intensité de la situation phobique. Progressivement, le patient apprend ainsi à faire face à sa phobie.
La phobie est une peur démesurée et irrationnelle. Que ce soit la peur du vide, des araignées, de l’avion ou encore de la foule, la thérapie virtuelle peut être utilisée dans les thérapies comportementales. Cette méthode expose progressivement le patient à des situations qu’il redoute, un peu comme dans un jeu vidéo.
“Une partie de la thérapie consiste à exposer le patient aux situations qu’il évite généralement. L’exposition ne peut pas être brutale, sinon vous risquez de traumatiser le patient. Il faut le faire doucement, l’exposer petit à petit aux situations qu’il redoute”, explique le Dr Eric Malbos, médecin psychologue. Pour éviter la panique, les patients apprennent des techniques de relaxation et de gestion des émotions, qu’ils doivent appliquer dans les situations redoutées.
Le rôle du thérapeute est essentiel. Pendant la réalité virtuelle, un véritable dialogue s’établit entre le patient et le thérapeute. Le patient peut demander des conseils et de l’aide, ce qui permet de tisser un lien et d’échanger sur ses pensées et ses émotions, souligne le Dr Malbos. La thérapie virtuelle est une technique sans danger qui permet de tromper nos sens et d’exposer régulièrement les patients à leurs phobies. Généralement, huit à quatorze séances sont nécessaires pour obtenir de bons résultats.
L’hypnose est une autre solution pour se défaire de sa phobie, bien qu’elle nécessite généralement plusieurs séances. Elle vise à plonger le patient dans un état entre la veille et le sommeil, un état qui permet de détendre le patient et de réduire rapidement l’impact du stress. Un travail peut alors être effectué pour libérer les tensions liées au blocage ou à la phobie.
Pour les personnes atteintes d’aérodromophobie (la peur de l’avion), des stages sont spécialement conçus pour les aider à surmonter cette angoisse. Lors de ces stages, un entretien psychologique permet de mieux comprendre les causes et les manifestations des peurs du passager, ainsi que son état général d’anxiété. Lors du stage, les participants ont également un entretien avec un pilote instructeur, qui leur fournit des informations techniques sur le fonctionnement de l’avion. Enfin, une simulation de vol est proposée, permettant aux participants de confronter leur phobie de manière progressive. Les résultats sont encourageants, car 80% des participants sont capables de prendre l’avion dans les trois mois qui suivent le stage.
Parmi les moyens pour apprendre à dépasser ses peurs, la pratique de la méditation est également une option intéressante. Certains psychiatres utilisent la méditation comme outil thérapeutique pour aider les patients à apprivoiser leurs peurs. En écoutant attentivement leurs sensations corporelles et leur respiration, les patients peuvent se recentrer et se sentir en sécurité dans l’instant présent. Les exercices de méditation permettent de réduire progressivement le niveau de peur.
Enfin, pour surmonter la peur du vide, des stages anti-vertige peuvent être une option intéressante. Ces stages, encadrés par un guide de haute montagne, permettent aux participants de confronter leur phobie dans l’espoir de mieux la comprendre et de l’apprivoiser. Des exercices de relaxation et des activités de groupe sont proposés pour aider les participants à gérer leurs émotions et à repousser leurs limites. Au fil du stage, les participants reprennent progressivement confiance en eux et sont capables d’affronter des paysages de plus en plus vertigineux. En moyenne, il faut entre un et trois week-ends pour apprivoiser sa peur du vide.