Dès vendredi dernier, Pierre Chasseray, délégué général de l’association 40 millions d’automobilistes, a annoncé la fin des zones à faibles émissions (ZFE). Une solution a été présentée pour permettre à tous les véhicules diesels de bénéficier d’une conversion à la bicarburation gazole/GPL, afin d’obtenir la vignette Crit’Air 1. Cela permettrait de contourner les restrictions de circulation dans les ZFE. Mais est-ce réellement une bonne idée et cela en vaut-il la peine financièrement ?
Qui est concerné ?
En France, plus de la moitié du parc automobile est composée de véhicules diesels, ce qui représente environ 20,6 millions de voitures. Actuellement, aucun véhicule diesel n’est éligible à la vignette Crit’Air 1, ce qui les met en difficulté face aux restrictions de circulation. Les véhicules diesel produits depuis janvier 2011 sont classés Crit’Air 2, ceux produits entre janvier 2006 et décembre 2010 sont classés Crit’Air 3, et ainsi de suite. Seules les voitures essence sont exemptées de vignettes.
Les restrictions de circulation aujourd’hui
Actuellement, seulement 11 ZFE sont actives en France et aucune n’a encore interdit les vignettes Crit’Air 3, 2 ou 1. Les diesels Crit’Air 3 ou 2 peuvent donc circuler librement jusqu’à septembre 2024 (voire janvier 2025). Les véhicules concernés représentent environ 10,8% du parc automobile. Il est à noter que les interdictions pour les vignettes Crit’Air 2 ne sont prévues qu’à partir de 2028.
Une solution proposée par “Rétrogaz”
L’association 40 millions d’automobilistes et l’entreprise “Rétrogaz” ont présenté conjointement une solution pour convertir les vieux diesels en véhicules à bicarburation gazole/GPL. Créée en 2020 par deux anciens cadres de PSA, cette entreprise propose la transformation des véhicules diesels en véhicules roulant au GPL. Cette conversion est possible pour tous les diesels du marché, même les plus anciens.
Comment ça marche ?
La conversion consiste à ajouter un réservoir de GPL, un circuit de distribution du gaz, des injecteurs spécifiques, un système de gestion électronique et un interrupteur pour passer d’un carburant à l’autre. Contrairement à une conversion essence/GPL, où le GPL peut être injecté à 100%, dans le cas d’un moteur diesel, il faut conserver une proportion de 40% de gazole et 60% de GPL. Le gazole restant permet d’enflammer le mélange par autocombustion.
Combien ça coûte ?
Le prix moyen de la transformation est d’environ 3 000 €. Cependant, cela reste un investissement important à prendre en compte. De plus, il faudra plusieurs années pour rentabiliser ce coût. Il est donc important de calculer attentivement si cela en vaut la peine, surtout si vous envisagez de transformer un véhicule diesel ayant déjà un kilométrage élevé.
Est-ce que c’est homologué ?
Oui, les pouvoirs publics autorisent la conversion des diesels en bicarburation gazole/GPL. Une fois le kit de conversion installé, une réception à titre isolé est accordée par la DREAL après un examen physique du véhicule. La transformation prend en tout environ une semaine.
Quels sont les gains potentiels ?
En termes de pollution, la conversion permet de réduire les émissions de CO2 de 15% et de quasi-éliminer les particules fines. De plus, les émissions de Nox (oxydes d’azote) sont fortement réduites, ce qui est un avantage considérable pour les véhicules diesel. Cela permet également d’obtenir la vignette Crit’Air 1, ce qui peut éviter d’avoir à acheter un nouveau véhicule.
Un problème logistique ?
Même si Rétrogaz souhaite développer un réseau d’installateurs agréés et effectuer 1 000 conversions par mois, il semble peu probable que toutes les voitures diesel puissent être converties rapidement. Avec un parc de 18 millions de diesels à convertir, cela prendrait environ 1 500 ans pour y parvenir.
En conclusion, la conversion des vieux diesels en véhicules roulant au GPL est une option intéressante sur le plan technique et environnemental. Cependant, il est important de prendre en compte le coût de la conversion et le temps nécessaire pour rentabiliser cet investissement. Il est également important de noter que les restrictions de circulation pour les diesels ne sont pas encore d’actualité pour les véhicules les plus récents. Il convient donc de réfléchir attentivement avant d’opter pour cette solution.