Comprendre la colère : Gérer ce risque constant

Comprendre la colère : Gérer ce risque constant

La gestion de la colère est un défi pour les administrateurs de camps, car elle peut influencer le comportement de leurs employés sans pour autant pouvoir le contrôler. La colère est l’une des émotions les plus problématiques dans un camp, car elle affecte les individus de différentes manières. Un acte impulsif d’un membre du personnel peut causer des blessures à une autre personne et même nuire à la réputation de votre camp.

Il est vrai que tous les membres du personnel du camp n’ont pas de problèmes de colère, mais de nombreux jeunes adultes en ont (et ce groupe d’âge représente généralement la majorité du personnel du camp). Le fait de faire passer des entretiens de sélection avant le camp ne permet pas de détecter les difficultés à contrôler la colère chez un membre du personnel ; un problème de colère peut ne se manifester qu’après le début du camp. Par conséquent, une compréhension approfondie de cette émotion peut aider à faire face aux problèmes liés à la colère qui peuvent survenir.

La psychologie de la colère

La colère a été identifiée comme une émotion secondaire. On suppose que la colère est une réaction immédiate à une situation spécifique, que l’on appelle déclencheur.

Cependant, la colère est souvent secondaire ; c’est une réaction à une émotion primaire plus immédiate. Habituellement, cette première réaction émotionnelle immédiate à un déclencheur est désagréable et difficile à gérer pour une personne.

Un exemple aidera à clarifier cette distinction importante : un jeune animateur est entendu en train de crier sur les campeurs de son dortoir. Son superviseur lui explique plus tard que ce n’est pas une stratégie disciplinaire appropriée au camp. L’animateur est d’accord et présente ses excuses pour avoir perdu son sang-froid. Plus tard dans la journée, on peut le voir en compagnie de ses collègues animateurs en train de maudire son superviseur et de se plaindre que l’administration du camp ne sait pas comment gérer les campeurs très difficiles.

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Quelle a été la réaction émotionnelle immédiate de cet animateur lorsqu’il a été réprimandé ? On peut supposer qu’il ressentait de l’embarras, de la peur de perdre son emploi et peut-être même de la culpabilité. Ces émotions particulières sont souvent très difficiles à gérer et peuvent se transformer rapidement en colère, qui est une émotion secondaire.

La colère est beaucoup plus puissante. L’endurance physique augmente lorsque le système nerveux sympathique déclenche une cascade de changements biochimiques dans le corps. Une personne en colère ressent souvent une clarté mentale ainsi qu’une sensation de force accrue. Les émotions plus inconfortables telles que l’embarras, la honte et la culpabilité sont supplantées par l’émotion dominante de la colère. En bref, la colère crée une sensation de pouvoir par rapport à ces autres états émotionnels.

Contrôler les pensées automatiques

La colère n’est pas seulement le résultat d’une émotion primaire inconfortable, elle résulte également des pensées qui surviennent immédiatement après un déclencheur. Ces pensées immédiates sont appelées pensées automatiques. Les pensées sont de puissants modificateurs de l’expérience ; elles conduisent à une interprétation de la situation déclenchante et affectent le comportement final. Pour illustrer cela, imaginez deux animateurs qui gèrent un enfant en pleine crise de colère. Les deux assistent au même événement, mais ils ont des pensées très différentes sur l’incident.

  • Animateur un : “C’est la troisième fois cette semaine qu’il fait ça. Je me demande s’il y a quelque chose dans son passé pour expliquer cela ? Peut-être a-t-il été maltraité. Peut-être qu’il ne sait tout simplement pas comment exprimer ses besoins.”
  • Animateur deux : “C’est la troisième fois cette semaine qu’il fait ça ! Il est trop grand pour ça. J’en ai vraiment marre. Je n’avais pas prévu de passer mon été à m’occuper d’un gamin pareil !”

Lequel des deux animateurs commencera probablement à se sentir frustré par son incapacité à gérer le comportement de l’enfant ? L’animateur deux est en bonne voie pour ressentir de la frustration et de la colère. Il se peut qu’il termine cette crise en perdant son propre sang-froid et en le dirigeant soit sur l’enfant, soit sur l’administration du camp.

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L’amélioration de certains des troubles mentaux les plus difficiles a été obtenue en apprenant aux individus à reconnaître et à réfuter leurs pensées automatiques. Un animateur de camp qui peut évaluer ses pensées automatiques après un déclencheur a beaucoup plus de chances de maintenir son équilibre émotionnel.

La colère n’est pas mauvaise

Bien que le divertissement sûr et l’éducation des campeurs soient les deux principales préoccupations des camps, le développement et la maturité accrue des membres du personnel sont également des facteurs souhaitables. Un membre du personnel plus mature possède des compétences accrues dans ses interactions avec les campeurs et les autres membres du personnel. Vous pouvez favoriser ce développement en enseignant des compétences de gestion de la colère. Vous ne pourrez jamais empêcher la colère dans votre camp, et il n’est pas souhaitable de l’interdire. La colère n’est pas une émotion négative. Ce sont souvent les membres du personnel en colère qui signalent les erreurs et les mauvais jugements de l’administration du camp. La colère peut réellement être une émotion productive – une émotion qui suscite des changements nécessaires pour le bien de tous. La colère n’est donc pas le problème ; c’est plutôt son expression ouverte et souvent inappropriée qui pose des difficultés.

Un programme contre la colère pour le camp

Il existe trois mesures immédiates que votre camp peut prendre pour minimiser les effets d’une colère incontrôlée.

  • Établissez une politique : Votre manuel du personnel peut présenter une politique écrite concernant les manifestations ouvertes de colère. L’expression de la colère doit être autorisée et même approuvée au camp, mais uniquement si elle respecte des directives précises. Vous pouvez fournir plusieurs suggestions telles que la médiation entre pairs, la communication avec le personnel de supervision et la création d’un espace de détente éloigné des principales zones d’activité du camp.
  • Enseignez des compétences de réduction de la colère : De nombreuses ressources sont disponibles sur ce sujet. Chaque membre du personnel pourrait bénéficier de l’apprentissage d’une ou deux techniques qui atténuent les sensations intenses associées à la colère. La diminution de la colère est nécessaire avant de résoudre les problèmes. Toute activité qui calme l’excitation physique associée à la colère réduit également la colère elle-même. L’une des plus courantes (et faciles à enseigner) est la respiration correcte. Une respiration lente et calme réduit l’intensité de l’expérience ou de l’émotion.
  • Résolvez les conflits : Carol Tavris, dans son livre “Anger: The Misunderstood Emotion”, a formulé plusieurs règles qui peuvent aider à résoudre les conflits :
  1. La colère doit être dirigée vers la personne visée par la colère. Un animateur qui est en colère contre son superviseur ne bénéficiera en rien en dénigrant cette personne devant ses collègues animateurs. Le superviseur doit être confronté.
  2. L’expression de la colère doit entraîner un changement de comportement chez la personne visée, ou la personne en colère doit acquérir une nouvelle compréhension du problème (c’est-à-dire que la personne en colère réalise qu’elle a mal interprété le comportement de la personne visée).
  3. Il faut utiliser le même langage de colère. Une personne qui préfère une conversation calme ne s’entendra pas bien avec une personne qui crie, tout comme une personne qui crie ne s’entendra pas bien avec une personne calme. Un superviseur ou un administrateur peut servir de médiateur dans le conflit et maintenir le dialogue au même niveau sonore.
  4. Il ne doit pas y avoir de représailles de la part de la personne visée.
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Ces directives ne sont pas faciles à mettre en œuvre dans une institution, mais en les utilisant, vous pouvez gérer de manière constructive la colère qui finira par se manifester à un moment ou à un autre de la saison. Grâce à une combinaison de politique, d’éducation, de modélisation (par l’administration du camp) et de dialogue, les événements négatifs liés à la colère peuvent être minimisés. La colère peut être un message direct indiquant qu’un problème existe au sein de la communauté du camp. Ce n’est qu’en travaillant ensemble que toutes les parties concernées trouveront la satisfaction nécessaire pour s’engager pleinement dans la complexité de la vie du camp.

Cet article a été rédigé par Michael Shelton, directeur adjoint du New Image Weight Loss Camp en Pennsylvanie. Il est également thérapeute externe pour les personnes ayant des problèmes de dépendance.

Publié à l’origine dans l’édition de juillet/août 1999 du magazine Camping.