Parlez à un ami de l’hormonothérapie et vous pourriez entendre des mots comme «bloquer», «synthèse», «récepteurs» et même «testostérone». Mais qu’est-ce que cela signifie réellement et comment cela peut-il être utilisé dans le traitement du cancer ? Dans cet article, nous allons explorer l’hormonothérapie, une approche médicamenteuse utilisée pour lutter contre le cancer hormonodépendant.
Bloquer la synthèse des hormones sexuelles
Différentes techniques peuvent être utilisées pour bloquer la synthèse des hormones sexuelles. La chirurgie, telle que l’ovariectomie ou la pulpectomie, est l’une de ces options. Une autre possibilité est la radiothérapie ovarienne, qui empêche le bon fonctionnement des ovaires, les rendant incapables de produire des hormones. Dans ce cas, on parle de ménopause artificielle radio-induite. Il existe également des médicaments qui agissent au niveau du cerveau, le centre de commande de la production des hormones. Les médicaments anti-aromatases sont prescrits aux patientes ménopausées pour empêcher la fabrication des œstrogènes à partir d’autres hormones. De même, chez les hommes, des médicaments anti-androgènes peuvent bloquer la synthèse de la testostérone.
Bloquer l’action des hormones au niveau de la tumeur
Dans le cas du cancer du sein chez les femmes ménopausées, le tamoxifène est souvent utilisé. Ce médicament peut se fixer sur les récepteurs des œstrogènes des cellules cancéreuses, bloquant ainsi leur action pro-tumorale. Cette approche permet de lutter contre le cancer sans recourir à une chirurgie ou à une radiothérapie, qui peuvent entraîner des effets secondaires irréversibles.
Image: Les hormonothérapies
Les “super” anti-androgènes pour le cancer de la prostate
Depuis 2012, de nouveaux médicaments d’hormonothérapie, appelés “super” anti-androgènes, sont disponibles en France pour le traitement du cancer de la prostate. Ils sont efficaces même lorsque la tumeur devient moins sensible aux traitements classiques de l’hormonothérapie, ce qui permet d’améliorer l’espérance de vie des patients atteints de cette maladie.
L’importance des médicaments dans l’hormonothérapie
De nos jours, les médecins privilégient de plus en plus la prise de médicaments pour traiter le cancer hormonodépendant. Ces traitements sont tout aussi efficaces que la chirurgie et la radiothérapie, mais leurs effets indésirables sont généralement temporaires. Cela représente donc une alternative intéressante pour les patients.
Un traitement adapté à chaque cas
L’hormonothérapie peut être prescrite comme premier traitement (néo-adjuvant) ou à la fin des traitements (adjuvant) dans le cas du cancer du sein. Dans les deux cas, le traitement peut durer au moins cinq ans. De plus, l’hormonothérapie peut également être prescrite dans les cancers du sein à un stade avancé. Chez les hommes atteints d’un cancer de la prostate à un stade avancé ou métastatique, l’hormonothérapie est également une option. Le type d’hormonothérapie et l’éventuelle association avec d’autres traitements tels que la chirurgie ou la radiothérapie peuvent varier d’un patient à l’autre.
Le diagnostic d’un cancer hormonodépendant
Le diagnostic d’un cancer hormonodépendant repose sur l’analyse d’un échantillon de la tumeur par un examen anatomopathologique. Si ce dernier révèle la présence de récepteurs hormonaux sur les cellules cancéreuses en quantité anormalement élevée, alors la tumeur est qualifiée d’hormonodépendante. Dans le cancer du sein, cet examen permet également d’évaluer l’agressivité de la tumeur : plus la quantité de récepteurs aux œstrogènes est élevée, plus le traitement sera efficace et donc moins aggressive sera la tumeur.
Cet article a été réalisé avec le concours du Dr Pascale This, gynécologue endocrinologue à l’Institut Curie (Paris), et de Vincent Goffin, Directeur de recherche à l’Inserm (Paris).
Illustration : Sophiejacopin.com
