Découvrez la Collection Héron : des trésors retrouvés dans une grange

Découvrez la Collection Héron : des trésors retrouvés dans une grange

Des découvertes aussi exceptionnelles ne se produisent pas tous les jours. Il existe encore des collections “perdues”, de véritables beautés endormies qui sommeillent au fond des granges. En cette fin de semaine de mai, nous avons eu le privilège d’être invités par Artcurial à la découverte de superbes voitures qui vont bientôt retrouver la lumière du jour : celles de la Collection Héron.

Il était une fois la Collection Héron

Derrière chaque collection, il y a des passionnés. Celui qui nous intéresse ici s’appelait Pierre Héron. Peu après la guerre d’Algérie, il est tombé amoureux d’une Hotchkiss Grégoire lorsqu’il a eu l’occasion de la conduire. Il était fasciné par cette voiture d’ingénieur, à la conception, à la forme et à l’histoire très particulières. Pierre Héron en a acheté plusieurs dans les années 60 et 70, à une époque où elles ne coûtaient pas cher. Mais il ne les a pas seulement stockées, il les conduisait régulièrement.

La collection de Pierre Héron ne s’est pas arrêtée là. Au fil du temps, il a acquis d’autres voitures. Toutes françaises, toutes d’illustres marques disparues. À chaque fois, elles étaient en bon état de marche et lui procuraient beaucoup de bonheur sur les routes. Malheureusement, sa santé lui a ensuite interdit de conduire ses voitures. Bien entreposées, elles ont passé près de quarante ans loin des routes.

Pierre Héron est décédé à la fin de l’année dernière. Ses enfants, qui ont grandi au milieu de ces voitures, ne peuvent pas toutes les garder. C’est ainsi que nous avons eu l’opportunité de découvrir cette collection, répartie sur deux sites.

Dans le Centre, un hommage aux marques françaises

En plein cœur de la France, nous avons été accueillis dans une véritable grange où se trouvent quatre voitures de la Collection Héron. Bien protégées de l’humidité et des intempéries, elles sont complètes et dans un état plutôt bon… Ne vous arrêtez pas à la poussière et à la paille qui les recouvrent, les moteurs ne sont pas bloqués et de nombreuses pièces rares et spécifiques sont toujours en place.

Nous commençons par la voiture située à l’arrière. Il s’agit du seul coupé présent ici, une Salmson 2300 S. Malgré le fait qu’elle ait perdu sa couleur d’origine depuis sa livraison à Alger, elle est encore en bon état et ne fait qu’accentuer l’envie de s’installer derrière son volant. À ses côtés se trouve une belle et élégante Hotchkiss 686 Gascogne, basse et racée. Nous découvrons également une Talbot-Lago, une T15, une berline au museau fin et au toit légèrement surélevé.

La Salmson 2300 S de la Collection Héron, estimée entre 4 000 et 6 000 €, a été vendue pour 11 920 €. La Hotchkiss 686 S49 Gascogne, estimée entre 10 000 et 15 000 €, a été vendue pour 4 768 €. Quant à la Talbot-Lago T15 Cadette Berline, estimée entre 6 000 et 8 000 €, elle a été vendue pour 11 920 €.

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Il reste encore une autre voiture, l’une des nombreuses Hotchkiss Grégoire de la Collection Héron. Celle-ci est véritablement unique. Elle a été carrossée par Chapron et est un prototype unique proposé à Renault pour poursuivre l’aventure Grégoire après l’arrêt de la production par Hotchkiss. Pour cela, on lui a greffé l’arrière d’une Renault Frégate, reconnaissable grâce aux courbes des ailes, au coffre bombé et court, ainsi qu’à la lunette arrière enveloppante. Une tentative désespérée qui n’a malheureusement pas abouti. Cette voiture rare est estimée entre 6 000 et 8 000 € et a été vendue pour 9 536 €.

Nous quittons la première grange pour nous rendre dans un autre lieu. L’ambiance y est différente. Moins de paille, plus de soin dans l’environnement, mais le destin des trois voitures présentes ici a été le même : elles ont été abandonnées il y a bien longtemps mais retrouveront bientôt la route, une fois restaurées.

La première voiture est une Delahaye 135. Ce superbe modèle noir est un coach réalisé par Guilloré. Il possède des particularités esthétiques qui justifient son appellation de “Spécial”. En réalité, il s’agit d’une carrosserie unique, à la fois élégante et relativement sobre, qui ne manquera pas de faire tourner les têtes, même en dehors des concours d’élégance, grâce à son long capot et à ses ailes superbement dessinées. Cette première Delahaye de la Collection Héron, estimée entre 30 000 et 40 000 €, a été adjugée pour 41 720 €.

La deuxième voiture est une Hotchkiss, une 686 Côte d’Azur. La Collection Héron se distingue par son homogénéité. Comme la précédente Delahaye, cette voiture est vraiment spéciale. Elle se distingue notamment par son arrière différent des autres Côte d’Azur, avec notamment sa lunette arrière en deux parties. Anecdote intéressante : la peinture aurait été refaite en urgence pour une exposition dans les années 70. On raconte même que les filets auraient été peints directement sur place ! D’un point de vue technique, cette voiture est en réalité un prototype, avec ses roues avant indépendantes. Elle a été vendue pour 21 456 €, alors que son estimation était de 30 000 à 50 000 €.

La troisième voiture visible ici est une autre Delahaye 135, cette fois-ci carrossée par Figoni en 1948. Il s’agit d’un magnifique cabriolet 4 places faisant partie de la série des El Glaoui, du nom du Pacha de Marrakech, commanditaire de la première voiture de cette série. L’une des particularités de cette voiture réside dans ses phares encastrés et ses projecteurs additionnels placés en dessous des phares principaux. Bien que les roues ne semblent pas être d’origine, le capot mérite également notre attention. Contrairement à de nombreuses voitures, il ne comporte pas d’ouïes ou de volets de refroidissement ! L’intérieur a certainement été le plus touché par le temps, mais il est tout de même complet. Cette voiture partage l’estimation la plus élevée de la Collection Héron : entre 150 000 et 200 000 €. Elle a été vendue pour la somme impressionnante de 357 600 €.

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Le paradis des Hotchkiss Grégoire en Normandie

Après le centre de la France, nous nous dirigeons vers le nord-ouest. Si la première partie de la Collection Héron était déjà magnifique, nous retrouvons ici des voitures dans la même lignée, de grandes marques, des voitures complètes et abandonnées depuis des années.

Le premier lieu que nous visitons est un ancien cinéma. Nous ne savons pas quand a eu lieu la dernière projection, mais cela remonte à très longtemps. Il ne reste plus de sièges dans la fosse, à l’exception de ceux des voitures que nous y découvrons. Huit voitures se trouvent à cet endroit, datant de différentes époques.

Nous avions déjà eu un aperçu de la passion de Pierre Héron pour les Hotchkiss Grégoire dans le centre de la France, mais ici cela se confirme. Quatre exemplaires de ces voitures se trouvent au même endroit, ce qui relève presque de l’exploit étant donné que seuls 247 exemplaires de la berline, révolutionnaire mais coûteuse, ont été produits entre 1951 et 1954.

L’état de ces voitures varie, de l’exemplaire complet à celui accidenté. Les modèles diffèrent également, et l’un d’entre eux est l’un des derniers exemplaires de la série, avec des ouvrants en acier pour économiser les coûts.

Les Hotchkiss Grégoire Berline “Alu” de 1951 sont estimées entre 4 000 et 6 000 € et ont été vendues entre 2 834 et 9 536 €. La version carrossée par Chapron, estimée entre 6 000 et 8 000 €, a été vendue pour 8 344 €.

Ces raretés sont bien entourées ! Tout au fond, nous découvrons un coach Talbot-Lago T120 dont l’avant a été modifié avec des phares intégrés aux ailes. Tout à l’avant se trouve une berline T26, avec de nombreux éléments manquants, de la calandre aux phares. La restauration avait été entamée, mais n’a jamais été terminée. De l’autre côté, nous trouvons une T26 Cabriolet, plus complète et prête à reprendre la route… presque ! Enfin, nous terminons notre visite avec une Salmson 2300 S en bon état.

La berline T26 a été vendue pour 19 072 €, alors que son estimation était entre 10 000 et 15 000 €. Quant au cabriolet, il a été adjugé pour 97 744 €, alors que son estimation était de 80 000 à 140 000 €. La T120, quant à elle, estimée entre 20 000 et 30 000 €, a été vendue pour 25 032 €.

Juste à côté, un ancien couloir a été transformé en abri. Nous y retrouvons une autre Talbot-Lago T26, une berline dont la couleur bleue a quelque peu pâli, mais dont l’intérieur est resté intact. Surtout, c’est une Grand Sport avec un moteur à trois carburateurs. En face, nous découvrons encore une Hotchkiss Grégoire complète, y compris son intérieur, en bon état également.

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La Talbot Lago T26 Record Sport Berline, estimée entre 30 000 et 40 000 €, a été vendue pour 61 984 €. La dernière Grégoire, estimée entre 3 000 et 4 000 €, a été vendue pour 5 245 €.

Au premier plan, se trouve l’une des pièces maîtresses de la Collection Héron. Encore plus incroyable que les nombreuses Hotchkiss Grégoire, il s’agit d’une Tracta Sport. Cette voiture est celle de la renaissance de la marque Tracta, et a servi de laboratoire roulant à Jean-Albert Grégoire à la fin des années 20. Après l’échec de la Hotchkiss, il a créé la Tracta Sport en utilisant la base technique de la Hotchkiss, mais en lui donnant une carrosserie différente. C’est Carlo Delaisse qui a signé le design, et Chapron s’est chargé de la réalisation. Quelques cabriolets ont été construits, mais cette Tracta Sport est tout simplement unique : c’est le seul coupé qui a été produit, apparemment commandé par un ami belge de Jean-Albert Grégoire. Photographiée à l’époque par Françoise Sagan, cette voiture est un véritable trésor de la Collection Héron. Elle était estimée entre 60 000 et 80 000 €, mais a été vendue pour 154 960 €.

En sortant à l’extérieur, nous apercevons, sous une bâche, une Delahaye abandonnée. Selon nos informations, il s’agit d’une 148 L, une berline carrossée par Letourneur et Marchand. Estimée entre 4 000 et 6 000 €, elle a été vendue pour 19 072 €.

Et puis, il y a une construction supplémentaire qui nous rappelle quelque chose. Cette partie de la Collection Héron a des airs de collection Baillon. Quoi qu’il en soit, la comparaison vient rapidement à l’esprit. Nous y découvrons quelques merveilles supplémentaires. Deux Delahaye, deux cabriolets carrossés par Chapron : une 135 et une 148. Nous trouvons également une T26 GSL. Bien qu’elle ressemble aux T14, elle est en réalité l’une des 15 voitures produites entre 1953 et 1955, avec une ligne signée Carlo Delaisse. Enfin, nous avons ici une Hispano-Suiza T49. Il s’agit de la plus ancienne des voitures présentes, datant de 1929.

La Delahaye 135 M Cabriolet a été vendue pour 84 632 €, alors que son estimation était entre 50 000 et 70 000 €. La 148L Cabriolet Trois Positions a été adjugée pour 88 208 €, alors que son estimation était de 60 000 à 80 000 €. La Tablot Lago T26 GSL partageait l’estimation la plus élevée de la Collection Héron, entre 150 000 et 200 000 €, mais n’a pas été vendue. Quant à l’Hispano-Suiza T49, estimée entre 40 000 et 60 000 €, elle a été vendue pour 83 440 €.

Nous avons fait le tour de ces lieux magiques, dans une atmosphère unique.

La Vente Artcurial du Mans Classic 2022

Toute la Collection Héron fera partie du catalogue de la vente Artcurial du Mans Classic 2022. Le catalogue est en cours de finalisation pour une vente qui aura lieu le 2 juillet pendant la célèbre course du Mans. Les estimations de ces merveilles seront dévoilées dans quelques semaines.

Nous vous proposons également de revivre cette découverte en vidéo.

Nous vous laissons avec ces quelques photos supplémentaires qui pourraient vous inciter à demander à votre voisin d’ouvrir sa grange !