L’association “40 millions d’automobilistes”, dirigée par Pierre Chasseray, a récemment publié des informations alarmantes concernant l’impact des zones à faibles émissions (ZFE) sur le parc automobile français. Selon leurs estimations, d’ici 2025, la moitié des véhicules en circulation en France pourraient être affectés par ces zones, soit plus de 13,4 millions de voitures classées Crit’Air 3, 4, 5 ou non classées, ainsi que 14,2 millions de voitures classées Crit’Air 2 à plus long terme.
Face à cette situation, de nombreux propriétaires de véhicules vont se retrouver dans l’obligation de vendre leur voiture pour en acheter une autre, plus récente et compatible avec les zones à faibles émissions. Cependant, tout le monde ne pourra pas se permettre une telle dépense, malgré les aides financières proposées par les régions et l’État en faveur de l’électromobilité. Alors quelles sont les alternatives ?
Pour aider ses adhérents à sortir de cette impasse, l’association a décidé de promouvoir la solution du rétrofit gaz “Rétrogaz”, développée par la start-up Greenolis. Cette solution propose de convertir les véhicules diesel et essence en véhicules hybrides fonctionnant au GPL (gaz de pétrole liquéfié). Cette conversion est reconnue par l’Ademe et le ministère de la transition écologique et permet d’obtenir la classification Crit’Air 1, évitant ainsi la mise au rebut de véhicules parfaitement opérationnels.
Cette opération de conversion coûte entre 3000 et 4000 euros, incluant la pose du kit. Comparé à l’achat d’un véhicule d’occasion classé Crit’Air 1, qui nécessiterait un investissement minimal de 10 000 euros, cette alternative est plus économique. De plus, malgré une légère surconsommation de 15%, les propriétaires réalisent des économies de carburant pouvant atteindre 40%, permettant d’amortir l’investissement en 5 ans.
Un réseau de garages partenaires de Greenolis est en cours de constitution pour assurer l’installation du kit. L’objectif est d’avoir au moins un atelier dans chaque ville concernée par les ZFE. Le premier partenariat a déjà été établi avec le garage Cars Parts Unique en Seine-et-Marne (77). La procédure de conversion nécessite actuellement une semaine d’immobilisation du véhicule, avec la moitié du temps consacré au montage du kit et le reste à la certification sécuritaire par la Drire, avant la délivrance du certificat de réception à titre isolé et de la carte grise.
Bien que cette solution semble prometteuse, se pose la question de son industrialisation à grande échelle. Iphigénie Kameni, fondatrice de Greenolis, affirme pouvoir convertir 1000 véhicules par mois et par centre. Des conversions en série pourraient être réalisées avec le soutien des collectivités locales, à l’image d’une “vague de vaccination Covid”. La Drire serait également présente pour certifier en série les véhicules convertis.
Enfin, en cas de généralisation de cette opération et de l’arrivée sur les routes de millions de véhicules roulant au gaz, la question de la distribution se pose. Actuellement, seulement 1700 stations distribuent du gaz en France. Iphigénie Kameni assure cependant avoir rencontré des acteurs tels que Vitogaz, France Gaz Liquides et Total, qui garantissent que la distribution ne sera pas un obstacle majeur.
Le kit Rétrogaz se compose d’un réservoir torique de 45 litres, offrant une autonomie en gaz de 400 km. Il inclut des soupapes, des injecteurs, des électrovannes, un détendeur et un calculateur d’injection additionnel. L’hybridation s’effectue en injectant 60% de gaz et 40% de gasoil. Les composants sont fabriqués principalement par des entreprises italiennes.
