Les Français, en particulier les jeunes, conduisent de plus en plus sans assurance. Selon les derniers chiffres publiés par le Fonds de garantie des victimes (FGV), cette tendance croissante nécessite une réaction urgente des autorités publiques. Après une baisse pendant la crise sanitaire, le nombre de conducteurs sans assurance a de nouveau augmenté. En 2022, le Fonds a indemnisé 8 443 victimes et les familles de 157 personnes décédées, soit une augmentation de 3,5% par rapport à l’année précédente.
Les jeunes conducteurs en première ligne
Lors de la présentation de son rapport annuel, le FGV souligne le problème préoccupant des jeunes usagers de la route. En effet, un conducteur sur deux impliqué dans un accident et sans assurance a moins de 30 ans. Parmi eux, 41% n’ont même pas de permis de conduire. Ces conducteurs prennent ainsi le risque de payer les conséquences toute leur vie en ne souscrivant pas à une assurance obligatoire. Le Fonds, financé par les cotisations des assurés, prend en charge dans un premier temps la réparation intégrale des dommages au nom de la solidarité nationale. Cependant, il se retourne ensuite contre le conducteur non assuré pour obtenir le remboursement intégral des sommes versées.
Des indemnités considérables
Les montants à rembourser peuvent être colossaux, atteignant facilement plusieurs millions d’euros lorsque la victime souffre de séquelles permanentes, comme le souligne le rapport du Fonds. Ainsi, 15 000 conducteurs, de tous âges confondus, sont poursuivis par le Fonds pour des montants dépassant plusieurs centaines de milliers d’euros. Au total, l’année dernière, 107 millions d’euros d’indemnités ont été versés aux victimes, soit une hausse de 2,1% par rapport à 2019.
Les jeunes et le manque de moyens
Le principal obstacle à l’assurance chez les conducteurs de moins de 30 ans est le manque de moyens financiers. En effet, un conducteur sur deux en infraction ne dispose pas de revenus propres ou a des revenus trop faibles. Cette situation affecte particulièrement les étudiants : 30% d’entre eux ne sont pas assurés depuis 5 ans. De plus, le non-respect de cette obligation d’assurance est souvent dû à un manque de connaissance des jeunes conducteurs.
Le FGV estime que les autorités publiques doivent s’attaquer au coût élevé de l’assurance pour les conducteurs novices, qui s’élève en moyenne à 1 000 € par an. Un montant qui peut être “incompatible avec les ressources limitées de certains jeunes”. Afin de rendre l’assurance auto plus accessible, il propose de mieux sensibiliser les jeunes conducteurs à cette obligation et de mettre en place un “marquage spécifique” sur tous les véhicules soumis à l’obligation d’assurance.
Renforcement des contrôles
Une autre proposition consiste à renforcer les contrôles visant à garantir le respect de l’obligation d’assurance par les forces de l’ordre, notamment grâce au Fichier des véhicules assurés (FVA). Pour l’instant, ce fichier n’est qu’un outil d’aide au contrôle et les automobilistes doivent toujours présenter leur certificat d’assurance. En 2021, les forces de l’ordre ont relevé 77 649 délits de non-assurance et dressé 687 908 contraventions pour non-apposition du certificat d’assurance sur le véhicule. Le FGV constate également que l’absence d’assurance chez certains jeunes conducteurs s’inscrit dans un parcours de délinquance routière.
Quoi qu’il en soit, la crise économique actuelle et la hausse des prix des produits de première nécessité laissent craindre un nombre croissant d’usagers de la route prêts à ne pas respecter cette obligation. Au final, ils risquent de payer les conséquences toute leur vie.
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