Depuis le début de la Première Guerre mondiale, l’état-major des armées cherche de nouveaux terrains ou des zones à des fins militaires sur le territoire national. En 1915, le camp de Sainte Marthe est acquis par réquisition du domaine viticole de “La Pioche” (également appelé Bois Noël). Il comprend alors un bâtiment d’un étage, surnommé “le château”, et de nombreuses dépendances. Les armées s’intéressent à son emplacement géographique, sa proximité des ports, son service ferroviaire et sa superficie de 23 hectares permettant d’accueillir un grand nombre de troupes. Des casernes sont construites pour loger les soldats partant sur le front Est ou Nord-Est. Ainsi commence la mission de transit assignée à ce camp, qui durera un siècle.
Un camp chargé d’histoire
Le site très informé monsieur-legionnaire.org révèle, à travers les écrits du Major Alain Tomeï, l’histoire très complète du camp de Sainte Marthe… à la libération et certains y furent détenus prisonniers. Tout le bâtiment sera détruit en 1941/1988 et, sur ce site, le futur centre de restauration/loisirs sera construit. Seule l’”illustre” escalier restera mais qui, cependant, n’a jamais été restauré ni entretenu. En 89, une compagnie d’un bataillon colonial et une autre d’un bataillon sénégalais s’installent dans le camp. En 1922, le camp de Sainte Marthe accueille cinq cents réfugiés d’Izmir, l’ancienne Smyrne. En 1934, après le départ des colons, le DIM (Dépôt des Isolés Métropolitains) est mis en place. De nouveaux hangars et bâtiments permanents sont construits, certains datent de 1937 (ils seront détruits entre 1987 et 1988).
En 1944, suite au débarquement en Provence, il était centre 106, venant de Naples, qui a servi de base aux troupes de combat avant d’être relevé, après la guerre, par le DITC (Dépôt des Troupes Coloniales Isolées). Une nouvelle section de bâtiments commence, comprenant un foyer/théâtre, une chapelle, un cinéma intérieur et en plein air, une mess, un “hôtel” exécutif, en réalité un long bâtiment équipé de chambres individuelles et une piscine. La chapelle sera ultérieurement détruite comme les autres bâtiments, mais auparavant le père Rivasseau, aumônier de la garnison de Marseille ayant été transféré à Carpiagne, a emporté la petite cloche qui sera fixée au bout du bâtiment de la chapelle (Club des lieutenants sous la Commanderie), au-dessus du bassin à poissons. La grande cloche rejoindra le hall d’honneur du 53e GD à Audéoud.
La piscine a été construite en 1951, dans le prolongement du château, à la limite est du camp, le long du chemin de Sainte Marthe du SGAP (Secrétariat Général pour l’Administration de la Police) et plus loin des usines Ricard dont le tout-à-l’égout, appelé le “canal Ricard”, traversait en grande partie le camp à ciel ouvert, charriant de l’eau non traitée et malodorante, ce qui contribuait à transmettre la leishmaniose aux chiens du chenil, sans parler de la propagation des moustiques. En 1962, à la fin de la guerre d’Algérie, la mission de transit du personnel a progressivement disparu. Le camp réunit des organismes œuvrant pour le bénéfice de la région. À l’entrée du camp, séparant les deux axes principaux “ascendant et descendant”, une place avec le mât des couleurs derrière lequel se trouve un bâtiment qui a servi de PC au fil du temps pour un élément de la gendarmerie nationale, de GT 524 à GRET 809 (Groupe de Transport à Groupe d’Exploitation Régional des Transmissions) en passant par le DTIM Sud (Détachement Technique d’Inspection du Matériel de la 5e Région Militaire) et enfin au commandant des armes du camp dépendant du 53e GD (Groupe Divisionnaire) ayant son PC aux casernes d’Audeoud.
En 1979, le 53e GD, gardien du drapeau du 72e RIMa., prend le camp en compte et y installe la 2e CST (Compagnie de Soutien et de Transport). Un élément du 505e RT (Régiment du Train) à Vienne assure le transport dans la zone sud et est logé dans des bâtiments près de la limite sud-ouest. Sur la gauche de cette photo, on peut voir le matte de couleur du 505 avec ses bâtiments de troupe. En face, au rez-de-chaussée, un bâtiment qui a servi de prison pour les Allemands pendant un certain temps. Les murs intérieurs étaient couverts d’inscriptions, de noms, de prénoms, de numéros, de date et lieu de naissance, pour la plupart, date de début de détention et affectations. À l’extrémité nord-est, un détachement du DTIM (District du Transit Interarmées de la Méditerranée qui deviendra plus tard BTIM (B de Base) est également stationné. En 1987-1990, le terme de “commandant des armes” du camp a été remplacé par celui de “détachement”.
Un témoin chargé d’histoires
Une partie du camp a été prêtée à la gendarmerie (escadron 2/22 de gendarmerie mobile des Aygalades) qui était chargée (sans aucun budget) d’entretenir des casernes pouvant accueillir des escadrons en passage, notamment en déplacement en Corse pour des missions de maintien de l’ordre. En réalité (fin des années 70), j’ai utilisé cette prise pour des exercices d’instruction en maintien de l’ordre, y compris avec l’utilisation de véhicules blindés à roues de la gendarmerie (VBRG) qui percutaient des barricades construites avec des matériaux “trouvés sur place”. Cela signifie que ces bâtiments ont été fortement baptisés de grenades offensives et de grenades lacrymogènes, ce qui n’a pas contribué précisément à leur entretien en bon état.
Un lieu chargé de souvenirs
L’incendie du 28 août 1989 mit fin à son utilisation. En 2003, le SSA a décidé de renforcer l’exercice de la médecine publique au profit des forces et de la communauté militaire avec la création de deux départements d’épidémiologie et de santé publique à Saint-Mandé (près de Paris) et au sein de son institut de médecine tropicale à Marseille. En 2011, il a été décidé de fusionner ces 2 départements et de créer le CESPA. La création du Centre d’épidémiologie et de santé publique des armées (CESPA) sur le camp de Sainte-Marthe à Marseille a été décidée en 2012 et son inauguration a eu lieu le 9 octobre 2014, à cette occasion le bâtiment abritant le CESPA a été nommé en l’honneur du médecin chef Claude Gateff. Le CESPA est chargé de mettre en œuvre la politique du service de santé des armées en matière d’épidémiologie, de surveillance sanitaire et de santé publique. Les missions du CESPA couvrent donc l’ensemble du domaine de la pratique de l’épidémiologie et de la mise en œuvre de programmes de santé publique appliqués à la communauté militaire. Il les met en œuvre en collaboration avec tous les établissements du SSA auxquels il apporte son expertise technique. Plus en détail, il est notamment chargé de collecter et d’analyser les informations concernant la santé des soldats sur le territoire national et dans les théâtres des opérations extérieures (OPEX) telles que l’épidémie récente de diarrhée lors de l’opération Serval, l’épidémie de paludisme lors de l’opération Sangaris, etc. Il est chargé d’identifier les risques sanitaires potentiels pour les forces, même avant leurs déploiements opérationnels, et de leur fournir ces données analysées sous forme de bases de données. Quant à la fonction de transit du camp, elle a disparu notamment avec la dissolution en 2015 du District du Transit Interarmées Méditerranée (DTIM).
Pour conclure, voici un témoignage reçu sur cette feuille par “PM” : “Une partie du camp a été prêtée à la gendarmerie (escadron 2/22 de gendarmerie mobile des Aygalades) qui était chargée (sans aucun budget) d’entretenir des casernes pouvant accueillir des escadrons en passage, notamment en déplacement en Corse pour des missions de maintien de l’ordre. En réalité (fin des années 70), j’ai utilisé cette prise pour des exercices d’instruction en maintien de l’ordre, y compris avec l’utilisation de véhicules blindés à roues de la gendarmerie (VBRG) qui percutaient des barricades construites avec des matériaux “trouvés sur place”. Cela signifie que ces bâtiments ont été fortement baptisés de grenades offensives et de grenades lacrymogènes, ce qui n’a pas contribué précisément à leur entretien en bon état.