Concevoir une voiture consommant 2 litres aux 100 km : un défi réaliste mais coûteux

Concevoir une voiture consommant 2 litres aux 100 km : un défi réaliste mais coûteux

La conférence environnementale a fixé aux constructeurs automobiles l’objectif ambitieux de développer des véhicules consommant seulement 2 litres aux 100 km d’ici une décennie. Cette proposition vise à stimuler l’innovation technologique et à favoriser l’efficacité énergétique dans le secteur automobile.

Un expert du domaine, Guillaume Faury, directeur de la recherche et développement de PSA Peugeot Citroën, estime que cet objectif est réalisable. Selon lui, une petite voiture équipée d’un moteur diesel-électrique et de technologies avancées pourrait atteindre cette consommation réduite. Cependant, il avertit que ce type de véhicule entraînerait un coût supplémentaire significatif.

Voitures citadines diesel et familiales hybrides

À l’heure actuelle, les voitures hybrides sont les plus performantes en termes de consommation et d’émissions de CO2 parmi les véhicules essence. Le classement de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) de 2012 est dominé par des voitures hybrides, notamment la Lexus CT 200h avec une consommation de 3,8 litres aux 100 km.

Les voitures diesel, quant à elles, sont principalement représentées par des petits véhicules urbains tels que la Smart Fortwo CDI, qui affiche une consommation de 3,3 litres aux 100 km pour les versions cabriolet ou coupé. Les voitures les plus efficaces actuellement sont donc les petites voitures diesel ou les voitures familiales compactes avec une motorisation hybride essence. Néanmoins, il reste encore beaucoup de chemin à parcourir pour atteindre la consommation cible de 2 litres aux 100 km.

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Une combinaison de technologies nécessaires

Selon l’Institut français du pétrole énergies nouvelles (IFPEN), pour réaliser une économie de carburant de 40 à 50 %, il est nécessaire de réduire la cylindrée des moteurs, d’associer une suralimentation, d’optimiser la gestion thermique du moteur, de généraliser les systèmes micro-hybrides (stop and start), d’assurer un contrôle optimal des composants, de réduire les pertes mécaniques et thermiques, ainsi que de travailler sur l’aérodynamique et la masse des véhicules.

L’IFPEN précise que réduire la masse de 100 kg sur un véhicule traditionnel entraîne une réduction d’environ 5 g de CO2 par kilomètre, soit environ 0,2 litre aux 100 km. Selon cet institut, pour atteindre une consommation de 2 litres aux 100 km, les véhicules devraient peser entre 700 et 800 kg tout en conservant les principales options actuellement disponibles.

L’Agence internationale de l’énergie (AIE) est d’accord avec cette stratégie et estime qu’une large gamme de technologies améliorant l’efficacité énergétique des véhicules est disponible commercialement. Selon elle, une réduction de la consommation des voitures de 30 à 50 % d’ici 2030 est réalisable en utilisant ces technologies.

Le coût de l’efficacité

L’AIE a évalué le coût des technologies nécessaires pour atteindre ces objectifs de consommation réduite. Pour les voitures essence, il est possible de réduire les frottements mécaniques, d’améliorer le cycle thermodynamique et de réduire la cylindrée des moteurs, entre autres. Ces technologies permettraient une réduction de la consommation de 51 % pour un coût de 3 520 euros par voiture.

Pour les voitures diesel, les technologies vont de l’utilisation de pneus plus efficaces à une réduction drastique du poids du véhicule, en passant par l’amélioration des systèmes auxiliaires. L’Agence estime qu’il serait possible de réduire la consommation de 39 % pour un coût de 3 375 euros par voiture.

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Cependant, les tractions hybrides semblent être les solutions les plus efficaces. L’AIE estime qu’en utilisant uniquement l’hybridation, il serait possible de réduire la consommation des voitures essence de 25 % et celle des voitures diesel de 22 %, pour un coût de 2 750 euros par véhicule. En combinant toutes ces technologies, il serait possible de réduire la consommation des voitures essence de 63 % avec un surcoût de 6 270 euros et celle des voitures diesel de 52 % avec un surcoût de 6 125 euros.

La voie de l’hybridation

Toyota, soutenu par le succès de sa Prius lancée dès 1997, a fait des véhicules essence hybrides le socle de son offre automobile. Le constructeur japonais prévoit d’avoir 21 modèles hybrides dans son catalogue d’ici 2015, avec 14 nouveaux modèles et 7 nouvelles versions de modèles existants. L’objectif de Toyota, qui produira près de 10 millions de voitures cette année, est de vendre un million d’unités par an dès 2013.

En revanche, les constructeurs français se concentrent davantage sur les voitures électriques, encouragés par le précédent gouvernement. Carlos Tavares, directeur général délégué de Renault, a clairement exprimé son opinion sur les voitures hybrides. Pour lui, “deux motorisations pour un seul véhicule dans une industrie à faible marge, c’est une de trop”. Peugeot semble toutefois mieux préparé avec le lancement de sa première voiture diesel-électrique en série à l’automne dernier.

Les experts du secteur semblent pencher en faveur des voitures hybrides, soutenant le choix de Toyota. Selon le cabinet Oliver Wyman, le marché des véhicules hybrides devrait croître de 16 % par an jusqu’en 2017, représentant 3,2 millions de voitures vendues chaque année. PricewaterhouseCoopers (PwC) est encore plus optimiste et prévoit une augmentation importante des ventes d’hybrides entre 2011 et 2018, avec une part de marché de 4,3 %, soit environ 4,6 millions d’unités vendues en 2018.

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En conclusion, concevoir une voiture consommant 2 litres aux 100 km est un défi réaliste mais coûteux. Cela nécessitera une combinaison de technologies avancées et une réflexion approfondie sur les choix de motorisation. Les tractions hybrides semblent être la voie privilégiée par de nombreux constructeurs. Cependant, il est important de noter que les progrès technologiques et les évolutions du marché automobile seront essentiels pour atteindre cet objectif ambitieux.