Lors de notre visite en Alsace, nous avons été surpris de voir des panneaux indiquant un camp de concentration caché dans les montagnes des Vosges. Le camp de Natzweiler-Struthof est le seul camp de concentration établi par les nazis sur le territoire français. J’ai décidé de le visiter.
Un camp de prisonniers politiques
Bien que ce camp était destiné aux prisonniers politiques, notamment ceux impliqués dans la résistance, le taux de mortalité y était très élevé, atteignant 40%. La dureté du travail, les expérimentations médicales, la mauvaise nutrition et les mauvais traitements infligés par les gardes SS étaient les principales causes de décès.
Des camps satellites et une mort certaine
Pour répondre aux besoins de production industrielle, Natzweiler a développé un système de jusqu’à 50 camps satellites adjacents (indiqués sur la carte ci-dessus). Le taux de mortalité dans ces camps atteignait 80%. Il est surprenant d’apprendre qu’un de ces camps était situé à Neckarelz, où une mine de gypse existante avait été convertie en un système de tunnels complexes abritant une usine de moteurs d’avions Daimler-Benz délocalisée !
Le destin tragique des résistants
de nombreux prisonniers “Nacht und Nebel” (Nuit et Brouillard, une tentative allemande de réprimer la résistance anti-allemande grandissante) furent détenus dans ce camp. Les combattants de la résistance soupçonnés disparaissaient simplement la nuit, les Allemands s’emparaient d’eux et les emmenaient à Natzweiler-Struthof.
Histoire sombre : gazage et expérimentations médicales
Le camp abritait également un crématorium et une chambre à gaz bricolée située à l’extérieur du camp principal. Natzweiler-Struthof a gazé plus de 80 prisonniers juifs et a envoyé leurs corps à l’Institut d’Anatomie de l’Université de Strasbourg, où le médecin anatomiste, le Dr August Hirt, a constitué une vaste collection de squelettes juifs utilisés dans sa quête d’évidence anthropologique de “l’infériorité raciale” juive. Son objectif était de créer un musée dans lequel seraient rassemblées des preuves de la “dégénérescence et de l’animalité” des Juifs.
Le Dr. Eugen Haagen, professeur de l’Université de Strasbourg, a utilisé la chambre à gaz dans des expériences médicales pseudo-scientifiques impliquant du gaz moutarde et d’autres agents vésicants. De nombreuses victimes de ces expériences étaient des Roms (Gitans) transférés d’Auschwitz pour servir de cobayes. Le Docteur Eugen Haagen, responsable des expériences médicales sur les prisonniers, a mené des expériences sur la typhoïde et la fièvre jaune. La salle d’opération ci-dessous était le lieu de nombreuses de ces “expériences”.
La libération et l’héritage artistique
Avec l’arrivée des Alliés, les nazis ont évacué le camp et ont envoyé les prisonniers dans une “marche de la mort” en septembre 1944. Le 23 novembre 1944, il est devenu le premier camp de concentration en Europe de l’Ouest à être libéré par les Alliés.
Une des choses les plus étonnantes et surprenantes que j’ai pu voir était une exposition d’art. Plusieurs artistes talentueux (Henri Gayot, Jacques Barrau, Ernest Gillen, Rudolf Naess) ont été détenus dans le camp et certaines de leurs œuvres ont survécu.
Un passé tragique persistant
Choquant, le musée du camp a été incendié par des néo-nazis en 1976. Il a ensuite été reconstruit, mais de nombreux artefacts et bâtiments importants ont été détruits dans l’incendie.
Aussi perturbant que cela puisse être, je suis reconnaissant d’avoir eu l’occasion de franchir les anciennes clôtures électrifiées et d’en apprendre davantage sur ce qui s’est passé là-bas.