La Zakat, un pilier fondamental de l’Islam, revêt une importance capitale pour les musulmans du monde entier. Cette obligation divine consiste à reverser une partie de sa richesse aux bénéficiaires désignés par Dieu lui-même. Mais connaissons-nous réellement les origines de la Zakat, sa définition et qui est redevable de cette pratique ? Dans cet article, nous allons explorer en détail tous les aspects de la Zakat.
Historique de la Zakat
L’instauration de la Zakat remonte à l’an II de l’Hégire, lorsque la société musulmane a été établie à Médine après l’émigration du Prophète Mohammed (pbsl). Cependant, on sait que cette aumône était déjà pratiquée à La Mecque, bien que son taux et son montant obligatoire n’aient pas encore été fixés. Les prescriptions révélées à Médine ont progressivement déterminé le taux, les conditions et les dispositions de la Zakat. Ainsi, la Zakat est devenue un pilier essentiel de l’Islam.
Définition de la Zakat
Le terme « Zakat » signifie purification en arabe. Il peut également être interprété comme croissance, bénédiction et développement. La Zakat est mentionnée 28 fois dans le Coran, toujours conjointement à la prière, soulignant ainsi son importance capitale. Cette obligation divine implique que tout musulman possédant une richesse dépassant un certain seuil (appelé nissab) doit reverser une partie de ses biens (en général, 2,5%) à des bénéficiaires précisément définis dans le Coran. Il s’agit d’un droit des pauvres sur les biens des riches. S’acquitter de la Zakat est une forme d’adoration qui renforce la foi, purifie les biens des gains illicites et débarrasse le donateur de l’égoïsme, de l’avarice et de l’amour excessif de l’argent.
Qui est redevable de la Zakat ?
Pour être tenu de payer la Zakat, vous devez remplir les critères suivants :
- Être musulman, homme ou femme
- Posséder une richesse atteignant le nissab (seuil fixé)
- Posséder ces biens pendant une année lunaire (le hawl)
La majorité des savants affirment que les enfants et les personnes incapables de discernement doivent également s’acquitter de la Zakat si leur richesse atteint le nissab. Ce sont leurs tuteurs ou leurs parents qui doivent les payer en leur nom.
Le Nissab
Le nissab est le seuil minimum de richesse au-delà duquel le paiement de la Zakat devient obligatoire. Il équivaut à 85 grammes d’or (environ 3 200 € au 1er septembre 2016) ou à 595 grammes d’argent. À l’époque du Prophète (pbsl), il existait deux types de pièces de monnaie : le Dinar en or et le Dirham en argent. Un Dinar valait 10 Dirhams. Le Prophète (pbsl) a fixé la valeur du nissab. Par exemple, si vous possédiez 20 Dinars en or ou 200 Dirhams en argent, en plus de vos besoins fondamentaux, vous deviez payer la Zakat. Les savants contemporains, notamment le sheikh Al Qardawi, ont converti ces 20 Dinars en valeur actuelle du nissab. Aujourd’hui, 20 Dinars équivalent à environ 85 grammes d’or et 200 Dirhams équivalent à environ 595 grammes d’argent. Toutefois, la valeur de l’argent ayant diminué, la plupart des savants recommandent de prendre en compte le nissab de l’or car il est plus stable.
Biens soumis à la Zakat
La Zakat est calculée sur l’argent que vous possédez, ainsi que sur différentes catégories de biens, notamment :
- Les avoirs, biens et fortune (espèces, métaux précieux, dépôts en banque)
- Les titres bancaires (actions, obligations, bons du trésor, fonds de placement)
- Les récoltes et le bétail
- Les salaires et honoraires
- Les primes, gratifications et bonifications
- Les héritages
En revanche, votre maison ou votre voiture personnelle ne sont pas soumises à la Zakat.
Quand payer la Zakat ?
Le jour où votre richesse atteint ou dépasse le nissab marque le début de l’année lunaire au terme de laquelle vous devez payer votre première Zakat. La Zakat doit ensuite être versée chaque année à la même date anniversaire. Si vous ne vous souvenez pas précisément de cette date, vous devez essayer de l’estimer. En ce qui concerne le critère temporel pour déterminer le nissab, les Chafiites et les Hanbalites estiment que la Zakat est exigible lorsque le nissab est continuellement présent pendant toute une année lunaire (le hawl). Ainsi, si un propriétaire possède quarante brebis et en perd une pendant le hawl, puis en acquiert une nouvelle par la suite, le hawl est considéré comme rompu. En revanche, les Hanafites prennent en compte les deux extrémités du hawl. Selon eux, si le nissab est atteint au début et à la fin de l’année lunaire en cours, la Zakat est exigible même si la quantité de biens diminue au cours de l’année sans toutefois atteindre zéro.
Les mérites de s’acquitter de la Zakat
Le respect de ce pilier comporte plusieurs mérites importants pour préserver notre personne et notre communauté. D’un point de vue spirituel, la Zakat permet de se rapprocher de Dieu en obéissant à ses commandements et en purifiant sa richesse et son âme. Elle nous rappelle que toutes les richesses que nous possédons sont entre les mains de Dieu et que nous n’en sommes que les dépositaires. Elle nous encourage à lutter contre l’avarice et l’amour excessif des biens matériels en les partageant avec ceux qui sont dans le besoin mais aussi dans le droit. Sur le plan socio-économique, la Zakat garantit un développement économique durable en luttant efficacement et durablement contre la pauvreté et le chômage.
Qui peut recevoir la Zakat ?
Le Coran a désigné huit catégories de bénéficiaires pour la distribution de la Zakat :
- Les pauvres
- Les nécessiteux
- Ceux qui travaillent pour gérer la Zakat
- Ceux dont les cœurs sont à gagner (à l’Islam)
- L’affranchissement des esclaves
- Ceux qui sont lourdement endettés
- Dans le sentier d’Allah
- Les voyageurs en détresse
Certaines personnes ne peuvent pas recevoir la Zakat, notamment les riches, les personnes en bonne santé et aptes à travailler mais qui refusent de le faire pour subvenir à leurs besoins, les non musulmans (sauf ceux dont les cœurs sont à gagner) et certains proches parents (par exemple, il est interdit de donner la Zakat à son père, sa mère, ses enfants, etc.).
La Zakat al Fitr
La Zakat al Fitr, également appelée « aumône de la rupture du jeûne », est une autre obligation pour chaque musulman et doit être versée chaque année à la fin du mois de Ramadan. Cette Zakat purifie le jeûneur des paroles futiles et indécentes, et elle est, tout comme la Zakat al maal, un bienfait pour les pauvres. Elle leur permet de passer la fête de l’Aïd al Fitr dans de meilleures conditions, car le Prophète (pbsl) a dit : « Epargnez-leur la mendicité le jour de l’Aïd ». Chaque musulman doit la payer pour lui-même et pour tous ceux qui sont à sa charge, tels que sa femme, ses enfants, ses parents, etc. Selon un hadith, elle peut être donnée sous forme de mesure d’environ 2,7 kg de blé, de dattes ou d’autres aliments. Aujourd’hui, les savants ont conclu qu’elle peut être donnée en argent.