L’industrie automobile est en plein bouleversement, passant des voitures à moteur à combustion interne aux véhicules électriques. Pourtant, ce changement de motorisation ne se limite pas uniquement à la transition vers une énergie plus propre, mais suscite également une course effrénée aux minerais.
Une voiture électrique, une mine de minerais
Dans une voiture électrique, près de 40% de sa valeur ne réside plus uniquement dans la carrosserie ou l’habillage intérieur, mais dans sa batterie. Pourtant, cette batterie contient des quantités astronomiques de minerais, dont la consommation actuelle est sans précédent et qui augmentera encore davantage à l’avenir. En moyenne, une batterie électrique contient 7 kilos de cobalt, 45 kilos de lithium et 50 kilos de nickel. Ainsi, d’ici 2040, si les ventes de voitures électriques atteignent plusieurs dizaines de millions d’unités par an, notre demande en lithium sera multipliée par 42, tandis que celle de nickel et de cobalt sera multipliée par 20. Par ailleurs, avec l’électrification croissante de tous nos usages, certains métaux, comme le cuivre, risquent également de se raréfier, car de nouveaux milliers de kilomètres de fils électriques seront nécessaires. Christel Bories, PDG d’Eramet, notre seul grand groupe dans le domaine des minéraux, a raison de dire que nous entrons dans l’ère des minéraux après l’ère du pétrole.
Les constructeurs automobiles investissent dans la production de lithium
Pour faire face à ce défi, nous sommes confrontés à des problèmes de volume et de valeur. Bien que de nombreuses réserves de métaux et de minerais existent, y compris les terres rares, il est urgent de lancer des explorations, des mines et des initiatives de production. Pour répondre à la demande future, des investissements sont nécessaires dès aujourd’hui. Par crainte de manquer de matières premières, les grands constructeurs automobiles signent des contrats à long terme ou prennent des participations dans des entreprises de production de lithium, par exemple. Il est crucial de financer cette montée en puissance et de s’assurer d’une approvisionnement suffisant à l’avenir. Cependant, cela a un coût et même cela ne garantit pas que nous aurons assez. Pour répondre à nos besoins, il est également impératif d’apprendre à recycler nos smartphones et nos batteries. Il faut cesser de tout jeter, sinon nous risquons de manquer de matières premières, en particulier en Europe. Les Chinois et les Américains sont plus prévoyants que nous et ont déjà commencé à investir dans de nouvelles mines, alors que chez nous, chaque projet minier est perçu comme une menace pour l’environnement. Si nous fabriquons des voitures demain sans avoir les batteries nécessaires, nous aurons l’air bien stupides !
La transition vers des véhicules électriques est une nécessité pour lutter contre le changement climatique. Toutefois, il est essentiel de comprendre les enjeux liés à l’approvisionnement en minerais pour garantir le succès de cette transition. Les constructeurs automobiles doivent agir avec responsabilité et investir dans la recherche, l’innovation et le recyclage pour assurer un approvisionnement durable en minerais. Seulement ainsi pourrons-nous profiter pleinement des avantages d’une mobilité électrique respectueuse de l’environnement.
*David Barroux